Live Report – Ni au Périscope (Lyon)

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Annee de sortie: 2023

Trois statues de glace ancrées sur des socles d’arrogance, déballant (à la perfection) les notes d’un excellent album, bien que formaté à la sauce actuelle technico-m’as-tu-vu d’en veux-tu t’en auras. Peut-être huits mots adressés au public pendant tout le concert, dont « bonjour » « au revoir » « ce morceau s’appelle » et un timide « merci d’être venus ». J’aurais écouté l’album à la maison que c’aurait été pareil. Peut-être mieux. Certainement mieux ; j’ai du popcorn chez moi, et on met pas 5 minutes à se réaccorder après chaque morceau. C’était Animals as Leaders y’a quelques années. Peut-être le pire concert de ma vie.

9 decembre 2023. Tandis que Marie se remet de ses lumineux déboires à Lyon, Ni envahissent la petite mais néanmoins chaleureuse scène du Périscope. Quatre silhouettes virevoltant aux bourdonnements avisés d’une musique savamment menée par quatre musi… par quatre percusionnistes si rondements carrés que les cordes de trois d’entre eux ne sont qu’un détail. Détail cependant subtilement (lol) équilibré entre l’attaque d’une intelligente basse grognant en parfaites métriques avec une batterie claire et limpide, et des guitares se répondant merveilleusement dans des registres constamment complémentaires et jamais brouillons malgré le risque assumé des dissonances communes au genre -mais rarement banales.
Rien n’est de trop. Rien n’est à jeter. Le métal de Ni est servi par une entente de (très) longue date, palpable et viscérale, le métal de Ni balance des coups qui atterrissent là où ils doivent atterir, le métal de Ni envoie des salves de guitares qui crient exactement là où elles doivent crier et colorent desdites dissonances, insistances et mélodies ce qui pourrait être l’un des meilleurs uppercuts du genre. (point.).

Dans un idéal stylistique, Fol Naïs, le nouvel album de ce quartette au grain aussi prononcé qu’une feuille à décaper de 40, s’avère jongler parfaitement entre tension et détente (dont je ne donnerai pas les évidents exemples pour vous les laisser découvrir par vous-mêmes), soutenu par un enregistrement et un mixage élevant le son à un niveau bien supérieur à leurs précédentes productions, servant ainsi la complexité rarement compliquée de cette précieuse offrande.

De cette harmonie sonore se dégage une parfaite restitution scénique, à la chaleur omniprésente, à la justesse rare, et à la vie constante. Le groupe vit, sans la survivre, sa musique d’une si agréable complexité, et que ce soit la descente aux enfers de « Dagonet », le mémorable « Zerkon », le petit tour-de-force « Berdic » ou ce stretch sonore dans le lento-limite-grave « Cathelot » que le batteur retient de toutes ses forces jusqu’à lui étirer la gueule façon pommettes saillantes sous peau tendue, cette chirurgie là, contrairement aux froides kardachienneries modernes, opère une somptueuse magie à la symbiose presque poétique tant ces gens jouent l’un avec l’autre, les yeux dans les yeux, et non… l’un à côté de l’autre, façon statues de glace.

Allez voir Ni en concert.
Aller voir Ni en concert, c’est bien.

Je n’arrive pas à croire que j’ai torché cette chro sans utiliser une seule fois le mot déflagr

 

 

 

 

Chroniqueur

OY C

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