Ça fait plaisir à entendre un groupe qui ne repose pas sur ses acquis et évolue, expérimente au fil des années.
Le précédent album d’Haken, The Mountain – leur 3ème – montrait un groupe rafraichissant le metal prog avec une puissance et des idées actuelles, l’inévitable comparaison avec Dream Theater qui eux sont restés coincés dans les années 80/90 s’estompait. Cet album a positionné Haken comme un des fers de lance du metal prog moderne, à égalité je dirais avec les norvégiens de Leprous.
Le nouvel album d’Haken était donc attendu. Ils ont sorti entre temps un EP, Restoration, réimaginant de façon plus aventureuse des titres de leur première démo, poussant vers plus de complexité. Bel EP qui donnait déjà une idée de la direction que prendrait leur album suivant.
Affinity est assez insaisissable aux premiers abords, plus d’influences ont été intégrées à la recette, dont des influences 80s plus marquées, au niveau sonorités comme des types de riffs, en particulier sur le bien nommé « 1985 » (avec une intro à cheval entre « Owner of a Lonely Heart » de Yes et « Beat It » de Michael Jackson). Les sonorités sont cependant hyper variées, avec pas mal de sons électroniques – même un passage EDM, mais également beaucoup de moments bien metal et un son très moderne, puissant, avec des rythmiques souvent « djent », et meme des passages gueulés par le chanteur de Leprous sur l’épopée de 15 minutes « The Architect ».
Du coup pas vraiment de titre immédiat car tous sont aventureux, la plupart comportant des passages instrumentaux hyper complexes aux mélodies souvent jazz fusion. 3 font plus de 9 minutes. Meme les 2 morceaux plus calmes, « Lapse » et « Red Giant » ont une structure pas du tout conventionnelle et gardent une puissance assumée sur un fond pop. « Earthrise », choisi comme clip, est également un titre plus léger, ce qui ne l’empêche pas d’évoluer en un titre metal progressif.
Paradoxalement la musique d’Haken a perdu en efficacité directe, pas de « Cockroach King » sur Affinity par exemple. On pourra aussi remarquer que sur une musique aussi « progressive », avec peu de passages revenant à intervalle régulier, le chanteur a parfois du mal à placer imposer des lignes de chant vraiment marquantes et est en général un peu à la traîne par rapport à la technicité de ses compères. Son registre haut perché, pas franchement viril pourra éventuellement déplaire, les quelques sonorités désuètes emprunte d’une nostalgie 80s assez kitsch aussi, ainsi que l’imagerie geek que le groupe met en avant dans ses clips, ils ont tous de bonnes tetes d’informaticiens! Leur style musical est particulier et leur public ciblé. Reste un album superbe qui sans peine figurera parmi les meilleurs albums prog de l’année, et un groupe qui pose sa marque dans l’histoire du prog.
Tout comme toi , un très beau coup de coeur. Un disque intelligent , qui fait une synthèse des mouvements du métal prog’ actuel, du Djent (digeste) à Oceansize… Des très beaux titres et un disque d’une belle cohérence. Un sérieux prétendant à l’heure des bilans annuels, je pense