Zeal & Ardor – S/T

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Style: Noir Metal Annee de sortie: 2022Label: Wea

Après un premier album hypé, curiosité qui aurait pu avoir tout du feu de paille, Manuel Gagneux a réussi à gagner la reconnaissance en négociant habilement le délicat virage du deuxième album sortant au final un album encore meilleur et plus abouti que le premier.

La pression un peu atténuée alors qu’il s’agit pour lui néanmoins de confirmer cette réussite, c’est sous la forme d’un album éponyme que Gagneux nous revient cette année. Et ce qui frappe relativement rapidement, c’est à quel point Gagneux semble avoir plus que jamais misé sur l’efficacité, quitte peut-être à simplifier un peu sa musique (non qu’elle ait jamais été très complexe) et en misant plus que par le passé, sur des gros riffs bien frontaux.

L’album alterne quand même ces moments tous riffs dehors (« Run », « Death to the Holy », « Erase », « Götterdämmerung » chanté en allemand et qui ferait presque penser à Rammstein si Gagneux n’y adoptait pas un chant plus maléfico-black très différent de celui de Till Lindermann) avec des titres plus mélodiques sur lesquels on retrouve l’aspect gospel de la musique de Z&A (« Golden Liar », « Bow », le plus contrasté « Feed the Machine », « Hold Your Head Low », ou le très bon « Church Burns »).

Corollaire de cette simplification, les structures de titres peuvent donner le sentiment de se ressembler davantage notamment concernant justement les titres les plus rentre-dedans. Mais cette simplification, que l’on peut regretter selon ses préférences par rapport aux différents aspects de la musique du groupe, et le fait de mettre l’accent sur des riffs plus puissants que jamais, confère une efficacité nouvelle à la musique de Manuel Gagneux.

On notera également que les incursions électroniques à la Aphex Twin sont moins présentes que sur le premier album, mais on les retrouve quand même sur « Emersion » sur lequel elles se marient à des guitares, mais aussi et surtout des blasts et des cris. Le résultat se rapproche alors presque de ce que propose un Genghis Tron.

Petite incongruité dans la tracklist, les deux titres placés à la fin apparaissent comme des bizarreries qui trouveraient peut-être davantage leur place en tant que bonus tracks, notamment un « J-M-B » tout de même assez réussi mais étonnant avec son alternance de passages furibards et breaks chills (qui me font presque penser à de la musique hawaïenne) décalés, « A-H-I-L » étant une conclusion électronique plutôt anecdotique. Leur dénomination similaire tendrait à nous faire penser que ces deux morceaux viennent par paire et ont été écrits dans le même esprit par Gagneux, sans qu’ils se ressemblent spécifiquement.

Ce nouvel album laisse au final une impression contrastée. On ne peut s’empêcher dans un premier temps de taper du pied et d’être sous le charme de la musique plus directe du suisse, mais on en vient aussi assez rapidement à remarquer le côté un peu facile voire creux de certains morceaux qui ne reposent justement que sur des gros riffs qui restent certes efficaces mais qui apparaissent finalement assez génériques et classiques dans l’absolu. Et l’on comprend d’ailleurs pourquoi Gagneux fait le choix de proposer des morceaux plutôt brefs car un titre comme « I Caught You » de pourtant à peine plus de 4 minutes, apparaît déjà un peu répétitif tant il est n’est finalement pas très riche et mise tout sur la répétition de son gros riff qui se déploie dans son itération finale de la façon la plus écrasante qui soit.

Dès lors, plus que jamais dans notre société de l’instantanéité, il apparaîtra utile de revenir dans quelques semaines sur cet album pour vérifier si la durée de vie du disque et le plaisir qu’on a à son écoute se maintiennent dans le temps. Il n’en reste pas moins que ce nouvel album est loin d’être raté et que Gagneux y confirme bel et bien son indéniable talent!

Tracklist :
01 – Zeal & Ardor
02 – Run
03 – Death To The Holy
04 – Emersion
05 – Golden Liar
06 – Erase
07 – Bow
08 – Feed The Machine
09 – I Caught You
10 – Church Burns
11 – Götterdämmerung
12 – Hold Your Head Low
13 – J-M-B
14 – A-H-I-L

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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