Avec Gods of Pangaea, Charlie Griffiths, l’un des guitaristes de Haken, revient avec un deuxième album solo. Je suis fan de Haken et il intéressant de constater les influences de leurs 2 guitaristes avec leurs albums solo. Les 2 me conviennent. Tandis que Richard Henshall explore des paysages sonores progressifs et jazz fusion (voir ces 2 derniers EP), Charlie Griffiths va droit au but sur Gods of Pangaea, avec une déferlante de riffs heavy/thrash, véritable ode aux légendes du metal des 80s/90s, avec cette touche de complexité qui rappelle son background prog, mais sans jamais tomber dans la démonstration.
J’avais déjà beaucoup aimé le premier album solo de Griffiths, justement nommé Tiktaalika, sorti en 2022. C’est maintenant un groupe qui prend le nom Tiktaalika, et musicalement on ne retrouve plus les ambiances prog sophistiquées, cette fois Griffiths lâche totalement la bride de Haken et se fait plaisir avec un pur album de heavy/thrash old school, bien trempé dans les années 80/90, mais enrichi par sa patte de musicien prog.
Sous le nom de Tiktaalika, Griffiths rend ici un hommage assumé aux maîtres du riff : Iron Maiden, Judas Priest, Metallica, Megadeth, voire Carcass ou Annihilator, le tout avec une prod claire et une touche de modernité. Les riffs sont tranchants, les solos explosifs, les rythmiques percutantes — c’est du metal pur et dur, taillé pour le headbang, sans fioriture ni tentative de réinventer la roue. Et pourtant, le soin apporté aux compositions et aux arrangements rappelle que Charlie Griffiths n’est pas juste un fan de metal old school, mais un véritable artisan du riff.
Il est épaulé par une section rythmique solide : Darby Todd (batteur chez Devin Townsend) et Conner Green (Haken) assure une basse bien présente et groovy. Je dois dire que le jeu de batterie souvent linéaires du metal des 80s me gonfle souvent, et Todd transcende justement les compos avec un jeu bien plus volatile et progressif, mais des nostalgiques de cette période regretteront ce jeu et ce son modernes.
Niveau chant, c’est incroyable pour un fan de Metal Prog comme moi, avec des guests de haut vol qui se partagent les huit morceaux : Tommy Rogers (Between The Buried And Me), Rody Walker (Protest The Hero), Daniël de Jongh (Textures) et Vladimir Lalić (Organised Chaos) qui a la voix la plus « heavy » du lot. Chacun des chanteurs apporte sa personnalité, entre chant clair puissant, envolées lyriques et quelques growls bien placés.
L’album démarre fort avec « Tyrannicide », morceau rapide et agressif, porté par un Daniël de Jongh en feu, et une déferlante de riffs syncopés et de soli techniques. Suit « Gods of Pangaea », un hymne heavy au riff Maidenesque imparable, avec une section rythmique en béton armé.
Mention spéciale à Fault Lines, où Rody Walker brille sur un titre thrashy à la Annihilator/Anthrax, ultra accrocheur, avec un groove de basse bien senti. De son côté, Vladimir Lalić propose deux performances très différentes sur « The Forbidden Zone » (sombre et menaçant) et « Mesozoic Mantras » (plus atmosphérique), montrant toute sa versatilité.
Le final « Lost Continent » est un sommet de l’album, entre riffs massifs, passages progressifs et vocaux variés de Tommy Rogers, qui alterne chant clair et growl avec efficacité. Pour les curieux, le bonus instrumental « Chicxulub » est également une belle démonstration du talent de Griffiths à la guitare.
Au final, Gods of Pangaea est une déclaration d’amour au heavy metal, un album sans prétention autre que celle de se faire plaisir avec du bon gros son, tout en injectant ce qu’il faut de finesse pour éviter la redite ou la nostalgie facile. C’est carré, puissant, inspiré, et surtout terriblement efficace. Un disque qui ravira les amateurs de metal à l’ancienne comme les fans de prog moderne. Si vous cherchiez du Haken… c’est pas du tout le meme style par contre.
1.Tyrannicide feat. Daniël de Jongh 3:54
2.Gods of Pangaea feat. Daniël de Jongh 8:36
3.The Forbidden Zone feat. Vladimir Lalić 5:52
4.Mesozoic Mantras feat. Vladimir Lalić 6:32
5.Fault Lines feat. Rody Walker 6:30
6.Give Up The Ghost feat. Daniël de Jongh 5:15
7.Lost Continent feat. Tommy Rogers 9:12
8.Chicxulub 7:31 (Bonus Track on CD & Digital)