Salut à vous tous qui continuez à lire notre webzine. 2024 a été une année importante pour Eklektik Rock, marquant deux décennies d’existence. Depuis Mars 2004, nous avons publié près de 7000 articles sur ce site!
Ce cap symbolique témoigne de notre passion et de notre engagement envers les musiques à guitares, qu’elles soient Rock, Metal, ou Progressives. Bien que je me consacre davantage à l’organisation du webzine et à la réalisation de bilans annuels, je tiens à remercier chaleureusement Beunz et Krakou, dont la plume infatigable continue de faire vivre le site avec des chroniques toujours aussi riches et variées. Leur régularité et leur regard acéré sont une véritable force, mais c’est surtout leur éclectisme qui mous permet encore d’aborder tous les genres musicaux à guitares saturées sur Eklektik. Cette année encore, nous avons exploré des dizaines d’albums, des plus confidentiels aux productions majeures. Avec une scène musicale en constante évolution, et grâce à une communauté de lecteurs fidèle et engagée, Eklektik Rock reste un espace privilégié pour découvrir des pépites sonores et partager une passion commune, celle de la musique qui ose et innove.
Bilan Rock/Metal Progressif
Pour les amateurs de prog, j’ai continué à apporter une attention particulière à ce genre, et j’espère rattraper le peu de chroniques publiées cette année à travers mon bilan annuel qui se veut aussi exhaustif que possible.
Voici donc mon bilan musical de 2024 : une exploration dans le Prog moderne principalement, avec des touches de Metal extreme.
Cette année musicale reflète bien mon goût pour une certaine vision du Prog : une musique complexe, riche et ambitieuse, qui repousse les limites, cherche à élargir le champ des possibles et refuse de se répéter. Pour moi, le terme progressif ne signifie pas simplement suivre les codes d’un genre, mais explorer de nouvelles dimensions musicales. Cela implique une certaine technicité instrumentale et vocale, une diversité d’influences et une volonté d’innovation, même si chaque groupe s’inscrit inévitablement dans une lignée musicale. Mes goûts s’enracinent dans le prog des années 70 et je garde une affection pour les sons organiques de l’époque, mais mon inspiration principale est dans le Metal progressif depuis le début des années 2000, les groupes qui je trouve par leur audace se sont inventé des paysages sonores nouveaux, et surtout ceux qui incorporent un gros son Metal et ont su mêler mélodie, technicité et puissance.
Tout le Prog sorti en 2024 n’est donc pas représenté, il y a au final énormément de groupes sous l’ombrelle progressive, et je suis conscient d’avoir des gouts affinés vers la recherche de sons particuliers. On a eu des albums de Jon Anderson (Yes), Steve Hackett (Genesis) et Neal Morse (Spocks’s Beard) cette année, sympa mais incomparables aux albums de leurs groupes d’origine. Certains groupes actuels continuent d’adopter une approche nostalgique, imitant le Prog Rock classique (Frost* et Big Big Train ont sorti de bons albums cette année, mais je trouve leurs styles un peu datés) ou le Heavy/Prog à la Dream Theater des années 80 sans véritablement innover (que ce soient ces derniers ou des groupes come Kingscrow ou Evergrey que je trouve assez poussifs). Enfin tout ça est très subjectif, je continue à beaucoup aimer Beardfish qui est pourtant très nostalgique (des 70s dans leur cas). La plupart des artistes qui figurent dans mon bilan annuel sont cependant relativement récents et je trouve portent un souffle nouveau dans la scène Prog.
Les sous-genres du Prog qui m’attirent le plus
Prog atmosphérique et post-metal
Ce style repose sur des compositions lentes et immersives, souvent entrecoupées de crescendos puissants. Post rock et sludge sont des influences, djent aussi. Les ambiances y sont riches, jouant sur des textures sonores complexes et des arrangements qui rappellent des groupes comme The Ocean ou Tool. Par exemple, Dvne ou Hippotraktor illustrent parfaitement cette facette cette année, en associant des riffs lourds à des passages atmosphériques envoûtants.
Metal extreme progressif
J’apprécie tout particulièrement le mélange de technicité et d’innovation, souvent exploré par des groupes de death technique ou d’avant-garde. Ces artistes, allient agressivité du Death, virtuosité instrumentale et structures de morceaux inattendues. L’ajout d’éléments orchestraux ou Jazz dans ces œuvres enrichit considérablement l’expérience musicale. Opeth cette année signe un retour remarquable avec un album concept reprenant un gout pour les growls et les riffs acérés, mais dans une envelope progressive/jazzy, Blood Incantation est l’autre album fort de cette année avec la meme dualité mais dans un autre registre, plus underground. D’autres groupes comme Ulcerate, Job for a Cowboy, Exist ou Orgone, auront sorti des albums assez avant-gardistes dans leur genre.
