A l’occasion de la sortie de Christ 0, votre serviteur a eu la chance de rencontrer pour sa première (et fébrile) expérience en tant qu’interviewer, Andy Kuntz, le prolixe et sympathique front-man de Vanden Plas, à l’occasion de la sortie de leur dernier album Christ 0.
Pour commencer doit-on prononcer Christ 0 ou Christo ?
Comme tu veux, Christo est une adaptation du nom ‘Monte-Cristo’ et Christ 0 signifie ‘Sans le Christ’…
Cet album est un nouveau chef-d’œuvre dans votre discographie, il nous ramène dans son esprit (Et même dans certains titres) à l’époque de The God Thing. Y a-t-il un lien entre ces deux albums ?
Non, mais c’est drôle parce que les deux précédents interviewers m’ont fait la même remarque. Je pense qu’en tant que groupe, on ne réalise pas ce genre de choses lors de la composition. Nous ne voulions pas volontairement retourner vers l’esprit de The God Thing mais finalement c’est celui-ci qui a émergé. Beaucoup de gens le disent. Mais les deux albums ne sont pas liés. Nous n’avons pas fait comme Queensrÿche (NDLR : Andy fait allusion à Operation Mindcrime I & II). Christ 0 a une signification différente et chaque album est indépendant des autres…
Peux-tu nous expliquer le concept de cet album ?
C’est une adaptation du classique de Dumas, ‘Le Comte de Monte-Cristo’ que j’ai modernisé. Cette vieille histoire n’aurait pas totalement correspondu à notre manière de composer pour Vanden Plas. Je l’ai donc transposée en un récit criminel qui se déroule de nos jours, mais en gardant bien sûr la même signification. Cet homme est emprisonné pendant des années, revient et tue tous ses ennemis… mais la fin est différente, de nos jours tu ne peux pas laisser entendre qu’un type tel qu’Edmond Dantès soit un martyre et qu’il puisse tuer ainsi. Je peux le comprendre, mais à la fin, il doit devenir un ange déchu et pas un héros. J’ai donc écrit une fin plus dramatique.
L’expérience Abydos a-t-elle eu une influence sur l’écriture de Christ 0 ?
Je crois que oui. Abydos a été l’occasion pour moi de travailler pour la première fois avec un orchestre classique. Les autres membres de Vanden Plas ont beaucoup apprécié le résultat. Et Gunther (Clavier du groupe) est à présent capable d’élaborer ce type d’arrangement, car nous avons travaillé ensemble durant ces quatre dernières années avec de grands ensembles. Il sait exactement comment s’y prendre et il a apprécié la manière dont Abydos a été composé. Il essaie maintenant d’appliquer ce savoir-faire à la musique de Vanden Plas. Ces arrangements vont d’ailleurs très bien avec l’histoire qui pourrait aussi faire l’objet d’une comédie musicale. Tout ceci va très bien ensemble.
Le choix d’adapter le Comte de Monte-Cristo est-il une manière d’exprimer ton intérêt pour la France ?
Bien sûr ! J’aime beaucoup la France, les Français et leur mode de vie. Quand j’étais plus jeune, mes parents sont venus 6 ou 7 fois en Gironde à Bordeaux et Hourtin. J’ai aussi été en Ardèche. J’aime vraiment les gens dans ce coin, je les respecte et je crois qu’ils le ressentent. Même si c’était un roman Anglais, ‘Le Comte de Monte-Cristo’ serait excellent mais il est vrai que mon attachement pour ce pays a eu une influence dans mon choix.
Comment a été élaboré le visuel de l’album ?
Nous avons réfléchi à la manière de mettre ceci en œuvre, puis nous avons travaillé avec quelques artistes afin de traduire en image ce que nous avions en tête. C’est bien sûr une photo, mais ça pourrait presque être un tableau. C’est vraiment très étrange car le personnage sur la photo porte réellement des vêtements qui ont deux cents ans, il en va de même pour le pistolet, nous en avons acheté un d’époque. Tout correspond vraiment… Ce type pourrait ne pas être le Comte, mais simplement quelqu’un qui retient l’attention des gens dès la première seconde en disant ‘Ecoutez-le ou mourrez !’. C’est plutôt drôle…
A propos du titre de l’album, pourrions-nous imaginer que Vanden Plas mette en place une sorte de trilogie en relation avec la Sainte Trinité ? Cette trilogie aurait commencée avec The God Thing, continuerait avec Christ 0 et se finirait avec un album intitulé The Holy Spirit ?
Non, pas vraiment… peut-être dans l’esprit de la chose, mais pas dans les intentions. J’aime que les gens s’approprient nos œuvres et en tirent des interprétations. Mais sur ce point, non ce n’est pas notre intention !
Je ne suis pas vraiment un grand fan des solos, mais ceux de Stephan sur ‘Christ 0’ sont ‘lisibles’ et ne tombent jamais dans le piège de la démonstration. Comment travaillez-vous dessus ?
Stephan travaille vraiment beaucoup sur son instrument et il est très critique envers lui-même. Et avant qu’il ne nous fasse écouter les solos qu’il écrit pour nos chansons, il attend qu’ils soient peaufinés à 90 %. Au fil des années, nous nous sommes tous améliorés en tant que musiciens et nous avons affinés nos goûts. Et je pense également que nous avons bon goût musicalement, nous n’aimons pas les solos trop longs et trop démonstratifs. Ils sont bien sûr nécessaires mais doivent être intelligemment construits et intégrés à la musique. Stephan a énormément progressé ces dernières années et il continue.
L’un des titres les plus marquants de l’album est ‘Fireroses Dance’, que je considère comme le joyau de Christ 0. Peux-tu en dire un peu plus à propos de ce titre ?
