La vie de chroniqueur amateur pour modeste webzine est la plupart du temps synonyme de joies (voir arriver un album qu’on attend impatiemment 1 voire 2 mois avant sa sortie dans sa boîte mail par exemple) mais aussi parfois (rarement heureusement) de petites contrariétés face à certaines déconvenues et pratiques promotionnelles assez étranges voire incompréhensibles de la part de certains labels. Dernier exemple en date avec Epitaph, manifestement des génies de la promotion, contactés pour la sortie du nouveau Quicksand et qui m’ont d’abord indiqué par la voix de leur Attachée de Presse (que je remercie d’avoir fait l’intermédiaire) 2 semaines avant la sortie de l’album qu’ils allaient me donner accès à l’album en vue de la chronique avant de finalement me dire (après relance) qu’ils me donneraient accès la semaine du 9 août soit la semaine de sortie de l’album. Déjà une idée absolument géniale en pleine période de vacances il faut bien le dire, sachant qu’au final je n’ai tout simplement jamais rien reçu. J’ai donc découvert l’album comme tout le monde le 13 août, date de la sortie de l’album dans sa version digitale (la version physique -cd et vinyle- paraissant le 24 septembre) d’où cette chronique un poil plus tardive que ce que j’aurais souhaité, surtout pour une sortie de cette importance (on parle de Quicksand merde).
Il serait bien sûr ridicule d’en tenir rigueur aux américains hébergés donc chez Epitaph, d’autant plus que, vous l’aurez déjà compris, l’album est largement à la hauteur de nos attentes après un premier album post-reformation qui était déjà absolument excellent (Interiors). Pourtant pour être honnête, les deux-trois premières écoutes m’ont laissé un peu dubitatif pour une raison que je m’explique difficilement aujourd’hui. Car malgré cette déception initiale, l’album est revenu régulièrement dans mes écouteurs, pour se retrouver très rapidement et tout simplement en heavy rotation.
Car la pochette a beau être franchement étrange, et même disons-le clairement mochissime (on préférait largement la pochette d’Interiors) on se rend en effet rapidement compte que la capacité du groupe à pondre des titres irrésistibles est par contre absolument intacte. Je dirais même que le songwriting du groupe est plus affûté encore que sur le cru 2017 avec des morceaux très compacts : en moyenne 3 minutes/3 minutes 30, avec même plusieurs titres bien en-dessous des 3 minutes. On va donc à l’essentiel chez les américains en 2021 et on se rapproche finalement en cela davantage de Slip que de Interiors. Et l’album d’enchaîner tranquillement les tubes, dans le plus pur esprit Quicksand sur la majorité des titres, mais avec aussi ce qui saute aux oreilles dès la première écoute, cette surprise « Brushed », superbe ballade acoustico-électrique qui rappelle le meilleur de VAST (période Music for People voire après), et qui est juste une insolente et magistrale réussite. N’allons pas pour autant imaginer que le trio se soit assagi, car c’est à côté de ce titre une très franche fête du riff et du refrain qui tue. Dès « Inversion » d’ailleurs, et jusqu’à « Rodan », écoutez donc les ogives « Missile Command », « Katakana », le fantastique « The Philosopher » ou le plus léger mais tout aussi fameux « Lightning Field » s’il faut vous convaincre. Le groupe sait aussi ralentir le tempo pour faire dans le plus lourd avec le très bon « Colossus » (sur lequel la basse de Sergio Vega par ailleurs remarquablement audible sur tout l’album, fait particulièrement merveille).
Evidemment ce qui fait la force de Quicksand, en dehors d’une section rythmique irréprochable qui n’oublie personne dans le mix (la basse étant on l’a dit remarquablement audible et précieuse) et de riffs en béton, c’est aussi la signature vocale bien caractéristique de Walter Schreifels (même si on pourrait percevoir une légère ressemblance avec la voix du sieur Sourice des ex Thugs et de LANE en un peu plus grave) qui fait une fois encore merveille. On en viendrait même à penser qu’il n’a jamais aussi bien chanté que sur cet album (« Brushed » encore). Voilà aussi pourquoi les années passant j’en viens pour ma part (nouvel album à l’appui) à préférer finalement la période post-reformation de Quicksand à la précédente (de la même façon que, même si cela peut choquer, j’assume clairement de préférer le Alice in Chains nouveau à l’ancien).
Qu’ajouter à tout ça? Quicksand est un groupe fantastique et Distant Populations est simplement une nouvelle démonstration du talent des américains s’il en fallait une. Evidemment l’album figurera en bonne place dans mon top annuel et j’espère le voir dans beaucoup de listes de fin d’année!
Tracklist :
01 – Inversion
02 – Lightning Field
03 – Colossus
04 – Brushed
05 – Katakana
06 – Missile Command
07 – Phase 90
08 – The Philosopher
09 – Compacted Reality
10 – EMDR
11 – Rodan