Mini-chroniques de fin d’année version 2023 (volume 1)

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Style: diversAnnee de sortie: 2023

On n’y coupera pas non plus cette année, plaignons-nous de ce temps qui passe trop vite et de son manque criant pour écrire sur toutes les sorties… 2023 est donc passé (ou presque) et alors que vous vous trouvez sûrement en pleine digestion de la dinde ou des chocolats offerts par tonton Jean-Claude, voici une première sélection d’albums dont on a pas parlé à leur sortie mais qu’on a pas oubliés pour autant ! Bon rattrapage (ou bonnes découvertes) ! On revient très vite pour le volume 2 !

HeavenwardPyrophonics (Fever Ltd.) shoegaze/dreampop/grunge

Monté par l’ancien chanteur de Teenage Wrist, Kamtim Mohager, Heavenward joue un mix de rock alternatif, grunge et gentiment shoegaze, ce qui fait admettre que Pyrophonics aurait très bien pu être le nouvel album du désormais duo. En effet, on retrouve ici cette alliance de mélodies essentiellement désabusées typées 90’s qui agrippent l’oreille sans effort (“Tangerine” parmi beaucoup d’autres) et de nappes de guitares nous plongeant dans un cocon duquel l’envie de ressortir s’amenuise pendant l’écoute de ce premier long-format. De quoi ravir les déçus de la nouvelle facette, un tantinet mollassonne, de Teenage Wrist.

Yellow EyesMaster’s Murmur (Sibir Records) black metal/dark folk

Sorti sans tambour ni trompette, ce nouvel album du trio de New York vient contredire toute volonté de stagnation de la part du groupe. Master’s Murmur vient en effet injecter une bonne dose de dark folk mystérieux au black metal de Yellow Eyes. Autrefois comparable aux travaux de Krallice (avec ces murs de guitares caractéristiques), ce nouvel album en possède toujours un peu mais joue davantage sur les atmosphères éthérées, parfois minimalistes voire carrément médiévales (les notes cleans et les percussions de “Tremble Blue Morning”). Un renouvellement totalement inattendu mais au charme immédiat.

Abrupt DecayAs It Came For Me, So Shall It Come For You (autoproduction) grindy noisy metallic hardcore

Avec sa cover… disons très particulière, ce nouvel EP des canadiens Abrupt Decay vous aura peut-être interpelé au milieu de ces innombrables sorties de cette année. Derrière de multiples variations, cet album, s’orientant majoritairement du côté d’un Full Of Hell pour son côté bruitiste qui vire à l’indus (l’énorme conclusion martiale “Straight To Hell”) propose des contrastes par des coups de boutoir bien gras et même des mélodies plus appuyées. Une très solide découverte.

PileAll Fiction (Exploding In Sound Records) indie rock

2023 aura été une année très chargée pour Pile. Le trio mené par Rick Maguire a en effet sorti ce All Fiction avant de revenir quelques mois plus tard avec trois nouveaux singles (qui figureront sur Hot Air Balloon, EP prévu en janvier 2024), le groupe de Boston y déploie un indie rock doux-amer immergé dans une atmosphère singulière, contemplative, poignante mais aussi complexe avec sa large variété sonique et ses multiples arrangements (de cordes notamment) venant enrichir ce superbe huitième album inspiré notamment par le surréalisme (avec Duchamp en tête).

Kevin AbstractBlanket (RCA Records) hip hop varié

Electron libre de la scène hip hop texane, Kevin Abstract (fondateur du collectif local Brockhampton,récemment splitté) a surpris pas mal de monde rien qu’avec la cover de ce nouvel album. En effet, le gaillard y figure arborant le masque utilisé par les shoegazeux Nothing pour Dance On The Blacktop (2018). Référence volontaire ou coïncidence ? Quoi qu’il en soit, on trouve comme point commun des envies rock typées 90’s venant compléter l’univers très personnel de Kevin, donnant une nouvelle pulsation bien loin de ses habitudes rap entendues auparavant. Excellent album !

The Acacia StrainFailure Will Follow / Step Into The Light (Rise Records) gros metalcore qui doome

The Acacia Strain n’aime pas faire comme les autres. Après son Slow Decay (2020) sorti au compte-goutte sous forme de courts EP, la bande à Vincent Bennett a remis ça en 2023 en sortant non pas un mais deux albums en même temps ! Step Into The Light donne dans leur style pur et dur où riffs très appuyés (avec basse prenant les devants) et moshparts au ralenti sont entrecoupés d’accélérations assassines. Sur Failure Will Follow, le groupe s’amuse à faire durer ses 3 morceaux (allant de dix à dix-sept minutes) avec leurs potes Dylan Walker de Full Of Hell (qui a été invité sur plein d’albums cette année !) et Ethan McCarthy de Primitive Man, affirmant là plus que jamais leur pendant sludge/doom.

