Biffy Clyro – The Myth of the Happily Ever After

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Style: RockAnnee de sortie: 2021Label: Warner Records

A Celebration of Endings, s’il relevait la barre après un Ellipsis foireux (de loin le pire album des écossais en espérant que cela reste ainsi pour longtemps) abstraction faite de la parenthèse d’ailleurs très enthousiasmante de l’excellente BO de Balance not Symmetry, montrait également un Biffy désireux de donner une dimension plus ambitieuse à sa musique, en recourant notamment à une orchestration se voulant sophistiquée mais qui s’avérait au final surtout bien boursouflée. La sophistication c’est bien, mais le rock c’est mieux, et Biffy est définitivement bien meilleur quand il reste rock sans tenter de trop en faire, comme l’illustrait à merveille la purge absolue « Space », balade mièvre au possible dégoulinante de guimauve symphonico mes couilles insupportable, idem pour les violons moisis de « Opaque ». L’album contenait également d’autres titres plus anecdotiques que réellement offensants, mais aussi heureusement des bons titres à retenir dans la perspective d’un best-of futur (best-of qui devra impérativement être bien garni pour être complet vu le nombre de pépites écrites par le trio depuis plus de 25 ans) à l’image de « Tiny Indoor Fireworks », titre typiquement biffy clyresque, infectieux au possible notamment avec son refrain irrésistible, ou « End Of », titre bien musclé et également assez imparable.

On était tout de même bien loin du grand album et surtout on voulait vraiment que les écossais arrêtent vraiment ces conneries de pseudo sophistication et d’orchestration ampoulée, pour simplement recommencer à faire ce qu’ils savent faire, même si « Cop Syrup » pouvait presque laisser penser que l’équilibre entre muscles et légère expérimentation était possible, avec les cris de Simon aussi rageurs que ceux des premiers albums du groupe, qui se mêlaient à un break porté par un synthé qui fleurait bon les années 70, le tout fonctionnant au final plutôt pas si mal.

Alors est-ce le fait que ce nouvel album fut cette fois enregistré à la maison, au lieu de voir le groupe essayer de péter plus haut que son cul à Los Angeles comme avec ce fut le cas avec A Celebration of Endings ? Peut-être… Sûrement… En tout cas on se félicitera de voir que Simon et ses acolytes ont finalement mis à profit la période de COVID et les confinements pour retrouver le cap, leur énergie (est-ce la participation de Simon au dernier album d’Architects qui leur a redonné envie de balancer du gros riff ou la très bonne reprise du « Holier than Thou » de Metallica qu’on retrouve sur The Blacklist ?) et une simplicité salutaire car The Myth of the Happily Ever After marque clairement le retour du Biffy que l’on aime et qui sait se faire accrocheur tout en étant puissant et bien rock, évitant cette fois heureusement de se vautrer et d’en faire beaucoup trop inutilement. C’est en particulier un festival du Biffy que l’on adore entre l’irrésistible « A Hunger in your Haunt », « Denier » et « Separate Missions », les trois premiers titres de la galette qui suivent l’introductif (et réussi) « DumDum ». Mais un retour du saint riff sur de nombreux titres (jusqu’à ce final délirant et bien agressif « Slurpy Slurpy Sleep Sleep ») ne veut pas dire que les écossais ne font plus de balades, balades qu’ils maîtrisent et pratiquent depuis bien longtemps maintenant. On serait d’ailleurs bien mal placés de leur reprocher tant ils ont souvent été capables de pondre de petites merveilles de sensibilité et d’écriture (« Many of Horrors », « God & Satan » ou encore plus récemment « Fever Dream » ou « Color Wheel » pour ne donner que quelques exemples). Et heureusement on retrouve ici ce sens de l’épure et ce côté malin qui les caractérisaient avant l’horreur « Space » déjà évoquée. Ils proposent ainsi des montées en puissance qui boostent des morceaux qui démarrent souvent calmement, et qui pourraient sembler un peu justes qualitativement sans ce revirement (« Holy Water » est un bon exemple, qui prend une tonalité plus sombre et plus lourde sur le 3ème tiers du titre avant de se conclure tous riffs dehors).

Et puis Biffy reste tout de même ambitieux, tout en conservant son côté rock et efficace. Ce « Unknown Male 01 » et ses 6min08 sont probablement le meilleur exemple (et l’un des tous meilleurs morceaux du disque) de la capacité du groupe à savoir proposer du rock mainstream avec des progressions et des rebonds justement presque… progressifs. Et aussi des putains de bons riffs! Un peu avant sur l’album, les cuivres malins sur « Witch’s Cup » montrent que le groupe n’a pas abandonné ses velléités de sophistication dans les arrangements, en trouvant cette fois et contrairement au précédent album le juste ton : c’est-à-dire en ne glissant pas dans le « too much » en convoquant la totalité de l’orchestre symphonique qui reste sur l’estomac. Et ça change tout. Une batterie, une basse et une guitare, et juste quelques arrangements discrets, des boucles de synthé pour la petite touche synthétique et moderne, et c’est pratiquement tout ce qu’il faut pour que ça marche.

En un peu moins de 50 minutes Biffy Clyro signe un retour gagnant proposant cette fois un excellent album de rock, varié, puissant, touchant, à l’image des meilleurs albums du groupe qu’il semble enfin approcher à nouveau. On pourra certes chipoter un peu et trouver que quelques morceaux sont un peu en-dessous du niveau des autres comme « Existed » ou « Haru Urara » mais ils ne suffiront pas cette fois à nous faire bouder notre plaisir tant le reste est réussi. Bravo les gars et merci!

Tracklist :
01 – DumDum
02 – A Hunger in Your Haunt
03 – Denier
04 – Separate Missions
05 – Witch’s Cup
06 – Holy Water
07 – Errors in the History of God
08 – Haru Urara
09 – Unknown Male 01
10 – Existed
11 – Slurpy Slurpy Sleep Sleep

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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