Ce sera long, je vous préviens, j’en profite avec ce bilan 2020 pour rattraper tout ce que je n’ai – à tord – pas chroniqué cette année. ;)
Et j’aurais du prendre le temps d’écrire plus de chroniques car il y avait de quoi faire cette année, l’année 2020 je pense est unanimement une bonne année en nombre et en qualité des sorties d’albums.
Un peu moins de metal extreme pour moi cette année, après quelques années où le death technique occupait une large part de mes écoutes. C’est sans hésitation le metal progressif dans son acceptation plus rock et mélodique qui a occupé la plupart de mon temps. Une majorité de valeurs sures, de groupes que j’apprécie déjà qui avaient peu de chances de me décevoir, mais aussi quelques découvertes majeures dans le lot. En fin de bilan quelques disques soul/jazz également, le rare genre easy listening actuel que j’affectionne – toujours rien qui m’attire dans le hip hop ;).
Les 10 albums de l’année sans ordre particulier
Haken – Virus (Rock/métal prog moderne)
Haken est pour moi le groupe qui représente le mieux le prog metal aujourd’hui, leur musique est dans la suite logique de celle des précurseurs Dream Theater, avec une personnalité sonore plus moderne. Je suis devenu accro à Haken avec The Moutain (2013) qui est précisément l’album où ils se sont le mieux détachés de cette influence je pense. Haken n’a plus rien de »heavy metal » mais c’est toujours un groupe ancré dans la scène metal, cette fois le metal extreme d’aujourd’hui, complexe et puissant, mais c’est surtout un group prog polyvalent et aux influences multiples, capable également de reprendre à leur compte une théâtralité pop très « Queenesque ». Virus comporte une série de chansons qui explorent divers styles et intensités, et l’album est si bon qu’en gros chaque chanson pourrait être un single. Sauf évidemment « Messiah Complex », qui condense en 17 minutes dans tout ce que Haken représente, y compris des rappels astucieux de mélodies et de paroles de leurs précédents albums, un bon cliché prog. Je n’imaginais pas Haken revenir avec un si bon album cet année, du coup ce fut la bonne surprise de cette année.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2021/01/haken-virus/
Caligula’s Horse – Rise Radiant (Djent/métal progressif)
Caligula’s Horse continue de prouver qu’ils forment un des groupes de prog metal les plus solides des années 2010 et l’un de mes préférés. Pour leur 5e album, ils se concentrent sur les riffs hyper groovy joué avec une précision métronomique qui forgent leur identité, ce qui donne une vibe puissante et agressive à l’album. L’émotion à fleur de peau des mélodies du chanteur est également toujours aussi prenante et dégage une chaleur particulière que seul un groupe des latitudes australiennes pouvait dégager je pense. Je considère que l’album n’atteint pas la cohérence de ses prédécesseurs In Contact & Bloom, mais c’est un grand album qui mérite de figurer parmi les meilleures sorties de 2020, du moins pour les amateurs de metal complexe et mélodique.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2020/06/caligulas-horse-rise-radiant/
Corelia – New Wilderness (métal prog moderne)
Voir ma chronique sur l’histoire derrière le fait que ce premier album enregistré il y a près de 10 ans n’est sorti qu’au début de l’année 2020, et encore sous la forme d’une démo mp3 au son assez minable, libérée sur le net pour les rares fans après autant d’années de silence radio. Ça a au moins prouvé que leur revendication d’avoir 16 titres et 90 minutes de musique enregistrée était vraie. Dommage qu’on n’ait qu’un brouillon mal mixé et pas totalement terminé à écouter, une finalisation semblant improbable aujourd’hui.