CursetheknifeThere’s A Place I Can Rest (New Morality Zine) grunge/shoegaze

Révélés il y a deux ans avec Thank You For Being Here, les natifs de l’Oklahoma Cursetheknife ont fait leur retour sur le toujours qualitatif New Morality Zine. Au programme de ce nouvel opus, toujours cette fusion de grunge et de shoegaze un brin grésillant soit une baignade nostalgico-tristoune dans cet océan vaporeux. Contrasté de quelques riffs plus dynamiques (“The Gift”), on notera la faculté toujours aussi optimale qu’à le quartet à composer des chorus immédiats et touchants. Bref, des couteaux toujours bien affutés pour un très bel album.

Dead SomaPathos (autoproduction) mathcore

Bifurquons du côté du complexe mais pas moins brutal avec ce premier jet ! Jeune trio suédois aimant autant les saccades et les parallélépipèdes rectangles, Dead Soma concentre la brutalité radicale d’un Frontierer (influence flagrante, notamment sur « Error Blemish ») avec les nuances (toutes aussi épaisses) d’un Car Bomb. Pathos est de ces albums à la densité pouvant être décourageante de prime abord tant il recèle de détails mais qui s’apprivoise petit à petit car les points d’accroche (mélodiques aux réminiscences de Dillinger Escape Plan) sont nombreux passant d’un djent ultra clinique à des morceaux aux atmosphères mi-malfaisantes, mi-glitchées (« Root »). Un beau potentiel pour cette jeune pousse venue du froid !

Home FrontGames Of Power (La Vida Es Un Mus) post-punk avec un synthé

Parmi les grosses claques reçues cette année, le nouvel album des canadiens de Home Front n’y est pas allé avec le dos de la cuillère ! Mélangeant street punk/oï et hardcore, le groupe se distingue surtout par l’utilisation d’un synthé au rendu post-punk faisant là toute sa personnalité (avec le single “Nation” comptant parmi les plus gros tubes de l’année, tous genres confondus !). Choeurs chaleureux et rythmiques synthétiques n’ont sûrement jamais aussi bien matché !

Portrayal Of GuiltDevil Music (Run For Cover Records) blackened hardcore

Sortant ses nouveaux albums sur un gros rythme, Portrayal Of Guilt est revenu en 2023 avec un Devil Music très bien nommé. Cet EP personnifie plus que jamais l’acidité de la musique du trio, délaissant toujours un peu plus son côté screamo des débuts pour épouser leur facette black metal (“Where Angels Come To Die”), se parant même de chaos et de dissonances (“Untitled” ou “Burning Hand”). Mais là où le groupe vient nous calmer un peu plus, c’est lorsqu’il propose une relecture de cet EP avec une orchestration médiévale. La surprise passée, on pourra observer que la proposition, aussi incongrue soit-elle, vaut vraiment le coup d’oreille tant Portrayal Of Guilt parvient à garder son côté oppressant.

See You Next TuesdayDistractions (Good Fight Music) chaotic/grindy metalcore

Revenu de ses cendres parmi de nombreuses autres formations cette année (avec The Dillinger Escape Plan comme cerise sur le gâteau plus récemment), See You Next Tuesday n’aura pas chômé suite à l’annonce de son retour puisque le groupe sortira ce Distractions peu après. On y retrouve intact ce mélange de chaos et l’ultra violence, lourdingue et incompréhensible pour certains, jouissif pour les autres. Un gros pavé expéditif un brin bordélique (risque de migraine) mais à la brutalité communicative.

FearingDestroyer (Profound Lore Records) post-punk/shoegaze

Vu en 2022 en première partie de Death Bells (avec qui le groupe partage un guitariste), Fearing était alors passé inaperçu vu que nous étions que quelques personnes devant eux. Une impression d’invisibilité qui semble s’être répétée au moment de la sortie de ce Destroyer, que très peu de gens aura relevée malgré sa présence sur Profound Lore Records. Ce nouvel album propose un post-punk bien sombre, simple en apparence avec ses lignes de basse hypnotiques menant les débats avec cette batterie synthétique. Accablant mais parfois dansant (“In The Fog”), le genre d’album idéal pour vos déambulations urbaines nocturnes. Allez, ne les laissez pas tout seuls, faites moi le plaisir d’aller y jeter une oreille !

New FormsAs Dust Collects (Zegema Beach) emoviolence

Si vous n’en aviez pas eu assez avec le dernier Closet Witch, incroyable déluge de violence viscérale, As Dust Collects devrait vous prolonger le plaisir de vous faire mal. Ce combo du Massachussetts est lui aussi mené par une demoiselle aux cris acérés tandis que le riffing de ses comparses déverse ses vagues de désespoir au mètre cube. Douze titres en à peine quinze minutes pour ce premier album, l’emoviolence de New Forms pulvérise simplement tout sur son passage.

beunz
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