Toboggan – ! E Brutal !

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Style: post rock / noiseAnnee de sortie: 2008Label: Saïko Records

Après quatre années de silence, Toboggan est de retour sur nos platines avec son troisième album. Le combo lausannois aura pris son temps pour lâcher ses dix nouveaux titres, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente aura été payante. Fraîchement signé chez Saïko Records (Underschool Element, Brazen, Chapter, Brutus…), le trio nous revient en effet en grande forme et nous propose un album qui se savoure du début à la fin, sans aucune modération.
Le groupe, qui a débuté dans un registre post-rock pur et dur, n’a cessé de faire évoluer sa musique au fil de ses albums. Le chant, qui était quasiment inexistant sur Picket fences et restait très discret sur Still gleams on hummocks, devient à présent un élément à part entière dans l’univers musical du groupe, et ponctue la moitié des titres présents sur cette nouvelle galette. La voix de Valerie (guitare/chant) permet ainsi de renforcer cette sensation de mélancolie et de tristesse qui se dégage de ces nouvelles compositions, principalement grâce à son timbre de voix à la fois inquiétant et fragile, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Kim Gordon (Sonic Youth).
Sur le plan musical, Toboggan propose une mixture qui oscille entre Sonic Youth, Tortoise, Come, ou encore Shellac, et qui se rapproche grandement de ce que font leurs compatriotes de Honey For Petzi. A la fois simple et complexe, la musique du trio se dévoile au fil des écoutes, révélant petit à petit toutes ses subtilités. Ce qui est intéressant, c’est que même s’il faudra un certain temps à l’auditeur pour apprécier cet album à sa juste valeur, l’album en question n’est pas spécialement difficile d’accès. On peut même dire que si vous n’accrochez pas dès les premières écoutes, il y a très peu de chances pour que le déclic se fasse par la suite.
Des titres tels que Mission, Clear day, ou encore The office retiendront directement votre attention, alors que d’autres, comme It’s about waiting, Stare, Ghostly, ou encore les excellents Fire walk with me et We were so unsatisfied mettront plus de temps à s’imprimer dans vos conduits auditifs. Décrite comme un soupir perpétuel par le groupe lui-même, la musique du combo mélange à merveille le côté planant et chaleureux du post-rock à la froideur de la noise et aux cassures rythmiques du math-rock.
La section rythmique est d’ailleurs un des éléments clé dans les compositions du groupe, car le jeu de batterie aérien et épuré de Jérémie se marie à merveille avec les lignes de basse atypiques de Maude (Favez). La bassiste utilise en effet une basse classique, mais aussi une guitare-baryton qui lui permet d’explorer des sonorités plus inhabituelles. La bassiste s’occupe aussi des claviers, qui parsèment les compositions ça et là, ainsi que du fameux orgue Elka, qui offre un rendu très vintage, très proche du Krautrock. Le jeu de guitare n’en reste pas pour le moins inspiré et propose un grand nombre d’arpèges et autres pickings très bien pensés, tantôt mélodiques, tantôt dissonants et plus angoissants. En optant pour des titres au format généralement court (entre trois et cinq minutes), le trio évite de s’embourber dans les plans à rallonge et va droit au but. Les morceaux ont beau tous être un assemblage de différents plans, similaires à un puzzle, à aucun moment on a cette sensation de lassitude ou cette envie de zapper la fin d’un titre. Les quarante minutes qui composent ce nouvel album passent à la vitesse Grand V, et alternent parfaitement les diverses atmosphères et émotions qui émanent de ces nouveaux titres.
En prenant la décision d’aller enregistrer au Planet Roc à Berlin avec TVO (Impure Wilhelmina, Houston Swing Engine, Knut, Time To Burn…), le groupe semble avoir trouvé l’endroit idéal pour mettre en boîte ses nouvelles compositions. Le vaste studio, qui est plutôt habitué à recevoir des orchestres symphoniques, permet en effet aux nouveaux titres de prendre une dimension encore plus hypnotisante et envoûtante, à la limite du live, pour un rendu tout simplement époustouflant. Afin de profiter pleinement de cet album, je vous conseille d’ailleurs d’opter pour une écoute au casque, car c’est vraiment dans ces conditions-là que l’on ressent toute la puissance et l’ampleur de ces dix titres.
Avec ! Brutal, le trio lausannois fait un retour fracassant et nous balance clairement son album le plus abouti. Non pas que les deux précédents opus étaient mauvais (loin de là), mais avec ce petit dernier, on sent vraiment que le groupe n’a pas eu peur d’amener ses compositions là où il le désirait, ce qui a pour avantage d’apporter cette profondeur qui manquait par moments sur les précédents albums. Une expérience intense et enivrante que je ne saurai trop vous recommander !

  1. play, play
  2. mission
  3. fields
  4. clear day
  5. it’s about waiting
  6. stare
  7. fire walk with me
  8. ghostly
  9. we were so unsatisfied
  10. the office
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