Un duo innovant, composé d'un saxophoniste et d'un batteur, fusionne freejazz et death metal à travers des compositions chaotiques et des improvisations audacieuses, offrant une expérience musicale déroutante qui interpelle les amateurs tout en pouvant déstabiliser les néophytes.

Attention OMNI (Objet Musical Non Identifié) ! Killing Spree (rien à voir avec son homonyme allemand qui joue du death metal « classique ») est un duo composé du saxophoniste Matthieu Metzger (Klone, Marc Ducret ou encore auteur de l’ouvrage de recherches sur Meshuggah qui avait fait parlé il y a quelques années de ça) et du batteur Grégoire Galichet (Glaciation, Kwoon et plein d’autres) ayant pour envie de faire cohabiter freejazz et death metal tout plein de syncopes (on sent bien les fans de Meshuggah !). Mais est-ce vraiment écoutable ?

Bah autant vous dire que si le freejazz ne fait pas partie de vos habitudes d’écoutes, le choc risque d’être rude ! Camouflage! nous entraine en effet dans un trip plutôt halluciné où le saxo vrombit à la manière de riffs saccadés, presque tribaux, poutrant bien comme il faut (« A, C and B ») ou part dans des (apparentes) improvisations. Il y a là de quoi franchement se perdre dans ces vagues instables, parfois techniques et souvent grassouillettes. Quant à eux, les vocaux rocailleux au timbre martial sont plutôt dispersés (apparaissant dans certains titres, s’éclipsant dans d’autres) viennent apporter une dose d’étrange en plus à cette singulière recette.

Et si certains titres comme « Toute cette violence qui est en moi » jouent sur le minimalisme mais habités par l’émotion (avec un batteur encore très en verve), il se dégage globalement de ce Camouflage! une approche très chaotique un peu « mindfuck » seulement brisée par les harmonies du trombone de Christiane Bopp (« The Psychopomp ») ou l’aspect majoritairement plus ambient de « 250 slaves ».

Barré et sûrement génial pour l’amateur de freejazz, un peu difficile à suivre et à comprendre pour le profane en la matière (s’il n’est pas carrément rédhibitoire), ce nouvel album du duo ne s’adresse clairement pas à tout le monde mais a le mérite d’interpeler et de prouver combien la créativité « métallique » peut briser les frontières entre styles. Une expérience.