Prog psychédélique et d’avant-garde
Les explorations sonores héritées du psychédélisme des années 70 trouvent une seconde jeunesse dans des groupes comme SLIFT ou Papangu. Ces artistes intègrent des influences régionales (comme le Jazz brésilien dans le cas de Papangu) ou des approches expérimentales avec des touches d’autres genres (comme le Black pour Ihsahn ou Hail Spirit Noir), tout en gardant une modernité dans leurs arrangements.
Rock progressif mélodique et moderne
Certains groupes réussissent à fusionner la richesse mélodique du Prog avec une approche résolument moderne. Mon album préféré de l’année, celui de Caligula’s Horse est typiquement dans cette approche et propose l’album qui pour moi représente le mieux l’évolution du Rock/Metal Prog en 2025. D’autres comme Leprous ou MEER démontrent une maîtrise exceptionnelle de ce style, où les vocaux prennent souvent une place centrale. J’ai tout de meme été un peu déçu par l’album de Leprous, tout comme celui de VOLA, meme si je les apprécie.
Mes 20 albums de l’année
L’année musicale 2024 a encore été un bon cru pour moi, avec une grande diversité d’albums m’ayant plu, ci-dessous mes 20 albums marquant dans la sphère du Rock et du Metal souvent progressif. Une deuxième liste avec des albums dans d’autres genres plus jazz est en préparation.
Retrouvez une playlist Spotify en fin d’article.
- Caligula’s Horse – Charcoal Grace (Metal Progressif/Rock)
6ème album d’un de mes groupes de Metal Prog favoris, les australiens de Caligula’s Horse. Charcoal Grace est un voyage plus sombre et introspectif que leurs travaux précédents. Inspiré par les difficultés rencontrées par le groupe pendant la pandémie, l’album explore le thème de l’isolement avec comme toujours avec eux une richesse de composition et une profondeur émotionnelle portée par la sensibilité du chanteur Jim Grey. C’est un long voyage, avec plusieurs morceaux de dix minutes, mais les vocaux dynamiques, l’instrumentation sophistiquée et les refrains accrocheurs en font un album frais et percutant. Bien que certains refrains puissent paraître un peu clichés, la qualité globale est indéniable, consolidant cet album comme un indispensable pour tout fan de Metal progressif moderne et mélodique. - Opeth – The Last Will and Testament (Rock Progressif/Death Metal Progressif)
C’est probablement l’un des albums les plus discutés de l’année, et il est vrai qu’il est difficile de ne pas remarquer que c’est un album spécial. J’avais déjà beaucoup aimé l’album précédent, mais The Last Will and Testament présente quelque chose d’encore différent sous la forme d’un album concept. Curieusement, il parvient à être cohérent tout en explorant plusieurs directions. Ce n’était pas une grande surprise de retrouver les guitares lourdes et les growls de leurs premiers albums—mais plutôt un soulagement et ça colle tout de suite en apportant une énergie particulière à cet album. La pièce principale est un chef-d’œuvre quasi parfait même si quelques éléments auraient pu être mieux pensés : certaines orchestrations entre les morceaux sont inutiles selon moi, les passages parlés ne sont pas très intéressants, et les fade-outs sur deux morceaux auraient pu être évités. Enfin ce seont des détails, et le dernier morceau en guise de conclusion est lui aussi très bon, j’aurais juste préféré qu’il évolue vers une version Metal, il aurait été incroyable avec les riffs principaux joués avec plus de distorsion.
- Dvne – Voidkind (Post-Metal Progressif)
Sur leur troisième album, Voidkind, Dvne consolide son identité au-delà de l’étiquette « clone de Mastodon » que je leur avais injustement attribuée et qui m’avait empêché de pleinement apprécier leurs deux premiers albums. Bien qu’ils s’inspirent de Mastodon avec leurs riffs sludge et leurs vocaux caverneux, le style de Dvne s’aligne davantage avec le Post-Metal progressif, évoquant des groupes comme Psychonaut et Hippotraktor. L’album mêle habilement des passages lourds et atmosphériques, avec des influences de The Ocean, Intronaut, et même Tool. Voidkind est une offre mélodique et puissante, rapidement adoptée par les fans de Metal moderne avec des tendances progressives. Des morceaux comme « Reaching for Telos » et « Plērōma » se démarquent, garantissant que cet album captivera à la fois les anciens fans et les nouveaux venus.