New Wilderness avec ses 16 titres, dont certains durent plus de 10 minutes, est une masse complexe à digérer. Corelia a considérablement élargi sa palette depuis le premier EP, l’étendant vers des ambiances prog plus éthérées d’un côté, vers des pistes prog metal extrême de l’autre. Si l’on saute le côté rugueux et inachevé, cet album est tout simplement une belle suprise. Il n’est pas non plus sans défauts, les paroles sont assez naïves et parfois franchement mauvaises, les solos de guitare non joués mais rendus sur des claviers midi au son dégueulasse m’agacent, mais après 6 mois je me retrouve encore à l’écouter régulièrement, ce qui faisait l’originalité de leur EP est toujours là et je ne boude pas mon plaisir, surpris d’avoir enfin pu écouter Corelia en 2020.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2020/12/corelia-new-wilderness/
Our Oceans – While Time Disappears (Art rock)
Je suis un grand fan de leur premier album de 2016, et aussi des deux albums d’Exivious, sur lesquels les 3 membres de Our Oceans jouaient ensemble un jazz/fusion instrumental métallisé. Le changement de nom vers Our Oceans s’il est malheureux car trop banal (marre des groupes avec « Ocean ») est logique car ils jouent maintenant une sorte d’art rock/prog rock bien différent et assez unique. La basse sans frettes est toujours impressionnante, le batteur excellent, mais c’est le guitariste/chanteur qui brille avec des vocaux qui sont parfois à la limite de l’émo, mais surtout très Jeff Buckley. Tout fonctionne à la perfection, un chant hyper émotionnel et une dynamique entre calme et tempête poussée à son paroxysme sur des compositions ciselées, subtiles, et éminemment complexes.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2020/12/our-oceans-while-time-disappears/
Pallbearer – Forgotten Days (Doom metal)
J’ai découvert Pallbearer récemment, ils avaient déjà sorti deux albums. Je les connaissais très vaguement de nom, je les associais à la scène stoner/doom, tout en imaginant une musique plus agressive. J’avais apprécié le titre « Atlantis » de 2019 et les 3 singles successifs de ce nouvel album m’ont conquis l’un après l’autre, à commencer par la chanson titre « Forgotten Days » et le reste de l’album ne m’a pas du tout déçu. Je pense qu’ils ont produit un vrai classique du doom. Je ne sais pas s’il existe un seul album de pur doom, chanté dans ce genre, sans influences death, qu’il ne dépasse pas déjà. Le son de Pallbearer est tout ce qu’il y a de doom : hyper massif, psychédélique, triste et épique à la fois, il est basé sur des riffs typiques, comme des cavalcades dans des territoires désolés. Cependant, ils parviennent à les transformer en hymnes, la lourdeur du doom, terne et ennuyeuse, est illuminée par des mélodies percutantes. C’est du metal jusqu’au bout des ongles mais aussi un groupe capable de plaire à un large public je pense. Enfin, je ne sais pas, un public de rock alternatif/grunge peut-être au moins, les mélodies vocales tendant vers la scène 90s.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2020/12/pallbearer-forgotten-days/
Elder – Omens (Stoner/doom/prog 70s)
J’ai de mon coté totalement adopté ce nouvel album, bien qu’il soit très différent du précédent : moins lourd, plus lumineux, parfois presque post-rock/shoegaze, ce n’est plus un son exclusivement stoner/doom, mais toujours résolument progressif . Le chant est beaucoup moins rauque et parfois limite mauvais dans les aigus, presque emo sur « Embers » par exemple, mais c’est chanté spontanément, sans artifice et on s’y habitue malgré ses défauts. Le jeu de guitare de Elder est toujours aussi remarquable, tous les morceaux comportent des dizaines de leads de guitare mélodiques entremêlés, auxquels s’ajoutent des claviers Moog pour créer une atmosphère psychédélique ensorcelante.
