Foxing est de ces groupes qui adorent brouiller les pistes, expérimentant, soufflant le chaud et le froid depuis ses débuts (en 2011). Ce groupe de St.Louis (Missouri) se joue de l’indie rock en allant dans des contrées peu évidentes, emo, voire screamo, blindées de passages noise/expérimentaux tout en distillant une dimension dramatique.
Pour son cinquième album, Foxing se réinvente donc encore une fois et dégage toujours cette vibe étrange mais si séduisante. Dès l’entame « Secret History », on est dans un écrin de fragilité avec cette onde minimaliste sur fond de chant tout doux du vocaliste Connor Murphy… puis tout explose dans un fracas inattendu avant de finir par alterner ces phases déchainées avec ces mélodies poignantes. Dès cette intro, l’ambiguïté de la musique de Foxing irradie déjà, et ce n’est alors là que le début !
Car l’incroyable « Hell 99 » prend la suite, personnalisant toute l’euphorie que peut dégager le groupe entre ses passages criés et son chorus ultra entêtant. Bien sûr, on prendra soin à nouveau de caler quelques écarts comme ces sons electro/noise biscornus au milieu et un final planant plein de réverb. Et on pourrait en faire une telle description pour les titres suivants puisqu’aucun ne sonne comme le précédent. On passe ainsi d’une espèce de pop à voix montant très haut (avec un chanteur impressionnant de justesse) sur « Spit » à une sorte de post-rock surmonté d’un synthé et de voix touchante, qui ira plus tard vers un jeu sur les textures expérimentales (« Greyhound »). Un mélange de genres qui hypnotise ou qui en fait trop ?
Eh bien, il y a de quoi se perdre un peu des titres comme « Barking » qui évoque un Phoenix mixé à The Killers, l’étrange « Looks Like Nothing » qui démarre tel une pop embrumée avant d’y aller lui aussi avec une grosse déflagration ou encore l’electro-pop plus lumineuse « Gratitude ». Foxing nous sert d’étonnants contrastes avant de terminer cet album entre la folie d’un « Dead Internet » et une fin d’album plus apaisée avec un ténébreux « Hell of Frozen Heads » et la ballade au piano « Cry Baby ».
Que dire de plus sinon que le voyage avec Foxing est plus que mouvementé ! Plutôt délicat à s’écouter d’une traite, ce nouvel album flamboyant se joue donc des codes, explore autant dans l’émotivité introspective que dans l’agression la plus primaire tout en s’amusant à bidouiller les sons. On se retrouve là quelque part entre MeWithoutYou, The Armed période Only Love, Three Trapped Tigers quand les synthés sont là, ou encore The World Is A Beautiful Place And I’m No Longer Afraid To Die, soit un album à part qui devrait marquer l’année des personnes appréciant les manèges à sensations fortes.
- Secret History
- Hell 99
- Spit
- Greyhound
- Cleaning
- Barking
- Kentucky McDonald’s
- Looks Like Nothing
- Gratitude
- Dead Cat
- Dead Internet
- Hall Of Frozen Heads
- Cry Baby
Je suis fan de Nearer My God, et le changement est radical sur ce nouvel album, avec notamment le monumental « Hell 99 ». J’aime un peu moins pour le moment les passages atmosphériques parfois un peu longuets, mais ça va peut-être venir!