Aussi nommé SVD, le Dragunov est le modèle de fusil de précision adopté par les snipers soviétiques dès 1963 (et toujours en fonction dans de nombreux pays). L’Histoire de l’URSS qui est donc l’inspiration principale du duo parisien Dragunov, apparaissant affublés d’uniformes et de masques à gaz sur la cover de Korolev (nom du fondateur du programme spatial russe), leur premier album (tout comme sur celle de leur EP, intitulé 637, sorti il y a deux ans). Du post-metal cours d’histoire en gros…
L’album s’ouvre sur « 46°34′N 141°17′E » nous plongeant dans un post-metal instrumental du genre glacial et clinique. Les séquences se succèdent idéalement tout en conservant un côté hypnotique. Une entrée en matière conclue par un enregistrement d’une voix féminine très brouillée mais qu’on imagine aisément authentique de l’époque soviétique. Cette voix déborde ensuite sur « Kosmonavt », débutant par des notes cristallines, peu à peu recouvertes par des riffs plus lourds toujours sur cette même mélodie. La voix se tait, laissant place à des envolées de notes juste renversantes. En l’espace de deux titres, le duo marque déjà les esprits et fait naître dans l’esprit de l’auditeur des paysages tantôt de désolation recouverts de neige (un petit tour en Sibérie ?) pendant les moments calmes, tantôt des phases de guerre sur les passages les plus tendus.
Une vision guerrière faisant totalement partie du décor sonore de l’incroyable « Karsny Marsh » par son inquiétante intro dont le bruit des bottes donne le tempo. Dragunov sonne ici plus martial que jamais, notamment sur son final haché. Un nouvel enregistrement vocal (masculin cette fois, semblant provenir d’un talkie-walkie) introduit ensuite « Belka i Strelka », l’atmosphère de cette intro prend une fois de plus des atours très inquiétants par son côté rampant avant de muter vers du plus rythmé, énervé même pourrait-on dire, toujours mêlé à cette atmosphère ambivalente particulièrement prenante. Un petit mot sur la conclusion « 24IV67 », ambient perturbé par d’imperceptibles grésillements de voix, nous laissant revenir sur la terre ferme, un peu hagard.
Dragunov parvient à renouveler avec succès le post-metal, de part son concept (même si l’espace inspire de bien nombreux groupes, Verdun par exemple) comme de part son atmosphère, tantôt apaisée, tantôt plus houleuse, toujours captivante. Recommandé aux amateurs de Triptykon, Russian Circles, Pelican ou encore Abysse (dont on retrouve le batteur à la guitare chez Dragunov). Une excellente découverte.
- 46°34′N 141°17′E
- Kosmonavt
- Semïorka
- Karsny Marsh
- Belka i Strelka
- 24IV67