Les hollandais Textures m’ont énormément marqué avec leur 1er album, Polars, sorti en 2003. Un album de thrash/death technique des plus modernes ne retenant aucune fureur tout en étant capable de dévier naturellement vers des atmosphères plus aériennes. D’accord certaines influences paraissaient évidentes : d’abord toute la vague technodeath/death mélodique, ensuite Meshuggah indéniablement au niveau rythmique -on pouvait même penser particulièrement à la folie de l’album solo de Thordendal et ses Special Deffects– puis Devin Townsend dans les envolées mélodiques, en particulier au niveau du placement de nappes de claviers sur de gros accords saturés plaqués.
Textures continue bien sûr de s’inspirer de ces musiciens mais le fait est que ce 2ème album répond à toutes nos attentes, Drawing Circles marque un retour de haute volée et surpasse Polars avec un style plus mature et maîtrisé, qui voit apparaître une personnalité bien marquée et une progression significative sur 2 défauts du premier album, le chant et la production.
Le nouveau chanteur apporte un gros plus à la musique de Textures, beaucoup plus puissant, meilleur à tous points de vue. Les modulations de sa voix sont terribles, elle est moitié arrachée façon Phil Anselmo version hardcore, moitié chant mélodique puissant à la Devin Townsend ou MJ Keenan, sans que la présence de l’un ou l’autre des chants soit alterné de façon prévisible. La rage qu’elle propage est exacerbée sur un « Stream of Consciousness » dont les rares temps morts sont d’une lourdeur fracassante, puis son intensité atteint des sommets sur « Touching the Absolute » presque entièrement chanté mélodiquement, doublé par les nombreuses harmonies avec la voix d’un des guitaristes qui font mouche à chaque fois.
Outre son timbre profond, le chant n’est pas utilisé d’une façon classique, en couplets ou refrains, mais comme un instrument à part entière se plaçant sur des mélodies évolutives qui ne reviennent pas. Le morceau en écoute, « Regenesis » est éloquent à ce niveau, la ligne de chant est complexe et évolue sans cesse, sans répétition.
Mais Textures sont loin d’arrondir les angles sur ce nouvel album, les rythmiques alambiquées accentuées par de gros coups de butoir sont toujours très présentes, la première impression que donne l’album est même celle d’une brutalité exacerbée mais contrôlée. Par contre impossible de les cloisonner au death : certes ça blaste et le chanteur se lâche sans retenu niveau growls mais leur musique est beaucoup plus diversifiée que l’écoute du seul morceau en écoute le laisserait supposer (et d’autant plus sur les seules 2 premières minutes, le chant mélodique n’apparaissant que sur la 2ème moitié du morceau).
Le claviériste du groupe a d’ailleurs trouvé sa place de manière plus cohérente dans la musique du groupe, il installe des ambiances quasi-cinématographiques, sur fond de cordes comme sur « Upwards », et appuie tous les morceaux de ses nappes légères aux sonorités modernes. Certains morceaux sont aérés et quasiment entièrement instrumentaux, voir carrément prog sur le solo introductif de « Touching the Absolute » ou le très mélodique final « Surreal State Of Enlightenment », marqué par un gros son de guitare qui n’est jamais bien loin. On pourrait même penser à du Peter Gabriel sur le planant « Illumination » sur lequel se développe toute la puissance du chant mélodique qui parsème l’album tout en restant minoritaire.
Leur composition est très fluctuante et chargée, il y a des dizaines de riffs par morceaux, des rythmes alambiqués, des breaks dingues (le batteur est de très haut niveau), des changements de style et tempo fréquents, ce qui abat toute monotonie dans leur musique. La complexité de l’ensemble est certes difficile à digérée d’une traite, mais chaque écoute décèle de nouvelles surprises.
Les détracteurs auront beau accuser Textures d’intercaler des plans pompés sur Meshuggah et le Devin Townsend Band, une seule écoute de l’album permet de se rendre compte que ces influences sont digérées et cumulées avec bien d’autres, composant un album d’une grande diversité, plus que des plans juxtaposés comme sur leur premier essai, Drawing Circles présente un son cohérent.
