Autant le dire de suite : je n’avais pas gardé un réel souvenir de mes précédents contacts avec les albums des grecs de Aenaon, pourtant plutôt bien vus dans les chroniques qu’on peut trouver sur la toile et qui avaient probablement effleuré mes oreilles au moment de leurs sorties. A l’inverse, ce Mnemosyne, 4ème album du groupe devrait marquer mon année, tant il s’agit d’un vrai coup de coeur, un de ceux qui tapent dans l’oreille dès la première écoute.
Amateurs de BM avant-gardiste en manque de nouvelles références, je ne saurais trop vous conseiller de vous arrêter un moment sur cet album qui vaut vraiment le coup.
Et si je parle de BM avant-gardiste c’est parce qu’on retrouve ce côté très ouvert sur l’expérimentation (tout en restant toujours très mélodique et accrocheur) et l’apport de tout ce qui peut casser le côté traditionnel de la force à l’image des passages électroniques qu’on retrouve parfois, des petites touches d’Arcturus qui peuvent être décelées à plusieurs endroits comme sur « Psyche », « Cartesian Eye » ou « Hysteria » (avec ces petites sonorités spatiales aussi inattendues que savoureuses), ou de Borknagar notamment vocalement sur « Trauma Cultura », titre qui se conclut sur quelques notes de piano qui viennent compléter la richesse instrumentale de la plaque, le saxophone n’étant pas le seul invité à la fête. Quand on parle du saxophone, en plus de faire des apparitions régulièrement sur les morceaux de l’album, c’est lui qui tient la vedette sur l’interlude « Clark Nova », se mélangeant à merveille à des beats incongrus, pour un résultat haut en couleurs et qui constitue une parfaite respiration en cours d’album.
Ce saxophone très présent sur l’album n’est pas là juste pour décorer de temps en temps, mais fait bien partie de la structure de nombreux morceaux. Orestis Zyrinis, le saxophoniste, est en effet membre à part entière du groupe, et sa contribution remarquable confère des couleurs parfois un peu folk à certains passages, là encore assez surprenantes et décalées, à l’image de ce que l’on peut entendre sur « Mantledeath », un titre qui incarne là aussi parfaitement l’esprit avant-garde de l’album, y compris dans les variations vocales qui y sont proposées. Astrous, le chanteur, y passe en effet d’un chant death diabolique à un registre clair qui rappelle celui du chanteur de Black Crown Initiate. Cette variété vocale et la qualité de ces différents registres participent grandement à la qualité impressionnante de cet album qui sait aussi varier les ambiances, à l’image du très frondeur « Cartesian Eye » (aux riffs si groovy) dont certains passages m’évoquent systématiquement Enslaved (à l’image du démarrage de « Cartesian Eye »).
En bref, et à moins de vouloir aller beaucoup plus loin dans l’avant-garde, aux frontières de l’expérimental (coucou Ashenspire), vous ne trouverez pas à mon avis cette année un meilleur album de BM avant-garde que Mnemosyne!
Tracklist :
01 – Psyche
02 – Cartesian Eye
03 – Synastry of Heartbeats
04 – Pleiades
05 – Trauma Cultura
06 – Clark Nova
07 – Hysteria
08 – Mantledeath
09 – Doppelgänger