Autrefois cantonné à des sorties black metal originales avec des grands noms du genre tels que Blut Aus Nord, Archgoat, In the Woods… ou encore Arkona (les polonais, pas les russes), Debemur Morti a su diversifier son catalogue et s’ouvrir à des genres moins extrêmes mais toutefois sombres avec une belle exposition du post-metal et assimilés via des groupes comme Latitudes, Terra Tenebrosa ou Dirge. Venant de Poznan en Pologne, Hegemone fait partie de cette seconde catégorie, bien que l’on retrouve pas mal d’éléments de la première sur ce We Disappear.
Quelques secondes de « Mara » suffisent pour nous plonger dans l’univers ultra ténébreux des polonais, quelque part entre Cult Of Luna et Amenra, ce premier titre non linéaire n’apporte pas tellement de surprise mais envoûte complètement. Des surprises, il y en aura sur le titre suivant, « Fracture », qui démarre de manière totalement black metal avant de nous offrir un break atmosphérique à dimension quasi tribale avec un peu de chant clair de type incantatoire, la suite sera davantage post-metal avec une ambiance désespérée complétée par des synthés hypnotiques. « Raising Barrows » suit et une nouvelle fois l’alliance d’atmosphères célestes (façon *Shels) et de violence avec apparition de blasts assassins (en seconde partie de ce morceau) marche totalement et immédiatement. Car oui, les mélodies de ce We Disappear se dessinent assez clairement sans besoin de trop d’efforts.
Il est délicat aujourd’hui de sonner original en s’attaquant à ce style, pourtant malgré un panel d’influences très ouvertes et de multiples réminiscences de groupes ayant façonné le post-metal, Hegemone s’en sort haut la main. Les tempos sont variés, les émotions distillées sont conséquentes, les expérimentations aussi. Comme sur l’impressionnant « Π » où des sonorités electro presque tribales ainsi qu’un break atmosphérique de haute facture viennent contraster le déferlement de violence des polonais.
Curieusement, ce sont deux titres en russe qui concluent cet album. « Хан Тәңірі » qui fait monter en tension une ambiance paisible avant d’exploser dans un surpuissant maelström où la voix se fait des plus menaçantes. Une claque complétée par celle de « Тәңірі », soient quasiment seize minutes où la facette la plus véhémente de Hegemone côtoie la plus mystérieuse avec un break où l’on retrouve ces éléments tribaux, tel un passage chez le chaman du coin.
Hegemone récupère donc des codes usés jusqu’à la corde et parvient à en extraire un post (black) metal immersif et créatif dont l’usage des séquences tantôt lourdes, tantôt plus oniriques rappelle quelque peu The Moth Gatherer, mais en version plus extrême ! Jolie découverte que ce We Disappear, en espérant qu’il n’en suivront pas l’intitulé car le potentiel est bel et bien là !
- Mara
- Fracture
- Raising Barrows
- Π
- Хан Тәңірі
- Тәңірі