Je ne vais pas faire le type qui apprécie le groupe depuis des lustres. Les français de Gorod sortent là leur 4ème album, et si j’avais écouté Process of a New Decline, je trouvais le style du groupe trop agressif et dense à mon goût, j’en retenais un death technique brutal, en témoigne leurs tournées avec Kronos et Benighted ou Immolation. L’EP Transcendence l’année dernière me remet un pied dans le groupe, j’ai alors commencé à apprécier Gorod à sa juste valeur et, comme ça arrive souvent dans ces cas-là, je suis revenu sur les albums précédents du groupe avec une oreille nouvelle.
« Transcendence », c’est surtout ce morceau de 15 minutes, sorte de voyage « metal prog extrême » auquel j’ai immédiatement accroché. Une dynamique qui ne faiblit pas sur cette durée, tout en explorant plusieurs variations sur une thématique musicale pas moins complexe mais plus aérée que dans leur répertoire passé, contrebalançant la violence des voix par des mélodies prog aux gammes arabisantes et des leads mélodiques lumineux. Un morceau fleuve qui m’a rappelé le meilleur d’un autre groupe français, Symbiosis.
Ce paragraphe précédent pour me rattraper de ne pas avoir chroniqué cet EP qui a pourtant beaucoup tourné chez moi, mais Transcendence marque également un tournant majeur dans la musique et la carrière du groupe avec l’arrivée de nouveaux membres, le plus symptomatique étant Julien (également chez Zubrowska) au micro, la musique de Gorod s’en trouvant forcément influencée.
Après une intro (dispensable), l’album démarre en fanfare avec « Birds Of Sulphur » qui remet les choses en place. Si Gorod s’est ouvert à des influences plus progressives, le groupe pratique toujours un death metal complexe et incisif. Les 2 guitares occupent tout l’espace avec des riffs techniques, mélodiques, rapides, Gorod a un réel talent pour composer des riffs mémorables, entêtants, sur différents tons, qui évitent toute redondance entre les morceaux de l’album. L’évolution est relativement légère mais sensible, le côté prog amène de la mélodie, sans que l’ensemble perde pour autant en agressivité. Ils évitent juste l’effet bloc monolithique (voir Spawn of Possession, Psycroptic…) en se permettent des moments progressifs, des solos éclaircissant un break, de petites expérimentations plus légères (intros claires, solos jazzy, influs samba sur un passage) mais retombent pour autant toujours sur une base habituelle pour le groupe. L’évolution est trop naturelle pour qu’on puisse parler d’une nouvelle approche mais c’est sûrement ce qui rebutera certains fans de leurs premiers albums. A vrai dire, on sent l’influence de la scène américaine, un petit brin de The Faceless en plus,dont le leader pose d’ailleurs un solo (sur “The Axe of God”, il y a également un solo de Christian Muenzner d’Obscura sur “Carved in the Wind”), et un peu moins de classicisme technodeath à la Necrophagist.
Le nouveau chanteur ne fait pas seulement du bon boulot, il surpasse largement le précédent à mon goût. Les amateurs de death old school pinailleront certainement sur le fait qu’il s’échappe parfois des éternels growls gutturaux propre au style et varie ses interventions, avec des cris rageurs débordant sur le deathcore, des spoken words graveleux bien sentis, et même quelques voix toujours arrachées mais au fond mélodique sur « The Axe Of God ».
J’aurais tendance à penser que « Transcendence » étant si bon, le nouvel album en patit étant donné qu’aucun des morceaux présents n’est aussi bon à mon goût, mais il forme un tout solide, les 8 morceaux ont tous leur intérêt et A Perfect Absolution s’en sort comme le meilleur album du genre cette année à mon goût pour l’instant. J’en viens à me demander pourquoi j’avais ignoré ce groupe jusqu’à maintenant, leurs albums précédents étant également très recommandables, une belle découverte comparable pour moi à celle des canadiens de Beyond Creation l’année dernière.
Yes, du tout bon.
(Sauf le passage sur « The Axe of God » qui ressemble vraiment trop à du Opeth)