J’ai bien peur, une fois de plus, de pisser dans un violon en proposant cette chronique car il me semble que les pauvres Klabautamann font partie de cette horde de malchanceux qui, malgré l’excellente tenue de leur discographie, n’attireront qu’un public restreint.
Et si elle persiste, à l’arrivée de ce troisième album, l’injustice n’aura jamais été aussi criante. Car les Allemands nous offrent sans aucun doute ici leur pièce la plus aboutie.
Qui dit public restreint, dit nécessité de présentation : Klabautamann, c’est un duo pratiquant le difficile genre (parce que parfois laborieux) qu’est le black metal progressif. Entre 1998 et 2000, le groupe sort 2 démos. 2003 voit l’arrivée de leur premier album Our journey through the woods, suivi, 2 ans plus tard, par Der ort, prédécesseur de ce Merkur.
Comme je le laisse supposer, selon moi, Klabautamann n’ont pas choisi la facilité. Ne serait-ce que la patronyme qui nécessite une deuxième lecture avant de pouvoir être sûr de ce qu’on s’apprête à prononcer ou écrire. En plus, la traduction, si elle reflète bien l’esprit des thématiques abordées, relève très peu le niveau de la crédibilité : le Klabautermann est un elfe appréciant la compagnie de l’eau. Enfin, bref, là n’est pas la question, concentrons-nous plutôt sur la qualité de la musique, particulièrement présente ici.
Histoire que le monde entier ait envie de se procurer cet album, je vais faire usage d’un procédé mesquin de marketing : Merkur est la preuve parfaite que l’alliance du meilleur Opeth et du meilleur Enslaved peut prendre forme autre part que dans le mondes des Idées platoniciennes.
Ça en jette non ? Est-ce pour autant réaliste ? Je ne saurais vraiment répondre car je ne place pas forcément Opeth dans le haut du panier puisque vient toujours le moment où je m’emmerde grave sévère à donf avec les Suédois. Pour autant, il est assez difficile de ne pas penser au groupe d’Akerfeld lorsqu’il s’agit de trouver quelques références connues du « grand public ».
Difficile également de ne pas considérer que Merkur aurait fait, pour leurs collègues norvégiens, un bien meilleur successeur à Isa que Ruun. Et là, pour le coup, c’est réaliste.
Il serait, en revanche, facile de reprocher au groupe un manque d’originalité. Le terme progressif n’est en effet pas juste là pour qualifier une teinte légèrement complexe avec quelques claviers par ici et 2, 3 passages à tiroir par là ; le trip prog/jazzy de « Merkur » ou le mélancolique « Lurker in the moonlight » montrent par exemple, avec une audace jouissive, une volonté de proposer une musique ouverte, planante, ambitieuse.
Rien ne manque à l’appel pour reconnaître que les moyens mis en œuvre sont à la hauteur de l’ambition qui transpire de cet album. Les Allemands auraient voulu sortir un incontournable du genre que l’on ne peut pas contourner qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
On ne peut que saluer l’absence de moments branleto-acoustiques chiants (même le très calme « Noatun » y échappe), la variété des ambiances et des tempos tout au long de ces 9 perles. C’est parfaitement exécuté et produit, ce qui ne gâche rien, on s’en doute. Comme dirait l’autre, sans la maîtrise la puissance (d’inspiration) n’est rien.
Si le côté progressif n’est pas là pour faire semblant, il en est de même pour le côté black : les vocaux haineux sur fonds de passages supersoniques puissants sont bel et bien présents ; mais je connais le public d’Eklektik, je sais qu’il passera outre ces éléments et affrontera sa crainte de la noirceur avec satisfaction. D’autant qu’il s’agit de toujours servir le potentiel émotionnel des titres.
J’ai récemment appris que la production d’1 kg de viande bœuf équivalait au parcours d’une voiture sur 80 km en terme d’émission de CO2. J’imagine que la rédaction d’une ligne de chronique est à peu près équivalente. Inutile donc de faire un dithyrambe de chacune des 9 pièces de Merkur.
Et puis vous aussi faites un geste pour l’environnement car je me suis laissé dire qu’une minute d’hésitation pour l’acquisition d’un excellent album entraînait le sortie de 10 albums de merde.
- unter bäumen
- when i long for life
- stygian
- herbsthauch
- morn of solace
- der wald ist ein meer
- merkur
- lurker in the moonlight
- noatun
Je ne n’aime pas le black, mais rien que par ta chronique tu m’as donné envie. Bravo :P
Ouaip, elle donne envie cette chro. M’en vais écouter ça moi…
Pas un chef-d’oeuvre mais j’aime beaucoup! Une bien belle pochette en plus.
Intriguant. Je vais me procurer cette… abomination.
Très bon album, dans mon top 10 2009 :)
Ya que moi qui trouve que la pochette est classe !?
Non, moi aussi (et noohmsul) ^^ c’est d’ailleurs la première chose qui m’a accroché…
Excellente chro, pour le meilleur album Black (prog et assimilés) de 2009!
excellent commentaire, pour le meilleur chroniqueur (propre et assis mais laid) de 2009 !