Très fan de Misha Mansoor à l’époque de ses démos sous le nom Bulb puis des débuts de Periphery, je fais clairement partie des amateurs d’un groupe qui a réussi à s’imposer comme une des références du metal prog, les tournées avec Dream Theater ou Devin Townsend sont là pour en témoigner. Periphery cependant continue à diviser, avec des fans énamourés d’un coté et des détracteurs circonspects, souvent rebutés par leur propension à lorgner vers la pop au niveau vocal.
J’ai personnellement eu du mal avec l’album précédent du groupe (Select Difficulty) après pourtant des années à aduler les premiers albums du groupe. Le double album Juggernaut Alpha/Omega est toujours pour moi leur oeuvre maîtresse mais ce Hail Stan me plait clairement beaucoup plus que le précédent. Il comporte cependant malheureusement encore pas mal d’éléments m’empêchant de le considérer comme un album majeur du groupe.
L’album commence en trombe par un morceau qui se place directement comme un des plus réussis du groupe, un monstre de plus de 16 minutes qui arrive pourtant à tenir en haleine tout du long et explore toute l’étendue des styles abordés par Periphery, du prog mélodique au djent/metalcore polyrythmé. On notera l’apparition de Mikee Goodman de Sikth pour un passage en spoken word dont il a le secret en milieu de morceau. Un titre méritant ô combien l’étiquette « prog ».
Ce morceau aurait pu être le marqueur d’identité de ce Hail Stan, mais ce n’est pas un album concept, le titre de l’album ne rime d’ailleurs pas à grand chose (Satan? le récemment décédé Stan Lee de Marvel?), et il y a peu de cohérence entre les titres suivants. L’album se poursuit en fait avec 2 titres très agressifs, le single « Blood Eagle », très Meshuggah avec quelques touches mélodiques, puis « Church Burner », un des titres les plus chaotiques du groupe, the Dillinger Escape Plan dernière période n’étant pas loin. 2 très bons morceaux qui débouchent sur « Garden in the Bones » beaucoup moins énervé, ce second single est lui aussi un très bon morceau, l’exemple meme de l’appropriation du metal prog sous toutes ses formes par le groupe.
Ça commence donc très bien et à ce niveau de l’album, on peut s’attendre à tout. Un morceau hyper violent, une douceur pop? Ce sera malheureusement « It’s Only Smiles » et ses relents pop/punk qui pour moi n’avait rien à faire là et n’a aucun rapport avec tout ce qui a précédé. Ensuite il y aura « Crush », un titre vaguement indus à la batterie éléctronisée sur lequel on sent bien l’influence (négative) de leur chanteur Spencer Sotelo. 2 morceaux que je zappe direct… Entre temps « Follow the Ghost » redresse la barre sans pourtant réellement bluffer. Quant à « Sentient Glow », c’est une version retravaillée d’un vieux morceau de Misha et Mark sur leur side projet Haunted Shores, et il n’apporte pas grand chose, il lui manque riffs comme refrain marquants. Le dernier morceau par contre, « Satellites » relève clairement la barre niveau qualité, un titre de 10 minutes tout en progressions.
Bref dommage vraiment qu’il y ait cette perte de vitesse en milieu d’album, c’est d’autant plus rageant qu’ils avaient moyen d’explorer d’autres pistes. « Reptile », « Garden in the Bones » et « Satellites » partagent clairement quelques thèmes communs au niveau mélodies comme paroles, ça aurait pu être intéressant de faire quelque chose autour de ça, de créer un album avec une réelle cohérence thématique et stylistique plutôt qu’un fourre-tout. « Garden in the Bones » est un des morceaux les plus réussis de l’album, j’aurais vraiment aimé plus de morceaux dans cette veine. Et si seulement ils pouvaient reconsidérer l’ajout de petites surprises jouissives comme la fin jazz fusion de « Hell Below », c’est ce qui pour moi faisait de Juggernaut autre chose qu’une succession de morceaux tellement différents qu’ils pourraient être de groupes différents.
C’est une semi déception mais tout de meme un bel album qui comme souvent avec eux devient encore plus attachant au fil des écoutes. Periphery bluffe toujours au niveau production, d’une limpidité exemplaire, au niveau des solos de guitares, au niveau vocal aussi. La versatilité de Spencer Sotelo et la progression incroyable de son chant d’album en album son indéniables mais il énervera toujours ses détracteurs sur cet album et je ne suis vraiment pas convaincu par les morceaux qui portent trop sa marque.