C’est une chanson écrite par Gunther il y a 3 ans. A la base, c’était une ballade pour piano uniquement. Et tout ce qui a été ajouté au moment où le ton se durcit dans la chanson n’était pas écrit. Nous voulions l’intégrer au concept, mais nous sentions qu’il manquait quelque chose. Nous nous sommes donc attelé à l’écriture d’une fin, mais c’est parfois très difficile car ça ne fonctionne pas. 99 fois sur cent, on se plante. Rajouter une fin à un morceau déjà écrit est un processus plutôt délicat, mais je pense que nous sommes parvenus à être dans le 1 % qui fonctionne. Nous avons donc décidé de produire la chanson dans cette idée et je suis très fan de ce titre. Nous l’avons joué il y a un an sur scène en version piano et les gens l’ont aimée. Certains ont appris ce que nous allions faire de ce titre et disaient ‘Non, ne faites pas ça, ne jouez pas ce titre avec le groupe au complet !’. Finalement ils nous remercient pour ce que nous en avons fait ! J’aime aussi beaucoup ‘Silently’. Nous n’avions jamais encore composé ce type de morceau. C’est une chanson à la fois dure et mélodique, et qui soudain s’apaise sur le refrain. Prendre le contre-pied d’une montée en puissance habituelle est nouveau pour Vanden Plas. Il y a d’autres excellents titres sur l’album, mais je ne veux pas en parler ! (rires)
La composition de Christ 0 a-t-elle été un long processus ?
Oui, cette période a été très longue. Il y a quatre ans nous avons sorti Beyond Daylight, il s’en est suivi une tournée durant laquelle j’ai perdu mon père, ce qui nous a amené à annuler quelques dates. J’ai pris du temps pour écrire mon projet solo Abydos afin de surmonter cette épreuve. Cela m’a pris quatre mois et les gars de Vanden Plas m’ont vraiment soutenu dans ce processus qui m’a permis de reprendre le dessus. Au travers de tout ceci, nous avons écrit chacun de notre côté pendant presque 4 ans avant de réunir nos idées. Nous avions 25 chansons, et le choix est évidemment plus aisé lorsque tu dois en choisir 9 ou 10 parmi 12 au lieu de 25. Je finissais le script pour Abydos en même temps que les paroles pour Christ 0, ça a été plutôt difficile, j’ai vieilli de 2 ans en 3 mois, il fallait jongler entre les représentations d’Abydos et les concerts de Vanden Plas. Au final tout cela a été long, 4 ans…
Le style de Vanden Plas a peu évolué au fil des années et des albums. Certains vous le reprochent, je considère pour ma part cette caractéristique comme une qualité. Comparerais-tu dans cette optique votre groupe à des formations telles qu’AC/DC ou Iron Maiden ?
Peut-être bien… je vois ce que tu veux dire. Le style est bien sûr radicalement différent et ils gagnent beaucoup mieux leur vie que nous ! (rires) Ces groupes conservent toujours le même style et le font évoluer, oui, je suis plutôt d’accord avec ça.
Quelle expérience t’ont apporté tes participations aux comédies musicales Rocky Horror Picture Show ou encore La Petite Boutique des Horreurs ?
La présence sur scène en tant qu’acteur est extrêmement importante même pour un groupe, il ne faut pas douter une seconde. Quand tu es sur scène, tu es parfois ‘toi-même’ et ce n’est pas ce que le public attend. Ils savent bien sûr que tu es un être humain lambda mais ils veulent aussi croire que tu es une sorte d’idole. Et tu apprends tout cela sur une scène de théâtre. Et cela m’aide car en temps normal je suis quelqu’un de timide et j’ai eu la chance de pouvoir m’améliorer dans ce domaine. Tu dois énormément te concentrer pour un rôle, il n’y a pas moyen de se saouler à la bière, d’oublier son texte. Ces expériences ont été précieuses pour s’attaquer à Jesus-Christ Superstar ou Nostradamus qui sont vraiment de grands rôles où tu passes près de trois heures sur scène avec un texte très long. Tu dois aussi chanter différentes parties accompagné par un orchestre. J’ai énormément appris des artistes que j’ai côtoyé, ils étaient bien meilleurs que moi ! Les gens diront ‘Voilà Vanden Plas va maintenant mettre quatre ans à sortir son prochain album’ mais sans cette expérience, Christ 0 ne serait pas ce qu’il est.
Quel rôle as-tu joué dans Rocky Horro Picture Show ?
Presque tous ! J’ai joue Eddie, Riff-Raff, Rocky, pas dans la même représentation bien sûr ! (rires) Le rôle de Judas m’a beaucoup plu, celui de Nostradamus également. Le rôle de Fly dans Abydos est bien sûr très proche de moi. Et c’est parfois difficile d’interpréter ce type de personnages qui contiennent une part de soi-même. Ca peut paraître enfantin, mais j’ai eu un bon metteur en scène qui m’a bien dirigé.
La religion est toujours très présente dans vos albums. Dirais-tu qu’elle a une influence sur votre musique qui est parfois très solennelle et positive ?
Cela se pourrait bien… la religion m’aide à surmonter les épreuves. Je prie souvent. Je ne suis pas religieux au point d’aller tous les week-ends à l’église. Mais j’aime me recueillir dans de grands et beaux édifices. Malheureusement mon passage à Paris est bien trop court pour me rendre à Notre-Dame. Mais j’aime cette vibration positive et je la retranscris dans mes paroles.
Vanden Plas a gardé le même line-up depuis le début, c’est rare. Quel est votre secret ?
L’amitié ! Je ne peux pas l’expliquer… tous les membres du groupe sont vraiment différents les uns des autres, mais en tant que groupe nous ne faisons qu’un, tout s’assemble véritablement bien.