La chronique de Beunz : https://www.eklektik-rock.com/2020/05/elder-omens/
Black Crown Initiate – Violent Portraits of Doomed Escape (Death metal progressif avec des touches grunge)
L’album de la consécration pour le groupe, avec un album de caractère proposant un death metal moderne viscéral, porté par un des meilleurs growlers actuels, mais aussi mélodique et progressif, avec une grosse présence du chant clair caractéristique du guitariste. Une dualité sur laquelle le groupe joue depuis leurs débuts: alors que la majorité de leur musique est faite d’assauts de blast beats, de riffs agressifs et de grognements, la musique de Black Crown Initiate a aussi un côté mélodique qui s’entrelace dans leur musique, toutes les chansons ont aussi du chant clair, souvent des parties acoustiques qui rappellent Opeth ou des moments de grunge qui m’interpellent car je crois que leur guitariste et compositeur a dû écouter les mêmes groupes que moi ado, Alice in Chains, Soundgarden ou Days of the New étant évidents. Ce côté des années 90 est cependant largement contrebalancé par une vision très moderne du metal extrême, avec des riffs parfois à la limite du djent.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2021/01/black-crown-initiate-violent-portraits-of-doomed-escape/
Intronaut – Fluid Existential Inversions (Progressive sludge)
Après quelques années passées sous les radars, Intronaut revient avec son 6ème album. Le groupe est l’un de ceux que je suis depuis le début, depuis leur premier EP, qui, comme celui de Baroness d’ailleurs, est sorti peu après les débuts fracassants de Mastodon, et s’inscrivait dans leur lignée. Les 3 groupes ont formé le coeur d’un genre à cheval entre le sludge et le metal progressif. 15 ans après Intronaut en sont toujours un des fers de lance et des 3 groupes offrent la musique la plus expérimentale. Riffs polymétriques et désordonnés, progressions aventureuses de morceaux qui s’affranchissent de toute structure pop, passages psychédéliques éthérés, l’Intronaut 2020 reprend les mêmes ingrédients, sous une forme un peu plus légère mais le trip est toujours aussi hallucinogène et propice au headbanging.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2020/03/intronaut-fluid-existential-inversions/
Martin Grech – Hush Mortal Core (Art rock)
Hush Mortal Core est un album de rock conceptuel magistral, très subtil, aux multiples facettes, avec des pianos, des cordes, des guitares acoustiques, des voix d’un autre monde, mais aussi parfois (mais rarement) des riffs metal/prog agressifs, et tous ces éléments sont utilisés de manière originale, y compris le chant, une voix hantée et théâtrale, d’un autre monde. Pour amateurs de Dredg, Sigur Ros, Jeff Buckley, Tool ou les groupes de djent actuels, notamment Tesseract, pour les quelques riffs metal corsés. Le terme « art rock » n’a jamais été aussi bien défini. Sa capacité à étirer les codes du rock au folk, au classique, au jazz, à l’ambient est frappante et le résultat est un album utilisant toute la gamme de sons, du calme à la tempête.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2020/09/martin-grech-hush-mortal-core/
Wobbler – Dwellers of the Deep (Prog rock 70s)
Wobbler est un groupe norvégien existant depuis 20 ans qui a sorti des albums avec parcimonie, Dwellers of the Deep étant leur 5ème. Ils sont pour moi simplement les champions du rock progressif des années 70 revisité aujourd’hui, leur musique est 100% vintage « dans le style de » Yes ou Gentle Giant, ou Camel ou Wishbone Ash, avec les mêmes sons et instruments, claviers typiques, harmonies de voix aiguës, sens de la virtuosité et compositions aventureuses, mais modernisées avec plus de puissance. La basse est aussi virevoltante que celle de Chris Squire, les guitares et claviers déroulent des mélodies multiples dans tous les sens, Wobbler ne s’arrêtent jamais et maintiennent l’attention sur de longs morceaux labyrinthiques. Les suivant depuis 10 ans, je suis bien content de les voir se bonifier avec le temps, tout en maintenant intacte un esprit 70s qui a désormais 50 ans.
Ma chronique : https://www.eklektik-rock.com/2021/01/wobbler-dwellers-of-the-deep/
Les autres albums de l’année
Enslaved – Utgard (black metal progressif)
Je suis un fan d’Enslaved de longue date, j’ai découvert le groupe quand ils ont commencé à passer du black metal au prog, avec Monumension en 2001, mélangeant leur black metal avec le prog des années 70 et du folk scandinave. Je n’ai été déçu par aucun des albums du groupe depuis, c’est un des rares groupes avec cette constance dans la longévité. Utgard est une nouvelle réussite dans leur discographie. Les nouveaux clavier et batteur apportent une touche encore plus prog à cet album sans que le groupe perde pour autant sa touche black. Un des grands du metal aujourd’hui.
Psychonaut – Unfold the God Man (progressive metal/sludge/post-metal)
L’album a été enregistré en 2018, mais je suppose que tout le monde le considère comme un album de 2020 puisqu’il est sorti par Pelagic cette année. Pelagic est le label du leader du groupe The Ocean et Psychonaut sont en quelque sorte liés musicalement, avec une vibe plus alternative parfois. Un excellent album dans l’ensemble en termes d’écriture de chansons, variées, avec des mélodies mémorables.