- Hippotraktor – Stasis (Post-Metal Progressif)
En combinant le Metal Progressif avec des riffs sautillants typique du courant Djent et un son gras Sludge/Post-Metal, Hippotraktor crée une expérience unique et constamment engageante. Ce groupe belge, signé sur le label de The Ocean, Pelagic Records, partage des similarités sonores avec des artistes comme The Ocean (ils sont sur leur label) et Psychonaut (dont le chanteur contribue également à Hippotraktor). Les voix harmonisées—réparties entre le guitariste et le chanteur—équilibrent parfaitement des mélodies claires et énergétiques avec des vocaux rageurs chargés d’émotion. Stasis est une brillante suite à leur premier album de 2021, et confirme leur place parmi les groupes Prog explorant de nouveaux horizons.
- Anciients – Beyond the Reach of the Sun (Metal Progressif Lourd/Sludge)
Un album ambitieux et expansif, mélangeant des riffs complexes, des rythmes changeants, et des vocaux à la fois clairs et growls. Le quatuor canadien est souvent comparé à Mastodon et Opeth tout en gardant son identité propre, épique aux touches heavy et grunge. Cet album évolue vers des éléments plus mélodiques et progressifs par rapport à leur son initial. Les points forts incluent un jeu de guitare dynamique et des vocaux clairs améliorés, bien que les transitions entre les styles puissent parfois sembler abruptes. Bien que les morceaux longs puissent paraître denses et répétitifs, l’album représente le meilleur de Anciients jusqu’à présent.
- Delta Sleep – Blue Garden (Emo/Math Rock)
« Blue Garden » est une nouvelle excellente addition au catalogue Indie/Math Rock de Delta Sleep, infusée de touches de grunge et de shoegaze. L’album semble un peu moins complexe que leurs travaux précédents, avec des compositions plus accessibles qui dégagent une impression de relaxation sans effort. L’ambiance est décontractée mais conserve leur mélancolie caractéristique, avec une voix plutôt douce caractéristique, qui contraste avec des riffs parfois rugueux. Ayant assisté à leur concert à Bangkok, j’espère qu’ils reviendront—cet album serait incroyable à vivre en live.
- MEER – Wheels Within Wheels (Rock Progressif/Symphonique/Pop)
Le groupe norvégien, qui se définit comme un orchestre pop alternatif, livre une entrée saisissante dans le Rock Progressif moderne avec leur troisième album, Wheels Within Wheels. Avec une formation riche de huit membres incluant violon, alto, piano, et un duo de vocalistes, l’album bâtit sur les forces de leur réussite de 2021, Playing House, tout en explorant de nouveaux territoires sonores. Ses dix morceaux (plus un interlude) évoluent de manière organique, superposant des arrangements complexes autour de riffs de guitare ou de piano centraux, culminant dans un son à la fois épique et accessible. Les harmonies vocales des frères et sœurs Johanne et Knut brillent tout au long de l’album, avec des performances vocales de Johanne passant sans effort de la tendresse à la puissance. Les morceaux varient de l’intimité propre à un auteur-compositeur à l’orchestration cinématique, avec des moments de nostalgie des années 80 évoquant Tears for Fears ou Simple Minds, et même une touche de Metal Progressif sur le morceau de fermeture, « This Is The End ». Bien que les comparaisons avec d’autres jeunes groupes à chanteuse comme Bent Knee et OK Goodnight soient pertinentes, MEER se distingue par sa focalisation sur des compositions épiques et orchestrales.
- Blood Incantation – Absolute Elsewhere (Rock Progressif/Death Metal)
Le groupe de nerds du Death Metal Blood Incantation fait un pas significatif en avant avec cet album, consolidant leur discographie avec un classique. Il se compose de deux morceaux divisés en pistes, mais leur musique ne cesse de changer, explorant une large gamme de genres. Initialement un groupe de death Metal avec un style à la fois technique et old-school, ils ont progressivement incorporé plus d’éléments de Rock Progressif, à la manière de Pink Floyd dont ils se sont fortement inspiré, mais également des nappes de claviers ambiant. Cet album est intrinsèquement progressif, avec peu de sections répétées, offrant un voyage à travers diverses atmosphères. Il est notablement moins agressif que leur album référence Hidden History of the Human Race (2019), que j’avais déjà beaucoup aimé à l’époque. Cependant, le groupe n’était pas un favori personnel, car leur musique était parfois « à l’ancienne »/underground à mon goût. Je n’avais pas non plus apprécié les morceaux ambiants qu’ils ont sortis en EP ensuite, car ils s’éloignaient trop de le genre principal. Ce nouvel album change complètement la donne.
