Voici donc la nouvelle sensation du label Roadrunner, Periphery, un groupe associé au mouvement « Djent », courant musical qui désigne les groupes qui s’inscrivent dans le prolongement de la démarche de Meshuggah, en proposant une musique faite de polyrythmies, très portée sur la technique et le côté démonstratif, tout en intégrant des mélodies notamment en chant clair. Si je vous parle de chant clair vous aurez peut-être tôt fait de faire le rapprochement avec Textures, et effectivement on peut tout à fait conclure que les bataves sont en quelque sorte les précurseurs de ce nouveau mouvement.
La musique de Periphery est plutôt brutale (plus que chez Textures), très technique, partant dans tous les sens, carburant aux riffs qui en mettent plein la gueule. Les guitares s’offrent heureusement quelques passages aériens dignes de Meshuggah qui plongent dans une ambiance futuriste, technoïde plutôt réussie et qui aident à se sortir un peu des riffs marteau pillons et des polyrythmies qui peuvent taper sur le crâne. Le guitariste prodige Misha Mansoor (qui a produit l’album instrumental de son pote Tosin Abasi sous le nom de Animals as Leaders, sortie dont Jonben vous parlera peut-être un jour…) s’en donne à cœur joie, et il faut reconnaître qu’il sait y faire (et vu la complexité de la musique, on comprend pourquoi il est épaulé par 2 autres guitaristes), mais on le remercie de savoir aussi rendre sa musique accrocheuse et efficace, ne limitant pas l’intérêt de l’album aux amateurs de guitar heroes. On a parlé des passages plus ambiancés, atmosphériques, on a aussi droit à une fin de morceau drum n’bass sur « Light » qui s’enchaîne avec le démarrage électro-acoustique de « All New Materials ». Toutes ces aérations (et d’autres qui clôturent souvent les morceaux, on va pas tout citer ici) sont vraiment bienvenues, car l’album est très dense, du haut de ses 12 morceaux pour 72 minutes… (Par contre le passage parlé façon parodique ou comique de la fin de « Icarus Lives » est à la fois hyper malvenu et vraiment ridicule, on s’en serait bien passé).
Certains morceaux mettent même clairement le hola sur la technique, comme « Jetpacks was Yes ! », très beau titre tout en douceur, qui met en avant la voix du chanteur du groupe. Parlons-en d’ailleurs de cette voix, car elle est certainement le seul élément qui fâche sur un album par ailleurs, extrêmement fouillé et bien fait.
Le registre vocal de Spencer Sotelo est en effet très particulier, et disons-le clairement, pas franchement adapté à la musique du groupe, sauf justement pour les passages très calmes (comme sur « Jetpacks was Yes ! » donc, où il faut reconnaître qu’il fait merveille). Pour les passages brutaux, sa voix death apparaît vite comme très limitée et manquant de puissance, et pour le reste la voix émo style voix de teenager, n’est pas toujours du meilleur effet, pas assez virile pour coller à la musique.
Le groupe a heureusement eu la bonne idée de proposer une version instrumentale de l’album qu’on doit pouvoir trouver en cd bonus de l’édition limitée de l’album.
C’est bien ce chant qui plombe sérieusement mon enthousiasme, et même si certains morceaux échappent au saccage (comme l’excellent et bien brutal « The Walk » ou « Zyglrox » sur lequel on trouve même des blasts) et si la partie instrumentale reste prépondérante sur le disque, il me semble que Periphery aurait vraiment tout à gagner à virer ce chanteur et à s’en trouver un meilleur (Eric Kalsbeek, l’ex chanteur de Textures est peut-être libre d’ailleurs…). En ajoutant la durée excessive de l’album on se retrouve avec un disque qui gâche bêtement son potentiel (tout en restant très correct)… A méditer pour la suite !
- insomnia
- the walk
- letter experiment
- jetpacks was yes
- light
- all new materials
- buttersnips
- icarus lives
- totla mad
- ow my feelings
- zyglrox
- racecar
http://www.youtube.com/watch?v=4qCNAtj7PHQ
La chronique du Animals As Leaders est en route, pour ce qui est du Periphery, je suis beaucoup plus enthousiaste que toi, j’adore ce son, le groove apporté par ces rythmiques, leurs interactions avec des mélodies plutôt pop, un des albums de l’année pour ce qui me concerne. Le chant donc ne me dérange pas du tout même si je constate qu’il pêche un peu niveau chant crié.
Moi je suis à peu près du même avis que Krakou, j’aurais même été encore plus loin… La version instrumentale est la seule selon moi qui est écoutable, et ne casse pas non plus des briques…