Barishi – Old Smoke (sludge progressif féroce)
J’ai découvert le groupe avec leur précédent album, 2016’s Blood from the Lion’s Mouth, qui comportait des voix féroces, des riffs complexes, quelque part entre Converge, Intronaut et Rwake. J’ai été surpris d’apprendre que leur chanteur était parti, car sa voix était un élément important de leur personnalité, mais en fait le guitariste qui a repris le rôle a réussi à maintenir la même présence. Barishi est en même temps manifestement progressif, avec de longues chansons épiques et des structures plus complexes que d’habitude, mais en même temps le chant est purement dur, diabolique, maintenant dans un registre plus grave mais toujours aussi féroce.
Pour être honnête, ce nouvel album n’atteint pas l’excellence de son prédécesseur, mais il est toujours aussi génial et fait du groupe une force avec laquelle il faut compter dans la scène du doom/sludge.
Azusa – Loop of Yesterdays (thrash metal technique/rock prog)
Le guitariste et le batteur d’Extol, le bassiste de THe Dillinger Escape Plan et une chanteuse pop, qui alterne ici entre des hurlements thrash et de douces lignes mélodiques forment cette sorte de super groupe de Norvège, Etats-Unis et Allemagne qui a déjà sorti un album en 2018. J’ai adoré ce premier album, il me rappelait beaucoup Extol, un de mes groupes préférés, et ce nouvel album va dans le même sens avec une approche unique du metal technique agréablement complétée par un chant à 2 facettes. Ce n’est certainement pas un album facile, il est très souvent bizarroïde, mais c’est un ensemble avec une personnalité unique.
Plini – Impulse Voices (instrumental prog/jazz fusion)
Je suis Plini depuis des lustres, depuis ses EP au début des années 2010. Guitariste virtuose officiant d’abord seul en home studio, il a depuis quelques années formé un trio et Impulse Voices est son deuxième album. Ses compositions se positionnent de plus en plus dans une veine jazz fusion instrumentale, avec un groove tranquille, éthéré, qui lui est propre, mais ce nouvel album comporte aussi plus de passages metal bien burnés d’inspiration djent que d’habitude, ce qui crée un album très varié. C’est un album très « guitar hero » et un peu abscons pour qui n’est pas amateur de ce type de trip instrumental.
Protest the Hero – Palimpsest (metal prog)
Le groupe s’était un peu perdu depuis Volition en 2013, leur idée de s’auto-produire n’était pas mauvaise, mais le fait de ne sortir que des singles a fait que l’album Pacific Myth m’est passé à coté. Ce retour en 2020 est tout ce qu’on pouvait attendre du groupe qui navigue dans sa propre branche du metal prog teintée d’un esprit pop/punk, avec un chanteur unique. Content de les retrouver au top, toutes les qualités uniques du groupe canadien se retrouvent dans cet album.
Ulcerate – Stare Into Death and Be Still (death metal technique/post-metal)
J’ai trouvé assez peu d’albums en death technique marquants cette année, celui d’Ulcerate est d’ailleurs tout à fait particulier, et lorgne beaucoup vers un post-metal qui aurait pris ses gammes au niveau dissonance chez Deathspell Omega. Cet album a une ambiance qui en impose, c’est un maelstrom apocalyptique dont se dégage une puissance émotionnelle marquante. Leur meilleur album surement.
Pain of Salvation – Panther (prog metal)
Un autre group prog figurant dans mon panthéon aura sorti un album cette année. Je n’ai pas été autant enthousiasmé qu’avec le précédent qui voyait leur retour vers un metal prog de qualité, théatral sans être kitsch. Panther les a vu s’essayer à quelque chose d’encore tout à fait différent, plus expérimental et synthétique, emprunt de sonorités électroniques. Original mais pas la claque attendue.
The Ocean Collective – Phanerozoic II: Mesozoic / Cenozoic (post-metal)
Je suis The Ocean depuis leurs débuts et avait sensiblement laissé de coté le groupe après Precambrian et le remaniement complet du « collectif » qui est surtout le projet de son leader. Ce nouvel album est le premier depuis longtemps à me satisfaire entièrement.