- Beardfish – Songs for Beating Hearts (Rock Progressif des Années 70)
Un retour en force pour le groupe suédois de Rock Progressif rétro, dont le dernier album, +4626-Comfortzone, remonte à 2015. Beardfish est connu pour ses influences des années 70, alliant des sonorités organiques et chaudes avec des éléments de Yes, Genesis, ainsi que des touches de Kansas et Jethro Tull. Cet album intègre des guitares acoustiques, des orgues vintages et, à l’occasion, des riffs de Hard Rock. Dirigé par Rikard Sjöblom, qui excelle à la fois au chant, au piano et à la guitare, Songs for Beating Hearts met davantage l’accent sur la chaleur musicale que sur la prouesse technique. Parmi les points forts, la suite de 20 minutes « Out in the Open » se distingue par sa complexité et son ambition progressive. Des harmonies invitantes, notamment sur le single « In the Autumn », ajoutent une profondeur et une intimité qui rendent cet album charmant. Ce projet réaffirme le talent de Beardfish après plusieurs années de pause.
- Exist – Hijacking the Zeitgeist (Metal Progressif/Djent/Death Metal Technique)
Un album compact et intense de Exist, groupe que j’ai découvert avec leur précédent opus, alors que leur chanteur-guitariste jouait avec Cynic et dirigeait également sur scène un des groupes hommage à Death (prenant donc la place de Chuck Chuldiner). Naturellement, on retrouve un peu de ces influences Death/Prog dans Exist, mais leur son est nettement plus moderne. Hijacking the Zeitgeist combine le Metal Progressif, le Djent et des éléments de Death Technique, tout en intégrant des mélodies de Jazz Fusion. Ce nouvel album n’est guère plus accessible que leurs précédents, il conserve leur complexité et une certaine étrangeté des riffs qui font leur signature. Les vocaux clairs, parfois nasillards, peuvent diviser également, mais ils complètent généralement l’instrumentation lourde et technique. Dans l’ensemble un projet solide, dommage qu’ils n’aient pas plus de reconnaissance.
- Job for a Cowboy – Moon Healer (Death Metal Technique/Progressif)
Longtemps perçu comme un cliché du deathcore (le nom du groupe n’aide pas), Job for a Cowboy s’est transformé au fil des années en un groupe de death Metal technique et progressif. Moon Healer, leur premier album en 10 ans, est un projet ambitieux combinant des compositions énergétiques et des riffs complexes avec des lignes de basse jazzy qui offrent des moments de répit dans la densité musicale. Bien que le genre reste constant tout au long de l’album, la seconde moitié peut paraître répétitive. Toutefois, l’équilibre entre technicité et émotion authentique fait de cet album une expérience cohérente et marquante.
- Vipassi – Lightless (Metal Technique Instrumental)
Deuxième album du projet instrumental australien Vipassi, composé de membres de la scène Death Metal australienne et européenne, notamment de Ne Obliviscaris et Virvum. Lightless poursuit leur exploration sonore purement instrumentale mais combinant l’intensité du Death Metal et des atmosphères éthérées aux inspirations jazzy. Les influences futuristes et les notes chargées d’effets de delay rappellent des groupes comme Fallujah, tout en offrant un équilibre entre complexité technique et atmosphère immersive. Si l’album est aussi solide que leur premier opus d’il y a huit ans, il s’inscrit dans sa continuité directe plus que dans une évolution, j’aurais préféré les voir sortir un peu de leur style, certes unique.
- Piah Mater – Under the Shadow of a Foreign Sun (Death Metal Progressif)
Pour être honnête, le premier morceau de l’album ressemble à un retour d’Opeth au death metal, avec des vocaux clairs très proches de ceux d’Åkerfeldt. Cela dit, ce morceau est excellent et, tout au long de l’album, ce groupe brésilien livre une série de morceaux rappelant l’ère Ghost Reveries d’Opeth. Les harmonies vocales, les growls profonds, les couches de guitares et les riffs accrocheurs sont tous présents. Bien que le groupe montre une grande promesse, il devrait affiner son son pour mieux se distinguer de ses influences. Finalement, l’album est une solide performance, mais il manque un peu d’originalité.
