Apparu il y a presque quinze ans alors que le postcore était trusté par des groupes comme Cult Of Luna ou Isis, Rosetta a choisi d’évoluer sans pour autant perdre son identité sur ce sixième album. Autoproduit depuis 2013, c’est un peu à cette période que j’ai laissé le groupe de côté, pas complètement convaincu par le virage plus doux sur The Anaesthete de la bande à Mike Armine. Un côté toujours d’actualité sur Utopioid ?
Le début de ce sixième album le confirme. « Amnion », intro instrumentale, puis « Intrapartum » et son chant clair sensible montrent combien Rosetta se plait à chercher dans les atmosphères de la fragilité. A ce moment de l’album, on se demande si le groupe de Philadelphie a totalement retiré les parties hurlées/nerveuses qui le caractérisaient autrefois. La réponse sera non dès le très bon « Neophyte Visionary », titre s’inscrivant dans la lignée de A Determinism Of Morality (2010) avec un excellent condensé de puissance et de désespoir sortant de la gorge d’Armine. Point noir tout de même et pas des moindres, la voix semble beaucoup trop souvent en retrait par rapport à ses comparses, un choix de production discutable qui ne nous empêchera pas toutefois de nous immerger dans la musique, toujours si unique, de Rosetta.
Oui car Rosetta a toujours su trouver sa propre version du style. Parfaitement reconnaissable au milieu des wagons de groupes/clones apparus il y a quelques années (dont la plupart a disparu depuis), le quintet a su se renouveler afin de ne pas faire dans la redite. Grâce à ses incursions post-rock (« 54543 » ou « Intramortem », splendide instrumentaux avec un peu de synthé pour le côté « spatial » qui lui est cher, davantage drone pour le second) ou encore son utilisation plus récurrente du chant clair (« Hypnagogic »), Rosetta est dorénavant encore plus mélodique, plus accessible aussi, mais parvient de temps à autre à revenir à ses premières amours sur fond de puissantes explosions cathartiques (les superbes « Détente » et « Qohelet », mixant idéalement leurs deux facettes, les passages burnés ayant leur impact suite à de belles montées en puissance « comme au bon vieux temps »).
Bref, la production mise à part, les amateurs de Rosetta devraient être aux anges avec ce Utopioid, même si l’on est toutefois loin de l’excellence des débuts. Mêlant sensibilité et puissance, ce joli nouvel album fait fi des tendances actuelles et reste fidèle à leur vision du style. Et toujours en « name your price » !
- Amnion
- Intrapartum
- Neophyte Visionary
- King Ivory Tower
- 54543
- Détente
- Hypnagogic
- Qohelet
- Intramortem