Serpent Noir est grec, chose qui ne serait pas venue directement à l’idée, il fallait bien une précision à ce niveau pour ne pas voir en ce groupe un énième projet de dark métal à chanteuse de la région parisienne; je suis mauvaise langue, je ne connais aucun groupe de dark à chanteuse en RP.
Trêve de galéjades, avec Sanguis XI, le groupe parachute son premier disque sur le marché, imprégné d’une mobilité atmosphérique assez intéressante c’est sur la longueur que la galette prend une dimension qu’on ne lui soupçonne pas forcément, sa force rituelle, sa houille noire et son évocation brumeuse se confondent dans des jeux où se mélangent les codes du Black Metal. Les intermèdes dark rituels obscursissent le fond du disque pendant qu’à d’autres occasions la ferraille rougit au feu de la Bête apporte la dureté nécessaire à l’ambiance générale de l’EP pour ne pas le voir se répandre dans une sorte désinvolture trop oisive et une inconsistance maniérée, c’est le cas sur la très charognarde : « The Eleventh Blood » où le funeste côtoie le martial dans ses habits de fête sans avoir peur de se tâcher. Mise en application exemplaire aux effluves de death de cimetière, le ton décharné, les delays et la puissance de frappe sont usés de manière régulières et appuyés quand il le faut par des blasts à réveiller le Panzer qui sommeille en vous, section rythmique dirigée par un tirailleur de chez Ofermod et Saturnalia Temple de quoi pousser les plus curieux à se laisser bouffer l’avant bras par le serpent aux airs d’Autopsy croisés avec Blut Aus Nord.
Avec Sanguis XI Serpent Noir signe un bon petit EP aux fondations solides et à la lecture nuancée. Un disque qui appelle forcément à une certaine curiosité pour la suite. A suivre.