- Guenna – Peak of Jin’Arrah (Rock Stoner/Progressif)
Le premier album de ce groupe suédois propose un mélange captivant de stoner metal et d’influences Rock Progressif. Guenna ajoute une touche unique au genre en combinant des riffs lourds et fuzzy avec des harmonies vocales rappelant Yes, tout en restant proche de l’esprit du stoner. Bien que l’album reste dans un territoire familier pour le stoner metal, l’exécution est solide, avec des riffs sophistiqués qui apportent une approche fraîche au genre. Les touches progressives et les harmonies vocales se démarquent, donnant à l’album une qualité rafraîchissante.
- Ulcerate – Cutting the Throat of God (Metal Avant-Garde/Black/Death Technique)
Le dernier album d’Ulcerate était très attendu, et il répond à toutes les attentes, étant déjà classé parmi les meilleurs albums de l’année. Le groupe explore une approche plus mélodique, comme le montre l’introduction sombre de « To Flow Through Ashen Hearts », tout en maintenant leur complexité, leur dissonance et leur atmosphère oppressante caractéristiques. En intégrant des passages mélodiques captivants et une émotion profonde, Ulcerate évolue tout en offrant une expérience écrasante pour ceux qui osent explorer leur univers.
- Papangu – Lampião Rei (Rock Progressif/Sludge/Latino)
Papangu revient trois ans après leur premier album, Holoceno, avec un album plus équilibré et digestible. Alors que Holoceno s’orientait fortement vers un son Metal Sludge inspiré par le Rock Progressif et le Jazz, ce nouvel opus inverse cette dynamique en adoptant un style plus léger globalement, inspiré du Prog des années 70 mais aussi fortement du Jazz de cette époque, en particulier celui du Brésil, tout en laissant éclater quelques passages avec growls et riffs saturés. En tant que fan de Prog classique et de Sludge, ce changement me convient encore, meme plus. Papangu mélange habilement la tradition Jazz de son pays d’origine avec leur style unique de Rock et Metal Progressif, créant quelque chose que peu de groupes osent tenter. Chanté entièrement en portugais, le caractère distinctement brésilien de l’album ajoute une profondeur et une authenticité à la musique, offrant un contraste excitant avec le paysage Prog dominé par les Anglo-Américains.
- Leprous – Melodies of Atonement (Metal Progressif)
Le neuvième album des Norvégiens continue leur évolution vers un son souvent plus mélodique, mais avec toujours des guitares saturées, qui se melent maintenant avec des éléments électroniques. Bien que l’album inclue quelques moments bien Metal, comme dans « Silently Walking Alone » et « Atonement », l’accent reste sur des compositions éthérées mettant en valeur les puissants vocaux d’Einar Solberg et les crescendos caractéristiques du groupe. Les fans espérant un retour aux racines métalliques pourraient être déçus, mais l’album offre quelques moments avec des riffs de guitare originaux, pas assez à mon gout cependant. Dans l’ensemble, cet album met en valeur le son unique de Leprous, qui reste uen valeur sure du Metal Prog, l’exécution est toujours impeccable et il ravira les fans de leurs travaux récents.
- Ihsahn – Ihsahn (Black Metal Progressif/Symphonique)
La légende norvégienne du Black Metal (leader de Emperor plongeant dans le progressif pour ses projets solo depuis quasiment 20 ans) délivre ce qui pourrait être l’un de ses meilleurs sorties en trois décennies de carrière, fusionnant sans effort ses racines Black Metal avec des éléments Pop, Prog et des orchestrations symphoniques. Cet album met en avant la capacité d’Ihsahn à innover tout en restant fidèle à son genre. Je ne suis d’habitude pas trop friand d’orchestrations à bases d’instruments à cordes, souvent pompeuses, mais elles passent particulièrement bien ici.
- Azure – Fym (Rock Progressif/Power Metal)
Ce nouvel opus démontre le talent indéniable du groupe, bien que leur musique puisse être difficile à suivre par moments. Ce groupe anglais livre un son hautement théâtral et euphorique qui frôle l’extravagant. Cela ressemble à une comédie musicale des années 80 avec une forte influence Prog Metal, ce qui peut ne pas convenir à tout le monde. Les vocaux aigus et les éléments théâtraux peuvent parfois être irritants, et la musique semble parfois désarticulée. Cependant, leur maîtrise musicale est indéniable—souvent groovy, toujours épique. Les influences sont à trouver dans le Power Metal des 90s, on se areppelle Rhapsody (of Fire) ou Heavy/Prog épique façon Ayreon, deux groupes que je respecte mais que je n’apprécie pas particulièrement. Leur son touche également aux influences plus actuelles, évoquant des groupes comme Haken ou Pain of Salvation. En résumé, c’est un mélange à la fois brillant et irritant, mais indéniablement unique.
