Après les Papa Emeritus qui se sont succédés sur les 3 premiers albums de Ghost, Tobias Forge leader désormais officiellement affiché comme tel, a décidé de créer un nouveau personnage en même temps que ce nouvel album. C’est donc derrière les traits du cardinal Copia que le suédois va cette fois se cacher aux yeux de tous sur ce nouvel album de son entité Ghost, intitulé Prequelle. Un personnage qu’on découvre largement dans le clip du premier single de l’album « Rats », et qui a davantage des airs de mafioso des enfers cette fois. Jugez plutôt.
Au-delà du folklore auquel certains seront plus sensibles que d’autres, Ghost reste Ghost, même avec un personnel renouvelé (suite à la fronde des anciens membres qui ont décidé de porter l’affaire devant les tribunaux). Mais ce 4ème album voit quand même Ghost s’aventurer vers des terres encore plus pop ou hard FM. Il en ressort que les premières écoutes peuvent s’avérer frustrantes, voire même décevantes, tant on peine d’abord (paradoxalement) à retrouver les accroches immédiates que le groupe nous a habitués à distiller généreusement sur ses précédents albums et les gros riffs heavy qui allaient parfois avec.
Et pourtant, après quelques écoutes on s’aperçoit que l’ami Tobias est toujours aussi redoutable quand il s’agit d’écrire des putains de morceaux que vous allez chanter jusque dans votre douche. Même les deux instrumentaux! Car oui, l’album contient deux morceaux instrumentaux, « Miasma » tout d’abord, excellent, même avec cette surprenante incorporation de saxophone sur la fin du titre. Un saxo qui sonne délicieusement kitsch, à l’image du parfum suranné et années 80s dont on continue à percevoir les effluves dans la musique de Ghost. Le deuxième morceau instrumental (« Helvetesfonster ») a été co-écrit avec Michael Akerfeldt (Opeth) et il est non moins excellent même s’il ne contient pas une note de saxophone.
Ces deux morceaux s’intègrent bien à la tracklist et reprennent en partie des thèmes musicaux développés sur d’autres morceaux, participant à donner des airs de bande originale au disque.
« Plus pop » disait-on, et le meilleur exemple est certainement « Dance Macabre », qui ressemble à du Abba en version hard rock. Vous allez peut-être trouver ça bien dégueulasse à la première écoute, on en reparle lorsque vous danserez frénétiquement et sifflerez le refain à tue-tête (quelques écoutes suffiront pour en arriver là vous verrez). Sur « Pro Memoria » le piano prend largement l’ascendant sur les guitares, et c’est peut-être un bon révélateur de ce que Tobias Forge a voulu faire sur ce nouvel album. Là encore le refrain est infectieux, délicieusement kitsch. Ailleurs sur l’album on subira le même genre d’outrage infectieux et contagieux même, avec « Faith » (l’un des meilleurs morceaux de l’album) ou « Witch Image » qui lui aussi se révèle être un sacré tube.
On ne s’étonnera pas, compte tenu de ces accointances pop/kitsch 80’s, de retrouver une reprise des Pet Shop Boys sur l’album (en édition limitée toutefois) avec « It’s a Sin » morceau parfaitement repris et réapproprié par Ghost avec talent et cohérence, à défaut de révolution. Une autre reprise figurant sur cette édition limitée, est une reprise du titre « Avalanche » de Leonard Cohen. Les amateurs apprécieront certainement même si j’avoue de mon côté être complètement hermétique.
Au final, les écoutes se succédant révèlent le caractère irrésistible de ce 4ème album de Ghost, qu’on ne qualifiera pas de « meilleur album du groupe » mais qui s’avère au final un ajout de choix réussi à la discographie cohérente et difficilement attaquable du combo suédois.
Tracklist :
1. Ashes
2. Rats
3. Faith
4. See the Light
5. Miasma
6. Dance Macabre
7. Pro Memoria
8. Witch Image
9. Helvetesfonster
10. Life Eterenal
11. It’s a Sin (Pet Shop Boys cover)
12. Avalanche (Leonard Cohen cover)