Encore un bon petit concert en perspective au Batofar, soirée amorcée par un apéro chez moi qui nous retardera il faut l’avouer, même si on s’attendait à ce que le concert commence avec le retard habituel. Bref à notre arrivée Revok sont en train de jouer, nous ne verrons que les 2 derniers morceaux mais 2 bons et longs morceaux, bon aperçu de l’évolution du groupe depuis les dernières fois où je les avais vus il y a plus d’un an.
Le groupe a sensiblement fait évoluer sa musique d’un screamo de bonne facture mais sans grande originalité vers un rock noise plus athmosphérique, basé sur des riffs lancinants, tout en gardant toujours cet esprit sombre et rageur. A noter que des vidéos énigmatiques mais posant une ambiance adéquat, étaient projetées non pas sur la scène mais sur le côté gauche de la salle.
J’échangerais quelques mots avec le chanteur du groupe, un barbu communicatif, qui me confirmera que les nouveaux titres joués ce soir ont été composés dans l’esprit d’évoluer de leur style initial vers plus de recherche, et je pourrais ajouter de maturité. Ca donne envie d’entendre ces nouveaux titres sur album.
Ensuite arrivera sur scène un groupe dans un style assez différent, un rock indé allemand nommé Monochrome, composé de 6 membres, un chanteur et une chanteuse se partageant les voix. On a peine à croire que le groupe n’est pas anglais, tant leur style rapelle les innombrables groupe de pop/rock indé façon revival années 70 avec un côté dandy 90s. Le début du concert était plutôt sympa, il faut dire que j’ai peu l’habitude de voir ce genre de groupe, à qui je pardonne le manque de précision par l’esprit rock n’roll qui les habitent. Ensuite, ça commence sérieusement à tourner en rond, c’est quand même très simpliste et peu varié.
J’en ai donc profité pour aller faire un tour vers la proue du bateau, dans une des petites salles que comporte le Batofar où j’ai retrouvé les 3 membres de Don Caballero, isolés, calmes, et discuté un moment avec le bassiste, le plus affable des 3, qui demandera chaleureusement à tirer quelques lattes sur un pète avant de s’en aller investir la scène dès la fin de Monochrome qui ne semblait guère les passionner.
Je ne suis pas un fan ultime de Don Caballero, je m’y suis intéressé récemment et surtout au dernier album mais c’est le genre de groupe que j’ai envie de voir sur scène, parce que le math-rock instrumental est aussi une musique qui se vit en concert, où on peut s’imprégner à 100% dans la musique.
Le groupe est mené par Damon Che, batteur et seul membre fondateur restant, et s’il s’est entouré de nouveaux musiciens (dont 2 guitaristes) pour composer et enregistrer le dernier album du groupe <i>World class listening problem</i>, ils ne joueront ce soir qu’en trio, un des 2 guitaristes étant absent. De ce fait, certains des gens qui avaient vu le groupe plus tôt cette année au festival Sonic Protest de St Ouen dans sa configuration normale ont donc été un peu déçus par l’absence des riffs de guitares intriqués. Pourtant, j’ai trouvé que le guitariste présent s’est très bien démené, outre sa virtuosité flagrante mais pas vraiment démonstrative, il utilisait un sampler pour lancer des riffs en boucles sur lequel il continuait à jouer, le tout sans anicroches, le gars maitrise vraiment très bien le principe, ce qui lui permettait de commencer par les rythmiques qu’il étoffait petite à petit jusqu’à poser des solos sur le résultat. De toutes façons, il était secondé par un bassiste bien présent sur la gauche de la scène qui posait des lignes puissantes et groovy mais aussi complexes que le jeu des 2 autres, appuyant le jeu phénoménal du batteur.
Parce que l’attraction principale de ce concert fut le batteur, qui s’excitera sur ses fûts sans discontinuité, en rajoutant énormément, frappant dans tous les sens sans louper un coup, construisant et déconstruisant les rythmiques, qui par rapport aux morceaux studio, étaient étoffées et apparemment souvent improvisées.
Au niveau du public la salle était surprenemment quasiment comble, pas vraiment surexcitée mais concentrée, aidée en cela par un set sans trop de pauses, à peine quelques phrases lancées par Damon Che.
La plupart des titres étaient forcément tirés du nouvel album (le précédent What Burns Never Returns datant de 98) plus quelques anciens morceaux. Les amateurs de longue date du groupe pouvaient peut-être être déçus, regretter les morceaux des débuts, le départ des musiciens originaux, partis à cause du caractère apparement impossible du batteur quelque peu mégalomaniaque, mais j’ai adoré ce concert tout comme j’apprécie le nouvel album, Don Caballero représentent toujours très bien leur rock instrumental complexe et inventif sur scène, et l’heure vingt de ce régime ne me laissera pas de marbre.