Duo canadien (basé à Ottawa) composé de Charlie Leduc (chant/guitare) et de Neil Grandy (batterie), Deformatory est actif depuis 2010 et a déjà sorti deux albums (In The Wake Of Pestilence en 2013 et Malediction en 2016) avant celui-ci. Inversion Of The Unseen Horizon en impose déjà visuellement parlant – la cover ayant été signée par Paul Gerrard, concepteur graphique ayant bossé au cinéma pour des films comme Hellboy ou Hellraiser:Origins – mais aussi au niveau sonore puisque l’enregistrement a été géré par Topon Das (Fuck The Facts). Au niveau du concept de l’album, les deux canadiens poursuivent la narration entamée sur leurs précédents méfaits soient neuf nouveaux titres découpés en trois chapitres traitant d’une entité maléfique nommée Savael et ses aventures « spatio-interdimensionnelles » (vous en aurez plus de détails sur le Bandcamp, mais c’est plutôt compliqué en fait !).
Une complexité thématique allant donc de pair avec la complexité technique de Deformatory. Les deux gaillards donnent l’impression d’être bien plus nombreux tant les compos de ce troisième album sont tentaculaires. Le batteur est simplement dément, œuvrant majoritairement dans la double-pédale mais sachant varier les plaisirs via de très nombreux changements rythmiques. A côté, son acolyte apparaît lui bien monstrueux via un growl monocorde mais dégageant cette aura inhumaine suggérée par sa thématique. Sa technique guitaristique n’est pas en reste, blindée de variations entre accélérations supersoniques et parties plus groovy (notables par exemple sur le très bon « Summoning The Cosmic Devourer » comprenant des parties mélodiques très catchy).
Formant un tout très massif, Inversion Of The Unseen Horizon s’adresse surtout aux amateurs de brutalité complexe, ces compos gonflées aux stéroïdes étant très denses, rapides et blindées d’informations pas si simples à assimiler à la première écoute. Quelque part entre Morbid Angel, Origin et Cryptopsy (dont on retrouve d’ailleurs l’ancien guitariste Jon Levasseur en invité sur l’excellent « Impaled Upon The Carrionspire »), Deformatory balance là une monstruosité de concept-album à la frénésie rythmique quasi-continuelle et à la violence ahurissante. Un concept d’ailleurs dont on ne saura pas trop quoi retenir du concept spatio-métaphysique si ce n’est que le trip de Savael sur Cyru’xil n’est vraiment pas de tout repos…
- Within The Astral Abscess
- Behold The Apex Of Decay
- Engineering The Wvrmhrde
- Summoning The Cosmic Devourer
- Masticated By An Infinite Shadow
- In The Embervoid Where Dead Stars Reign
- Deciphering The Archetype
- Impaled Upon The Carrionspire
- Beyond The Abhorrence
C’est bien bourrin, on pense à Atheretic, autre groupe Canadien (mais du Québec) qui défouraillait de la sorte avec aussi un concept, mais plus classique – l’écologie. Encore que Deformatory, lui, pense à ralentir pour que le redémarrage soit plus violent. Il faut se l’avaler, mais c’est complémentaire par rapport à d’autres groupes qui tirent ce style vers la démonstration d’adresse en s’inspirant de compositeurs classiques. Ou d’un autre groupe de l’Ontario, Aepoch, plus mélodique, qui sort aussi un nouvel EP ces jours-ci.