Voici deux sorties récentes (datant de mi-juin pour Mirar, début juillet pour Maudissez), deux formations ayant plusieurs points communs, d’où cette double chronique. Il y a tout d’abord leur origine: française (même si Mirar contient un norvégien en ses rangs) mais surtout leur faculté à donner de grosses sueurs froides sonores en jouant avec les nerfs de l’auditeur.
Maudissez – S/T (Sentient Ruin Laboratories)
Maudissez, c’est d’abord une nouvelle abomination sonore dénichée par les laboratoires de Sentient Ruin (encore une !). Le label d’Oakland est allé cette fois farfouiller dans une crypte bien de chez nous où a l’habitude de se produire cette mystérieuse entité. Projet solo ? Groupe ? Aucune info n’a fuité si ce n’est que ce premier album est sorti une première fois en 2023 et qu’il aurait été intégralement enregistré dans une église. Maudissez produit donc une mixture de sludge/doom poisseux couplé a des vocaux déments a la lisière du black et du death metal . On pense pas mal à Dragged Into Sunlight ou encore à Hell par cette faculté à nous accabler de lourdeur extrême, de crasse mais sans pour autant négliger la vitesse.
Et l’horreur dans tout ça ? Et bien elle est distillée avec savoir-faire, faisant basculer le titre d’ouverture « Fracture Par Fracture » vers le malaise le plus oppressant à mi-chemin, ce grâce à une descente disharmonique faisant penser au gimmick du youtubeur Feldup quand il parle des trucs les plus glauques (si vous voyez ce dont je veux parler), on est comme en chute libre vers l’abysse la plus profonde et le malaise le plus désagréable. Un malaise qui se poursuit avec le second titre où l’on perçoit tout du long des propos d’une femme, tout brouillés mais s’éclaircissant peu a peu jusqu’à devenir compréhensibles a la fin. Entretemps, on aura eu le temps de frémir entre coups de boutoir radicaux et bidouillages sonores terrifiants. Moins d’effets annexes pour les deux derniers titres mais un maintien du climat du côté du délétère, donc des sueurs froides pouvant se poursuivre. Mais si n’en aviez pas eu assez, allons donc du côté de Mirar…
Mirar – Mare (autoproduction)
C’est dans un style singulier et très différent de Maudissez que Mirar nous entraine. Le duo reprend a sa sauce le thall de Vildhjarta (ou djent extrême si vous voulez) tout en l’enrobant d’un univers étrange, avec des breaks (ou glitchs expérimentaux) de partout, du piano et quelques passages orchestraux. Les vocaux, parfois épars, auraient pu la jouer deathcore basique mais ceux-ci varient du coté du très torturé, voire irritants. Mais c’est surtout la conclusion de cet EP, la bien nommée « Cauchemar » qui nous fait basculer dans la folie furieuse.
Un « mindfuck » dément ou l’on se sent comme aux prises d’un psychopathe en pleine crise, insaisissable et surtout très dangereux. Pas loin d’un Methwitch pour le climat nauséeux comme issu d’un film dérangeant, Mirar en repousse les limites en nous vrillant les conduits auditifs (avec des cris juste inhumains, passant du growl aux stridences en un éclair) et des riffs énormes à la froideur clinique. Juste pour cette conclusion se terminant par un piano loin d’être rassurant (mais aussi pour le reste, maniant son malaise dans un esprit cinématographique étrange), Mare vaut vraiment le détour !