Cela fait quelques années que ce groupe originaire de Salem fait parler de lui (des EPs, puis des splits, notamment avec Thou ou Mizmor, des membres de ces derniers étant d’ailleurs musiciens de session). Sa provenance tout comme son nom annoncent la couleur, Hell est infernal, Hell fait peur. Pour son premier full-length, le diablotin aux manettes (car oui, c’est le one-man band d’un mystérieux gaillard répondant aux initiales M.S.W.) ne déroge pas à la règle, coulant un béton armé putréfié dans nos conduits auditifs…
« Helmzmen » et ses presque dix minutes ouvrent ce bal maudit de manière forcément lente et oppressante. De la batterie à la basse plutôt mise en avant, l’atmosphère est d’emblée étouffante, d’autant plus que la prod est volontairement sale et inquiétante (surtout qu’il nous a collé l’appel de détresse du Northern Belle, coulé dans le Golfe d’Alaska en 2010, en guise d’intro). Au dessus de ce magma de ferraille crasseuse, l’ami M.S.W. nous offre un panel vocal monstrueux, déformé, fait de stridences et de râles saturés. Une première partie telle une lente agonie qui va ensuite muter vers quelque chose de plus mélodique grâce à un riff tourné en boucle mais tellement prenant. Cette progression hypnotique prend soudain de la vitesse du côté du black metal avant de nouveau ralentir dans un doom poisseux. Fabuleuse ouverture.
Une pesanteur que l’on retrouve sur les titres suivants. « SubOdin » est de ces titres rampants, installant un climat bien délétère mutant peu à peu en vortex opaque dans lequel on se fait aspirer malgré nous. Un univers cauchemardesque sensiblement dans l’esprit de Leviathan (avec ce style de vocaux distordus et possédés). Chaque titre passant, le malaise est conservé dans cette ambiance de désolation, cependant M.S.W. renouvelle à chaque fois sa manière de la mettre en musique: avec un feeling plus rock’n roll (avec solo de rigueur) pendant « Machitikos », du sludge au groove bien grassouillet pendant « Wandering Soul » (qui ne possède pas de « chant » mais des espèces de samples vocaux n’ayant plus grand chose d’humain) ou encore les douze minutes de « Victus », fascinant titre où l’on reste bloqué au milieu d’un nuage nauséabond.
Condensant les éléments trouvés dans la trilogie sortie précédemment, cet album est une expérience vraiment éprouvante. De distorsions en vocaux terrifiants, Hell n’a jamais aussi bien porté son nom, nous faisant profiter d’un mélange de douleur et de glauquitude unique. Alors, serez-vous assez téméraire pour vous frotter à l’enfer ?
- Helmzmen
- SubOdin
- Machitikos
- Wandering Soul
- Inscriptus
- Victus
- Seelenos