Corelia – New Wilderness

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Style: metal progressifAnnee de sortie: 2020

En 2011, un petit groupe californien sortait un EP qui fut un certain bruit, du moins parmi les amateurs de ce qui a alors été appelé djent, même si au final la musique de Corelia était loin de se résumer à ce terme. Nostalgia est un gros EP de 7 titres de metal prog avec une personnalité bien propre, porté par un jeu de guitare original virtuose et un chant versatile. On remarquait également l’auto-production léchée, tout ce qui laissait imaginer un futur radieux pour le groupe.

Ma chronique à l’époque était élogieuse et les espoirs grands quant au premier véritable album qui devait suivre. Je n’étais pas le seul car le groupe créera une campagne Indiegogo en 2014 pour demander sur cette plateforme participative à leurs fans de les aider à financer l’album. Ce groupe avait une ambition démesurée et annonçait avoir 16 morceaux de composés, leur idée était de faire un premier album double de 90 minutes. La campagne était bien orchestrée et fut un succès, ils explosèrent même leur objectif et de retrouvèrent avec 35,000 dollars et rapidement un label et un management.

Fast forward debut 2020, et aucun début de détail sur l’avancement de l’album annoncé et quasiment aucune communication aux fans, Corelia semblait avoir disparu avec le magot. Les milliers de fans ayant participé ou comme moi n’ayant rien payé mais toujours assez fan de l’EP pour venir aux nouvelles régulièrement, criaient soit au scandale soit aussi gâchis.

Et en ce mois d’avril 2020, on comprit un peu mieux le désastre.

Aussi surprenant que ça puisse l’être c’est un fan qui aura déclenché une diffusion à l’arrache de la démo inachevée de cet album New Wilderness. En créant une fausse page Facebook annonçant la sortie de l’album, il incita un membre du groupe à reprendre contact via la page officielle puis à diffuser la seule version de l’album en sa possession. Une version mal mixée, en construction, avec des passages non terminés, des solos non enregistrés, mais tout de même un album construit avec 16 morceaux et 90 minutes de musique. Cela prouvait du moins que le groupe ne bluffait pas, mais l’histoire est d’autant plus désolante qu’elle laisse apparaître l’immense gâchis d’un groupe ayant explosé en plein vol, sans qu’aucun de ses membres ne fasse quoi que ce soit par la suite. Avec le peu d’éléments à disposition, l’explication la plus plausible semble être qu’un membre du groupe qu’on devine être le guitariste et compositeur principal, mais également celui qui s’occupait de l’enregistrement, semble avoir à un moment pété les plombs et a complètement disparu, abandonnant le reste du groupe sans leur donner accès aux pistes séparées de ce qui avait déjà été enregistré. On comprend leur désarroi mais moins les années passées sans donner de nouvelles.

Bref, on a aujourd’hui au moins une version de cet album, en fait des fichiers mp3 de qualité moyenne, qu’un fan améliorera avec un service de mastering automatique par intelligence artificielle.

La sensation de gâchis est accentuée par le fait que cet album avait un potentiel énorme et sorti en 2015 aurait été une bombe dans la scène prog. Si seulement on avait aujourd’hui un album finalisé aussi bien produit que l’est le premier EP… il semble que ce soit peine perdue. Aujourd’hui le reste du groupe a fait amande honorable et remboursa même les participants à la campagne Indiegogo.

New Wilderness avec ces 16 morceaux dont certains dépassent les 10 minutes est une masse complexe à digérer. Corelia a sensiblement élargi sa palette depuis le premier EP, l’étendant vers des ambiances prog plus éthérées d’un côté, vers des titres métal prog extrême d’un autre. Si on passe outre la prod approximative et le côté inachevé, cet album juste vraiment très bon. Il n’est pas non plus sans défaut, les paroles sont assez naïves et parfois franchement mauvaises, les solos de guitares non joués mais rendus en claviers midi au son minable m’agacent, mais après 6 mois je me prend encore à l’écouter régulièrement, ce qui faisait l’originalité de leur EP est toujours bien là et je ne boude pas mon plaisir, surpris d’avoir pu enfin en 2020 écouter du Corelia.

jonben

Chroniqueur

jonben

Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

jonben a écrit 536 articles sur Eklektik.

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Commentaire

  1. Patrick says:

    Quel dommage , je viens de découvrir cette musique à travers vos colonne , je confirme que ce groupe avait un potentiel énorme , d’autant plus énorme qu’il explose des groupes  » connus  » actuellement sur le marché !
    Heureusement qu’il reste cet enregistrement , certes imparfait , mais combien important !

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