Umbra Vitae – Shadow of Life (Death Metal/Deathcore)
C’est peut-être à cause des réminiscences de The Red Chord, dont le guitariste est derrière Umbra Vitae et je suppose qu’il compose la majorité des riffs, mais j’ai vraiment apprécié cet album qui figure également Jacob Bannon de Converge au chant. Ce n’est pas la meilleure chose qui soit, rien de nouveau, mais il fait son travail, un mélange râpeux et groovy de death metal et de hardcore. Mais j’aurais préféré un album de The Red Chord.
Katatonia – City Burials
Cet album aurait pu être un album solo de Jonas Renkse, sa voix est donc prépondérante et beaucoup de morceaux plutôt calmes et électroniques, mais tout le groupe est venu finaliser cet album et les guitares qui y ont été ajoutées relèvent magistralement le tout. On retrouve le style très progressif de leurs derniers albums que j’ai beaucoup apprécié et j’espère les retrouver bientôt avec un nouvel album continuant dans cette voix après cette incartade plus légère. A noter que j’adore le morceau « Behind the Blood », single assez incongru au milieu de l’album et dans la discographie du groupe, qui pose sa patte metal prog sur une composition qui rappelle plutôt un heavy traditionnel à la Judas Priest, mais avec la voix magique de Renkse et les solos géniaux dont ils nous ont habitué dernièrement.
Pure Reason Revolution – Eupnea (Rock progressif)
Le groupe anglais explosait tout avec son premier album The Dark Third en 2006, ils s’étaient perdus dans des méandres électroniques depuis je trouve et se fut donc une surprise de retrouver leur couple de meneurs et leurs harmonies de voix masculine/féminine en 2020 après 10 ans d’absence. Retour gagnant, heureusement dans le même style que le premier album qui a fait leur succès.
Vulkan – Technatura (Metal progressif)
Je ne connaissais les 2 premiers albums de ce groupe Suédois qui officie dans un rock/metal progressif avec des touches psychéliques, un peu comme un mélange de Haken et Tool dans une formulation plus 70s.
Luna’s Call – Void (Death metal progressif)
Le premier album de ces Anglais est passé relativement inaperçu et c’est assez dommage. C’est peut-être du au manque d’originalité, le groupe qui vient à l’esprit à son écoute est Opeth et clairement leur musique est relativement proche des débuts de ces derniers, avec en plus certains aspects du Opeth le plus récent, prog rock classique. Mais ces facettes sont admirablement interlacées, Luna’s Call maîtrise ses références et ont pondu un album qui vaut vraiment le coup, des compos ciselées, une exécution superbe.
Gungfly – Alone Together (Rock progressif 70s)
Projet solo du leader des feu Beardfish et ça reprend le style des Suédois, un prog guilleret, très jam dans l’esprit, rien ne manque, la pointe de claviers d’époque, les passages plus folk. J’aime moins les paroles assez simplistes et à coté de la plaque parfois.
Omnivortex – Diagrams of Consciousness (Metal extreme progressif)
Des finlandais pratiquant un death lourd, assez lent souvent, avec un son tranchant très moderne que ce soit niveau saturations ou du son de batterie. C’est agressif mais progressif malgré tout en meme temps, il y a 2 passages acoustiques, mais ça reste du metal qui bourrine la plupart du temps, avec des parties hyper groovy, d’autres death technique véloce. On est pas là pour rigoler. Le chanteur est très technique mais manque de personnalité.
The Reticent – The Oubliette (Death metal progressif)
Autre groupe à singer Opeth, non que ce soit hyper répandu, c’est juste que j’apprécie Opeth et parfois les groupes suivant leur influence. Un mec seul est derrière ce projet et joue tout, ce qui est une gageure, d’autant que les instrumentations sont variées, avec des perçus, pianos, des voix soignées, mais ça reste du death metal, enfin parfois et le plus souvent du metal prog moins extrême. Très bon au niveau vocal, quelques moments très réussis, par exemple sur the Captive, qui a également un solo de saxo, et sur lequel le chanteur excelle.
