Je coupe court de suite à la première question de toutes les personnes lisant ce live report : c’était bien le vrai DOOM. Il rappait comme DOOM et avait la bedaine de DOOM. Pas de vol à ce sujet; pour le reste, on va y venir.
Ouverture des portes, un Dj mixe discrètement dans le coin de la scène et est vite remplacé par Ugly Mac Beer & Mister Modo, deux français mixant de l’horrorcore accompagné de Mike Ladd. Une fausse bande annonce de film d’horreur introduit chaque membre et on est parti pour un set avec Mike Ladd au micro accompagné de André the Monster, un type déguisé en monstre (entre Jason de Vendredi 13 et Yuri de Red is dead, le faux film d’horreur de La cité de la peur). Ladd l’évite et fait semblant de se battre avec lui tout en assurant parfaitement son flow et ses paroles.
La soirée commence bien quand elle est interrompue au bout du deuxième morceau par la projection de deux collages d’extraits de films d’horreurs, Cannibal Holocaust en premier et ensuite Maniac Cop, sous fond d’instrumentaux rap lâchés par la duo aux platines. Le son est bon et leur compos tiennent la route mais font perdre de vitesse la mise en bouche servis par Mike Ladd. Ce dernier revient ensuite au bout de dix minutes de projection pour enchainer quelques titres mais il repart vite et conclut le set au bout d’une demi-heure, vu le peu de réaction du public. Pratiquement pas de réponses quand il demande au public (en anglais) s’il est content de voir MF DOOM. La blasitude parisienne (ou le manque d’effort pour comprendre son anglais) auront raison de leur set et nous revoilà dans l’attente de la suite alors qu’il n’est encore que 20H.
Alors on attend. On attend sous fond de 2Pac passé en sourdine dans les enceintes. On attend et il se fait 20H30 alors ça gueule un peu. La mise en place des micros et des bouteilles d’eau semble prendre des plombes. Allez retour du délégué micro et bouteille. Il vérifie le micro. Il part. Il descend le pied de micro. Il part. Il revient. Il test le micro. Ca s’impatiente à juste titre et ça se demande même si DOOM va venir. Alors bien sûr, il est venu, mais à 20H40 ! Bref, le Dj se met en place et DOOM accompagné de deux mecs au backing vocals commence son show sur « Accordion » deMadvillainy. Le public est là, lève les bras, gueule. Ca reprend en coeur les paroles à tout va et DOOM semble très content d’être là. Il n’aura de cesse de venir tchecker les premiers rangs ou serrer des mains tout en rappant. Il y a quelque petits oublis de sa part mais ce sont manifestement des prétextes pour mieux repartir et continuer d’assurer. Quelque tee-shirt seront balancés dans le public sans que ça provoque trop de remous pour les attraper (pas de merchandising par contre, bizarrement). Il essaye même à un moment de sauter dans le public mais ses deux acolytes l’en empêchent.
Bref, le show complet fait avec humour. Manifestement le MC est content d’être venu jusqu’ici et le fait savoir au public. Une bonne partie de sa discographie personnelle est passé en revue mais il évite, en dehors du projet Madvillain, ses collaborations. Pas de titres de Viktor Vaughn ou deDangerDOOM mais du Mmm… food (« Hoe cakes »), du King Geedorah (« Take me to your leader ») et du Born like this (« Ball skin », « Gazzilionear ») . Au total, en comptant les rappels, 18 titres seront interprétés avec aucune fausse note. Les instrus sont par contre étouffées par les basses ce qui rend difficile la reconnaissance des morceaux. Je ne semble d’ailleurs pas être le seul tant les réactions du public sont aléatoires alors que leur par-terre n’est vraisemblablement composé que de fans. Fort heureusement le show assuré des deux côtés de la scène n’accuse pas trop son absence loin des projecteurs (les prestations du rappeur sont tout aussi rares aux Etats-Unis et tout aussi … controversées). En revanche, il semble être un bougre un peu têtu et part donc au bout d’un peu moins d’une heure de show.
Ok, le mec est joueur alors on attend et on gueule pour qu’il revienne. DOOM demande alors au public comment on dit « family » en français. Quelques personnes traduisent et il répond que l’ont est sa famille et qu’il nous aime, blablabla. Le topo habituel. Retour donc pour deux morceaux et puis s’en va un peu brutalement en ne disant pas en revoir. Le public gueule alors de nouveau et DOOM demande alors de mettre de la weed sur scène si l’on veut qu’il revienne. Ah, il est joueur! Il est chiant mais il est joueur. Pas de weed (un type lui avait quand même passé un joint pendant le concert quand il en a demandé un) mais deux morceaux de plus (« Figaro » de Madvillain, rien que ça) et le DOOM s’en va … définitivement … après une heure dix de concert … pour des places à 40 euros…
Alors comment mesurer la durée d’un concert à 40 euros par rapport à un concert à 20? Au nombre de minute passées sur scène? Au nombre de morceaux joués? C’est finalement très psychologique tout cela mais c’est aussi notre fric! 1H10 de concerts en comptant les deux rappels tirés à la force des pieds tapés par terre et des cris, cela peut donner un cinéma amusant mais finalement un peu amer pour un type qui semblait pourtant véritablement content de faire son show, et de découvrir son public européen (ça parlait espagnol derrière moi). A la sortie et sur le net beaucoup sont extrêmement déçus de ce final et de cette mise en place hésitante et jurent leur grand dieu de ne plus revenir.
Le concert fut pourtant très satisfaisant et à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre de son côté (pas de remerciements pour l’ingénieur du son en revanche). Ou, en tout cas, de ce que je pouvais attendre. On a eu notre supervillain mais ont ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi avare sur le temps. Concept poussé à bout ou fainéantise? Ce sera à voir quand il repassera (pensez bien, un petit voyage en Europe avec sa femme où il peut gagner autant de fric avec des salles remplies, ça ne se refuserait surement pas une deuxième fois) car pour moins cher, avec le même temps, ou le même prix et la garantie d’un set plus long (avec un son correct) j’y retournerais sans hésiter. Reste à voir si le public présent hier soir est aussi fan et conciliant que moi.