Innerty – Tabula Rasa
Chronique Death Progressif

Innerty – Tabula Rasa

jonben
jonben
Auteur
8 mars 2012
il y a 13 ans
2 commentaires
314 vues
Année de sortie
2012
Note

Autant commencer par l’évidence, Innerty est un groupe de Grenoble avec à la basse OYC. Chroniqueur ici-même à l’occasion, il a occupé le poste de hurleur dans Nerv, a été à la basse chez The Ocean et est derrière le projet solo Zvoyn. Dans son cas, comme dans celui de ses 3 acolytes,  on n’a pas à […]

Innerty – Tabula Rasa

Autant commencer par l’évidence, Innerty est un groupe de Grenoble avec à la basse OYC. Chroniqueur ici-même à l’occasion, il a occupé le poste de hurleur dans Nerv, a été à la basse chez The Ocean et est derrière le projet solo Zvoyn.
Dans son cas, comme dans celui de ses 3 acolytes,  on n’a pas à faire à un groupes de jeunots débutant avec leurs premières démos mais à un groupe déjà établi avec des membres expérimentés, sa création remontant à plus de 10 ans. Ils auront juste pris leur temps pour peaufiner ce premier album, Tabula Rasa, laisser murir leur musique avant de l’enregistrer et ne rien laisser au hasard quant à la production et à l’artwork.

La musique du groupe s’inscrit naturellement dans les styles de metal que j’affectionne le plus en ce moment, le plus avantureux, celui qui ne lache rien niveau gros son mais lorgne sur les terres de l’expérimental et du jazz. Les growls sont acérés, certaines parties ne lésinent pas sur l’agressivité, la hargne death est bien présente, mais leur musique se permet souvent de la légèreté et de l’inattendu. L’album commence d’ailleurs tout en subtilité, chaque instrument est introduit tour à tour sur une nappe paisible. Les guitares en arpèges légers, puis une batterie jazzy, et finalement la basse fretless.
Après cet intro, on entre dans le coeur du sujet, un death metal progressif, basé sur des rythmiques « math metal » complexes, qui ne tient pas en place et passe d’un riff à l’autre, parfois du coq à l’âne, cassant les rythmes, les tempos, les ambiances, avec parfois quelques parties délirantes mais en gardant une cohésion sonore, ce son distordu, lourd et sec et un ton sombre aux mélodies mineures.

On pense parfois à Gojira dans une version plus complexe, avec la volonté de maintenir un certain groove même dans les rythmiques les plus volontairement bancales, mais la musique d’Innerty se permet toutes les libertés, avec des mélodies étranges dignes d’Intronaut. La basse fretless est un élément marquant, porteur d’une touche de personnalité supplémentaire, de par son placement dans la musique, parfois proéminente, souvent mouvante sur des lignes étendues sur tout son spectre. Les growls se révèlent assez curieux, le placement des paroles – peu compréhensibles- est particulier, on sent que ce ne sont pas des anglophones à la base, le chant est plus une texture qu’un message, et a le bon goût de prendre différentes formes, râles rauques, spoken words d’une voix d’outre-tombe, même des choeurs en fond sur le morceau phare « (Enter The) Void ».

Tabula Rasa est un bel album mais pas forcément des plus digestes. La spécificité comme le  principal défaut de la musique d’Innerty est d’être dans une niche bien particulière, elle est rude au premier abord et pourra sembler monotone à moins d’être comme moi déjà preneur de ce type de rythmiques. Il faut vraiment persévérer pour assimiler la substance de ces compositions à couches et à tiroir.
Une piste à creuser pour l’album suivant peut-être, le morceau « Tabula Rasa« , décomposé en 3 pistes, forme une accalmie bienvenue dans l’album, la première étant une interprétation en son clair des riffs aux rythmiques complexes qui forment le morceau central, et la 3ème étant une interludes posée quasi post-rock, qui amène en douceur au morceau suivant, « Qualophobia » qui repart dans des rythmiques de dingue sur-speedées. A noter qu’un morceau dénote, « Kubark », collaboration avec Igorrr, qui y apporte sa touche électro, en faisant une sorte de remix indus bruitiste.

En écoute sur Bandcamp : http://innerty.bandcamp.com/album/tabula-rasa

01. Abiotic Landscapes
02. Sphenoid
03. Monism Needs A Ro
04. (Enter The) Void
05. Kubark (feat. Igorrr)
06. The Divine Phenomenology Of Cold Fire
07. Tabula Rasa Pt. 1 – Cave
08. Tabula Rasa Pt. 2 – Noesis
09. Tabula Rasa Pt. 3 – Solipsism Of A Dying Man
10. Qualophobia
11. Innate Anamnesis

Artistes / Groupes

Record Label

Genre selon le Chroniqueur

death progressif

Catégories

jonben

jonben

Krakoukass et moi avons fondé Eklektik en 2004, peu après mon installation à Paris, à la suite de la disparition du webzine dont le forum avait été notre terrain d’échanges. Avec des parcours musicaux proches, entre rock et metal, nous partagions le goût de l’ouverture et de la découverte permanente de nouveaux sons. Au fil du temps, mes goûts se sont affinés : je m’intéresse surtout aux groupes et styles des années 90 à aujourd’hui, avec une touche de 70s. J’ai longtemps profité des concerts parisiens et des festivals européens, et j’ai également joué de la guitare plusieurs années au sein d’Abzalon. Mes terrains de prédilection restent le metal/hardcore, le death technique, le sludge/postcore et le rock/metal progressif, avec des escapades régulières du côté du jazz fusion et du funk.

565 articles publiés

2 commentaires

Sammy

il y a 13 ans

Merci pour la découverte, la chanson en écoute est intéressante, je m’en vais écouter ça.

guim

il y a 13 ans

Ce que j’ai écouté tabassait bien comme il faut, les structures sont bien amenées, ça virevolte assez pour rester dans une mécanique fluide et il y a des passages bien ravagés. Certainement un des combos les plus prometteurs de l’Hexagone, il est à mes yeux bien plus intéressant que bon nombre de formations plus connues. A noter que le disque existe aussi en instru et qu’il claque comme pas permis (je le préfère d’ailleurs) c’est une bonne idée. Bref une réussite.

Laisser un commentaire

Minimum 10 caractères. HTML basique autorisé.

* Champs obligatoires

Partager cet article