Dogleg – Melee
Un groupe assez unique dans mon bilan de cette année mais j’aime bien le style pratiqué un emo/hardcore des 90s. Ça semble avoir 25 ans, donc ça fait un peu pompé mais en fait dur de trouver des influences qu’ils singent vraiment. C’est du punk assez rapide et exécuté de façon rageuse, avec des voix qui partent en râles criés en fin de phrase. Enfin c’est surtout un très bon album dans le genre, ça donne envie de pogoter comme un adolescent. LEurs influences sont pointues, c’est pas My Chemical Romance ou Green Day, là on est sur une scène underground façon Fugazi ou Cap’n Jazz et il y a parfois dans la voix cette sensibilité emo caractéristique, mais dans une version qui arrache quand même, c’est pas un truc de tarlouze.
Cloudkicker – Solitude
Un nouvel album de Cloudkicker enregistré pendant le confinement, Autrement dire le gars y a passé des mois quand il était cloitré chez lui et ça donne un album très réfléchi, très technique. Un peu synthétique parfois, ça manque d’âme, mais il y a souvent quand même des passages excellent, des riffs monumentaux. La prod est impeccable bien sur. Ben Sharp est un des grands musiciens metal des années 2010.
Huntsmen – Mandala of Fear (doom/stoner/folk)
Leur premier album m’avais déjà titillé, mais ce second est clairement une maturation de leur musique assez bâtarde entre doom/stoner, prog rock et sludge rageur. Des harmonies vocales à la Yes sur des guitares saturées massives, avec un coté folk/country aussi et parfois des exclamations blastées/hurlées qui déboulent d’on ne sait où.
Hail Spirit Noir – Eden in Reverse (avant-gard prog metal)
Je connaissais peu ce groupe grec et ai été agréablement surpris par cet album. Ça ne ressemble plus au black des débuts, mais la majorité des membres semblent avoir changé. Il n’y a d’ailleurs plus de cris. Leur musique a une touche plutôt scandinave en fait, façon Arcturus ou Ulver, mais dans une version psyché 60s.
Jazz/soul en vrac
Si j’écoute surtout du metal, j’ai aussi une affinité pour certains types de jazz et en particulier les groupe de nu-jazz anglais ainsi que la neo soul en général (Erykah Badu, D’Angelo, plus récemment Hiatus Kayote).
Seba Kaapstad – Konka (Neo soul)
Je ne saurais dire pourquoi j’aime précisément ce groupe sud-africain mais j’avais beaucoup accroché à leur premier album l’année dernière et ce deuxième est du même niveau niveau, des instrumentations jazz fusion variées, une chanteuse et un chanteur avec des voix noires bien personnelles.
Tigran Hamasyan – The Call Within (Jazz fusion aux mélodies arméniennes)
Pianiste de génie ici en trio et ce nouvel album est surement celui auquel j’ai le plus accroché sur la durée de sa discographie. Un album phénoménal au niveau technique que ce soit en terme de mélodie comme de (poli)rythmiques, sans que ce soit barbant pour autant, Hamasyan a une touche unique bien reconnaissable : les rythmes martelés sur les touches du piano, les mélodies subtilement décousues, les choeurs de voix arméniennes.
Tom Misch & Yussef Dayes – What Kinda Music (Neo soul funky)
Je connaissais le guitariste/chanteur Tom Misch pour ses connexions avec Jordan Rakei dont je suis fan, le batteur Yussef Dayes pour quelques vidéos vues en connexion avec la scène nu jazz londonienne, ils proposent ici une collaboration sous forme de jams assez directs, du soul/jazz smooth qui passe tranquille.
Thundercat – It Is What It Is (Neo soul/jazz fusion psyché)
Un autre nom qui tout de suite laisse présager de la qualité même si on peut être certain d’avoir à faire à quelque chose de barré, Thundercat aime généralement produire des albums en forme de trips perso composé de beaucoup de titres assez courts de une minutes ou deux. C’est encore le cas ici, les lignes de basses virtuoses surnagent au dessus de clavier éthérés, de voix en falsetto semblant sortir un rêve psychédélique.
GoGo Penguin – GoGo Penguin
Le trio piano/contrebasse/batterie reste fidèle à son style organique avec des mélodies lancinantes en boucle et des rythmiques inspirées du trip hop et drum n’bass. C’est toujours aussi bien fait même si la formule commence à être un peu rodée maintenant.