Le camarade Beunz avait attiré notre attention à juste titre sur Immortal Bird en 2015, au moment de la sortie de leur premier album Empress/Abscess. Les américains menés par la furieuse Rae Amitay (qui se concentre sur le chant, après avoir démarré dans le groupe au poste de batteuse) ont mis du temps à remettre la machine à composer en route, mais l’attente en valait la peine tant ce Thrive on Neglect confirme les espoirs placés en eux.
Avec une fois encore un artwork assez atypique, on retrouve avec plaisir ce goût pour la violence, le chaos et les dissonances, mais aussi des qualités d’accroche et d’efficacité qui sont plutôt admirables sur une musique par ailleurs aussi extrême et qui les distinguent des groupes chaotiques et chiants qui pullulent. Leur melting pot d’influences est toujours aussi difficile à décrire avec précision, les américains prenant un malin plaisir à brouiller les pistes, mêlant death, black, grind voire mathcore histoire de compliquer la tâche du chroniqueur cherchant à aiguiller ses lecteurs au mieux… Tant pis on parlera de metal extrême et il faudra faire l’effort d’écouter pour mieux cerner l’affaire. Rassurez-vous ce ne sera pas une corvée tant on est une fois encore séduit par l’habileté du groupe à allier avec brio une technique sans faille qui lui permet de tutoyer les plus grands, couplée au chant de Rae Amitay, toujours aussi convaincant (évoquant celui de Christina Blom des suédois d’Agrimonia), continuellement enragé, le groupe ne tombant jamais dans la facilité du chant clair. La mélodie se mérite en effet chez Immortal Bird, mais elle n’est jamais très loin et permet de toujours se raccrocher à quelque chose et de ne pas se laisser perdre au jeu du chaos et des dissonances dans lequel le groupe excelle.
En plus des comparaisons mises en avant fort justement par Beunz dans sa chronique, on pense aussi parfois à Extol (même si Immortal Bird est globalement bien plus agressif) sur quelques phrasés de guitare (« House of Anhedonia » par exemple) et même à Barishi sur l’excellent « Avolition » qui dépasse les 7 minutes. C’est d’ailleurs une nouveauté de voir le groupe s’essayer à des formats plus « progressifs » (même si l’on se souvient que le dernier titre du premier album durait déjà plus de 10 minutes), et l’essai s’avère parfaitement transformé sur ce qui est peut-être simplement le meilleur titre de l’album.
37 minutes pied au plancher (quasiment du moins, le final de « Quisquilian Company » nous faisant très ponctuellement mentir), et franchement rien à jeter sur cette petite tuerie d’album à côté de laquelle on serait bien mal inspiré de passer…
Tracklist:
01. Anger Breeds Contempt
02. House of Ahnedonia
03. Vestigial Warnings
04. Avolition
05. Solace in Dead Structures
06. Quisquilian Company
07. Stumbling toward Catharsis