Nesseria – Cette érosion de nous-mêmes

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Style: post blackened hardcoreAnnee de sortie: 2017Label: Throatruiner Records/Deadlight Entertainment/Itawak Records/Possessed To Tape/Swarm Of NailsProducteur: Neb Xort

2017 est une année charnière pour Nesseria, le groupe orléanais actif depuis 2003 a récemment bouleversé son line-up en accueillant en ses rangs un nouveau vocaliste. Un changement d’effectif qui aura une énorme répercussion dans Cette érosion de nous-mêmes, leur troisième album long-format qui creuse un fossé de taille avec les albums précédents…

Sorti il y a (déjà !) trois ans, Fractures marquait déjà la tendance un brin plus mélodique entreprise par Nesseria. Sur ce nouvel album, cette tendance est d’autant plus affirmée qu’elle se glisse vers des inspirations post-rock, shoegaze voire emo. Oui vous avez bien lu ! Nesseria, ce groupe véhément mixant chaos et extrême jusqu’alors se retrouve désormais avec les étiquettes « post-rock » et « emo ». Un nouveau visage ayant de quoi bien déstabiliser les amateurs de longue date mais qui fonctionne pour qui apprécie le hardcore quand il se montre sensible…

…mais toujours énervé ! Certes il y a des nouveautés mais le groupe conserve son côté douloureux. Dès « On prendra l’habitude », on se retrouve pris dans un étau entre les vocaux acérés (carrément screamo) du nouveau venu et la rythmique black metal mutant soudain dans des contrées post-rock très émotionnelles. Une optique que l’on retrouve ensuite dans le fabuleux « La chasse aux écureuils » mélangeant émotions à fleur de peau (écorchée, la peau) et violence exacerbée. Une description semblant correspondre à ce que produisait Nesseria auparavant mais en fait non, le groupe ne l’exprime plus de la même manière.

L’ambiance n’est désormais plus du tout poisseuse et oppressante comme Nesseria aimait nous y emprisonner auparavant. Même si certains titres ont conservé leur aura extrême (« Forteresse » ou bien « Dans l’ombre et sans visage », deux exemples dévastateurs aux forts relents black metal), Nesseria s’inscrit désormais dans une mouvance proche d’un Deafheaven (les intenses tremolos de « St Petersburg »), de The Tidal Sleep (« Les ruines » avec son entêtante guitare planante me rappelant un peu celle de « Thrive & Wither ») et nous gratifie même de nouvelles inspirations encore plus surprenantes comme pendant « A l’usure », titre minimaliste faisant jouter guitare folk, guitare électrique planante et la voix à la limite de la rupture. Bref, les orléanais déploient une fois de plus une très large palette d’émotions mais ce ne sont définitivement plus les mêmes.

Cette érosion de nous-mêmes est un équilibre parfait entre frustration et tristesse, des sentiments aux antipodes du malaise irrespirable dont étaient dotés les précédents méfaits du groupe. Plus aérien et atmosphérique, plus actuel en somme, ce nouvel album est une impressionnante évolution pour Nesseria. Une prise de risque sacrément burnée (étant donné l’énorme révolution sonique du groupe) qui se révèle être une vraie réussite. Certes, un temps d’adaptation est nécessaire mais une fois que c’est fait, l’érosion fait son effet, on s’effondre avec eux puis on s’incline.

  1. On prendra l’habitude
  2. La chasse aux écureuils
  3. Les ruines
  4. A l’usure
  5. St Petersburg
  6. Forteresse
  7. Pris à la gorge
  8. Dans l’ombre et sans visage
  9. Cette érosion de nous-mêmes

Bandcamp

beunz
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