Concert du 14 mars 2018 au Roxy (Prague).
Quasiment trois ans après l’un de mes premiers live-reports sur Eklektik, le groupe dont il était question à l’époque, In Hearts Wake, revient en terres tchèques, accompagné cette fois de grosses écuries dont les allemands de Heaven Shall Burn qui célèbrent pour l’occasion leur ultime tournée concernant l’album Wanderer. C’est donc cette fois-ci au Roxy, grosse salle pouvant accueillir un bon millier de personnes qu’a lieu le concert, l’occasion pour voir dans un premier temps si les australiens se défendent aussi bien qu’en club.
Le boulot puis les embouteillages me feront manquer le début du concert, démarrant à 18h30 pile poil. J’entre dans la salle déjà très garnie quand le groupe australien termine son sympathique titre « Breakaway », unique titre de l’album Skydancer qui sera joué ce soir-là. En effet, les australiens privilégieront ceux de leur (très moyen) dernier album en date Ark, notamment le plutôt bon « Warcry ». Comme d’habitude dans cette salle, le son est archi fort et noyé dans les basses, heureusement cela passe beaucoup mieux avec des protections auditives. En club comme sur une grande scène, In Hearts Wake se montre à l’aise, renforçant son agressivité par rapport aux albums studio (le bassiste à chant clair ayant d’ailleurs son niveau de voix plus bas qu’à l’accoutumée) ainsi que son impact visuel grâce à des lights inventifs. Je ne verrai ce soir que quatre des sept titres du groupe, le dernier étant « Refuge », titre très efficace tiré du split avec Northlane, parlant de la situation des migrants. Au final, malgré la courte durée de ce que j’aurai pu voir, ce set confirme mon avis précédent: je préfère In Hearts Wake en live que sur album.
On change ensuite totalement de registre avec Whitechapel, groupe du Tennessee considéré comme l’un des derniers groupes de deathcore valant le coup. Ayant abandonné le style depuis déjà pas mal de temps, je ne m’attendais à rien d’autre qu’à du brOOtal. Et il n’y a pas eu d’erreur sur la marchandise ! Du haut de leurs trois (!) guitares, Phil Bozeman et ses potes n’auront mis que quelques secondes d’intro avant de déverser leur violence. Et comme le veut le style, le son sera loooourd et bardé de breakdowns bien méchants tandis que le vocaliste arpentera la scène avec charisme en nous abreuvant d’éructations diverses, de quelques growls de brontosaure et de même quelques pigsqueals. De « Our Endless War » au plus récent « Mark Of The Blade », une partie de la discographie du groupe sera passée en revue en huit titres malheureusement embourbés dans le son de mauvaise qualité du Roxy. Du coup, très peu de variations se feront entendre, et reconnaître ne serait-ce qu’un titre au milieu de cette bouillie sonore relèvera de la mission impossible. Du coup, pas vraiment possible de rentrer dans le set des américains, très fatigant à la longue. Joué en guise de final, l’efficace « This Is Exile » (tiré de l’album du même nom) viendra tout de même me réveiller un peu, mais que ce fut pénible avant ça !
Je décide d’un peu mieux me placer pour le set d’August Burns Red, mais non, où que j’aille, les problèmes de son persisteront ! Et c’est fort dommage pour le groupe de Lancaster, Pennsylvanie, qui est autrement plus nuancé que son prédécesseur ! Le metalcore du groupe, se voulant plus pêchu et mélodique, sera lui aussi pas mal dans les basses (même si les choses seront un peu plus compréhensibles). Pendant quasiment une heure, le groupe jouera dix titres tirés de la quasi intégralité de leur discographie, avec des vieilleries comme « Empire » ou « Composure » mais surtout une majorité de titres plus récents, beaucoup moins à mon goût (comme je l’avais observé dans ma chronique de Found In Far Away Places). Les cinq mecs, chanteur en tête, savent faire le spectacle et se mettre dans la poche le public, lui répondant au doigt et à l’œil. Un œil qui ne marchera parfois plus très bien quand surgit du pit devant moi un mec à l’arcade en sang qui viendra s’évanouir quelques mètres plus loin (il sera pris en charge par des gens près de lui avant qu’il ne quitte les lieux). Avec une setlist pas vraiment ultime (l’oubli de « Meddler » est assez frustrant) et des titres récents qui ne passent pas vraiment, autant sur album qu’en live, c’est un set en demi-teinte auquel j’ai assisté. Mais les amateurs auront bien pris leur pied étant donnés tous les sourires visibles pendant l’ultime entracte, tant mieux pour eux.
The Final March Tour possède donc Heaven Shall Burn en tête d’affiche. Le groupe de Saalfeld arrose ses vingt-deux ans de carrière par une tournée européenne du genre triomphale. Car le groupe y a mis les moyens ! Lights et effets visuels de toute beauté, setlist de pas moins de seize titres passant en revue la carrière du groupe, une carrière que je n’ai personnellement plus trop suivie depuis quelques années. Mais que ça fait plaisir d’entendre des vieilleries comme « Counterweight », « Voice Of The Voiceless » ou bien le classique « The Weapon They Fear » (tube joué quand même un peu trop tôt dans la soirée). Le groupe allemand est visiblement heureux d’être là, les guitaristes affichant un large sourire tandis que le chanteur se montre hyperactif dans la déconne en en faisant des caisses, interpellant directement des gens du public (à qui il demandera de faire un circle pit géant passant derrière la console) ou jouant régulièrement avec son micro. Le son est en tous cas cette fois un peu plus limpide, toujours plein de basses certes, mais il semble que l’ingé son ait enfin pris conscience du souci sonore. L’énergie et le professionnalisme de ce groupe, ayant au fil des années fait muter son hardcore vers du death mélodique, sont indéniables. Peu de temps morts et une efficacité sans faille font que le temps passe donc beaucoup plus vite qu’avec les deux groupes précédents ! A noter que deux covers seront jouées ce soir, tout d’abord « Black Tears » d’Edge Of Sanity puis le culte « Valhalla » de Blind Guardian qui conclura le rappel accueilli sous les hourras.
Après un tel set, ce sera quand même la satisfaction d’avoir pu voir la machine de guerre Heaven Shall Burn qui primera. Le reste des groupes ayant été beaucoup moins intéressant (malgré quelques bons moments), notamment à cause du son (souci qui perdure dans quasiment tous les concerts que j’ai pu faire là-bas, ne jamais oublier ses protections auditives !!). Bref, pas le concert de l’année et une certitude: je préfère définitivement les concerts dans un cadre plus intimiste.