Très prolifique depuis son lancement en 2012, Mizmor est le projet solo d’un certain A.L.N (que vous avez peut-être aperçu à la batterie sur les lives de Hell), ayant sorti trois véritables albums avant ce Prosaic (à côté de nombreux EPs, compilations et des collaborations en compagnie de Thou ou Emma Ruth Rundle entre autres). Composé de quatre titres fleuves (durant entre huit et quatorze minutes), ce nouvel album propose une combinaison personnelle de black metal et de doom/sludge.
Sonnant comme un Thou qui aurait des envies « cascadiennes » (pour résumer grossièrement), Prosaic nous entraine dans une dualité de rythmiques, tantôt exaltées sous la saturation dès l’intro de « Only An Expanse » avant de s’enliser dans la boue et de laisser la lourdeur extrême venir nous y bloquer… avant de mieux repartir. Une dualité rythmique dans la noirceur qui n’est heureusement pas une simple juxtaposition, A.L.N manie à merveille les structures, nous collant dans une sensation de désolation raw et d’oppression (le début de « No Place To Arrive », sludge aussi pesant que grésillant) avant que l’environnement de noirceur ne s’éclaire un peu via quelques notes acoustiques (toujours « No Place to Arrive » à six minutes) laissant apparaitre un peu de beauté sous ces couches d’accablement.
Des zones plus émotionnelles qui viennent donc justement un peu « aérer » l’aspect bloc de ces quatre longues litanies, entre répétitions hypnotiques et variations engageantes. Désespoir, douleur et déchirement s’immiscent peu à peu en vous. Prosaic vaut autant pour sa morosité monolithique que par sa versatilité remplie de points d’accroche sous les couches de trémolos dissonants. Une très intéressante nouvelle mouture du blackened doom de Mizmor, mixant pérégrinations forestières et marécages poisseux avec maîtrise.
- Only An Expanse
- No Place To Arrive
- Anything But
- Acceptance