Pour moi cet album est à la pointe de la modernité dans le métal, il est pourtant autoproduit dans le studio d’un des guitaristes du groupe, mais la production est limpide au possible, soutenant parfaitement leur musique. Leur imagerie est également dans l’air du temps (la pochette est une peinture du chanteur) éloignée des clichés éculés -comme pour Gojira, d’ailleurs aussi signés sur Listenable- les thématiques sont la nature, la science, des sujets qui vont de pair avec l’esprit progressif de leur musique.
Bref Textures propose le metal extrême alliant lourdeur et agressivité avec un son mélodique et diversifié le plus actuel aujourd’hui pour moi et si il n’y avait qu’un seul album metal à retenir de 2006, ça pourrait bien être celui-là!
- drive
- regenesis
- denying gravity
- illumination
- stream of consciousness
- upwards
- circular
- millstone
- touching the absolute
- surreal state of enlightenment
Excellente kro pour un album qui ne l’est pas moins ! Cet album est une réussite totale, un album de metal extrème moderne, ambiancé, riche et qui sublime ses influences (Meshuggah, DT) tout au long de l’album. Mon album de l’année assurément (pour l’instant du moins). Indispensable ! 19/20
Belle surprise en tous les cas !!!
Franchement il gere tros cet album mon meilleur du début d’année javais été surpris deja a l’élysée et la c’est grave énorme surtout REGENESIS et DENYING GRAVITY mais en faite elle sont toute bien a avoir vite dans son lecteur mp3!
J’ai écouté, plusieurs fois et denying gravity me fait toujours laissé tomber je ne SUPPORTE PAS le jeu de guitare de ce morceau que je trouve attroce. Et le reste ne m’a pas plu plus que ca… Du coup je coupe le disque a la 3eme, même pas le courage d’aller plus loin…Je vais rester au black moi hein, le métal moderne c’est manifestement pas pour moi…
J’adore, j’adore, j’adore, j’adore, j’adore, j’adore, j’adore. L’album de l’année à ce stade pour ma part. Certes les influences Meshuggah et Devin Townsend crèvent encore les yeux, mais ce n’est qu’au service de morceaux géniaux et au final cet album enterre les dernières sorties en date de ces 2 références. Point important à mon avis : l’album constitue vraiment un TOUT, un bloc qui s’écoute dans l’ordre (laissez tomber le shuffle) car la cohérence de l’ordre des morceaux et les enchaînements sont assez remarquables. Et par ailleurs comme le dit Jonben, il faut se laisser le temps d’amadouer la bête, les structures restant complexes. 3 écoutes intégrales et attentives me paraissent indispensables pour commencer à se sentir chez soi. Ne vous laissez surtout pas rebuter par la 1ère écoute (que j’ai également trouvé un peu décevante) vous risqueriez de passer à côté de quelque chose de très très fort.
j’ai écouté par curiosité, pas du tout pour moi ce groupe, tout ce que je déteste dans le metal ;-)
Après un « Polars » très prometteur et annonciateur d’un groupe au potentiel énorme, « Drawing Circles » enfonce le clou, et ça fait mal !
Merci à Textures qui, de part sa musique, confirme mes choix en matière de metal: j’adore Devin Townsend mais déteste Meshuggah.
Donc j’aime le passage mélodique de regenesis mais « millstone » m’emmerde profondemment.
Un P.S. pour Krakoukass: jen’ai bien sur pas écouté l’album en entier, et ne le ferai sans doute pas, mais bon: combien de minutes mélodique style « Devin Townsend » dans cet album? 2minutes par ci, une minute par là? Quoi, donc 10 minutes au total? Si je dis ça, c’est pour ta phrase « enterre les deux sorties en date de Meshuggah et DTB »: franchement, ça me ferait mal que 10 minutes de Textures enterre le dernier album de Devin Townsend. Ca me ferait mal…
@jéjé : c’est carrément réducteur de parler de 10 minutes de Townsend dans cet album car ce n’est qu’une influence diffuse parmi d’autres. Quand à savoir si ce Drawing Circles enterre son dernier album solo, pour moi c’est sans équivoque, Synchestra m’ennuie alors que ce Textures sera forcément un de mes albums de l’année.
Bref c’est bien subjectif tout ça.