- earthtone9 – In Resonance Nexus (Métal Alternatif Agressif)
earthtone9 livre une expérience puissante et dynamique avec cet album qui mêle leur mélange signature de Métal Alternatif et d’agression groovy. Meme si il n’a jamais vraiment percé commercialement, le groupe a émergé à la fin des années 90 en Angleterre et s’est rapidement imposé comme une force unique dans la scène métallique grâce à leur écriture complexe et au style vocal du frontman Karl Middleton alliant voix claires et hurlées. Avec In Resonance Nexus, leur premier album depuis plus d’une décennie, le groupe présente une énergie brute combinée à une créativité raffinée, offrant des riffs acérés et des voix toujours aussi saisissantes, qui ravira les nostalgiques de ce son des années 90s.
Et pour ceux qui sont arrivés au bout voici la playlist Spotify avec quelques morceaux en plus de :
- Hail Spirit Noir (Progressive Black Metal / Psychedelic Rock): un groupe grec connu pour mêler black metal avant-gardiste et atmosphères rock psychédéliques.
- Orgone (Progressive Death Metal / Experimental) : un album de métal technique, dissonant, se mêlant à des passages acoustiques avec du chant (en Français parfois, façon chanson cabaret!), des violons, un truc totalement unique en son genre. Pour fans de Sleepytime Gorilla Museum en plus tech death, The Odious, Unexpect.
- Lowen (Doom Metal with a Middle Eastern vibe) : un métal lourd et puissant, avec au chant une nana iranienne, les paroles sont en persan (farsi) et son chant a clairement une touche orientale. Musicalement c’est dense et rythmé, une sorte de métal doom/alternatif/prog aggressif et typé.
- Delving (Psychedelic Progressive Rock) : projet solo de Nick DiSalvo d’Elder, explorant des terrains instrumentaux et oniriques du prog rock.
- Notochord (Instrumental Progressive Metal) : un metal extreme complexe à l’atmosphère futuriste, par l’ancien chanteur de The Contortionist.
- Night Verses (Progressive / Experimental Rock) : Un trip instrumental connu pour ses compositions cinématographiques et son énergie intense, mêlant des racines post-hardcore à des expérimentations prog. Le morceau avec Brandon Boyd de Incubus au chant est excellent, je l’aurais bien vu sur tout l’album.
- VOLA (Progressive Metal/Djent) : le groupe Djent danois a désormais fait sa place dans le Metal Prog, je suis mitigé sur l’album, trop de facilité pour moi, mais il comporte quelques bons morceaux.
- Pallbearer (Doom Metal/Progressive Rock) : un peu déçu par le virage à 90 degrés et la quasi absence de gros riffs doom, mais ça reste un bon album.
- SLIFT (Space Rock / Psychedelic Rock) : ce trio français de Stoner psychédélique continue de créer des paysages sonores cosmiques et expansifs, avec des rythmes lourds et entraînants, à voir sur scène indéniablement.
- Artificial Language (Progressive Metal/Djent) : un bon EP pour ce groupe de Prog/Djent qui j’espère percera bientot avec un album à la hauteur.
- Bird Problems (Progressive Metal/Djent) : un autre groupe de Prog/Djent avec seulement un EP cette année dont j’attend la suite avec impatience.
- Datura (Psychedelic Stoner Rock) : des riffs lourds qui rencontrent un psychédélisme tourbillonnant et une voix féminine, parfait pour les amateurs de rock désertique, j’adore le single « Venom ».
- Sungazer (Jazz Fusion / Progressive / Electronic) : un duo avant-gardiste combinant improvisation jazz et beats électroniques, Mark Lettieri et Plini en guitaristes invités.
Merci beaucoup à l’équipe pour la préparation de ces bilans, c’est du boulot mais vraiment super pour les lecteurs afin de revisiter ce qu’on a pas vu passer ou qu’on a oublié d’écouter !
Pour moi l’ album le plus sous-côté de l’année est Fall de Borknagar, je ne désespère pas de le voir apparaêtre dans le bilan de Krakoukass :)