#Allemagne

Kerbenok – O

Est-ce l’héritage génique du romantisme ? Toujours est-il que le metal extrême le plus propice à la fuite vers les mondes perdus est souvent pangermanique. Le Celephaïs de Cryogenic, le Bitter ist’s dem Tod zu dienen de Dornenreich, le The Art of Dreaming de Golden Dawn… Des albums frappés d’un onirisme surpuissant ; chacun à sa manière, chacun avec ses références et ses visuels. Sur ce dernier point Kerbenok ne se foutent pas du monde. La gangue ornementale de cet album envahit les yeux et en transforme l’iris en piscine kaléidoscopique. Surfaces psychés, explosions végétales, arabesques déchiquetées, enchevêtrements [...]

Luror – Cease to Live

Internet comme trompe l’ennui a ses enseignements. J’ai constaté un matin récent qu’il n’y existait aucune chronique de ce qui est l’un des meilleurs albums de black metal sortis l’an passé. Pas une. Stupéfaction, réparation.
Le groupe est allemand. Cela s’entend. Le riff allemand trompe rarement. Surtout lorsqu’il forme une rugueuse charnière avec des percussions affûtées pour l’assaut, filant à la baguette d’une métrique disziplinée. Cease to Live est un album plein, un roc, la tentation de zapping est nulle. Tout en restant pensionnaires d’un classicisme doctrinal – dont la scène “orthodoxe” nous abreuve d’exemples – Luror trouvent le [...]

Max Richter – 24 Postcards in Full Colour

En 2008, Max Richter a été très occupé entre la BO du film « Valse avec Bachir » de Ari Folman, et ce nouvel album, « 24 Postcards in Full Colour ». Le titre du disque a beau promettre de la couleur, le fait est que la musique ambiante et instrumentale du compositeur allemand évoque toujours la grisaille du quotidien, la mélancolie des jours pluvieux, le temps ralenti des gouttes qui ruissellent sur les carreaux.
D’habitude, les tirades « neo-classique » ou « post-classique » de Max Richter se développent sur des laps de temps relativement longs. Ici, l’exercice est différent. Le compositeur s’est lancé un défi [...]

King Khan & The Shrines – The Supreme Genius of King Khan & the Shrines

“On m’appelle le roi de la jungle, l’homme tigre, je suis King Khan et je suis accompagné de mes Sensationnels Shrines ». C’est avec cette présentation en forme d’hommage à Rufus Thomas, que le Mahârâja du groove lubrique, le sultan du rhythm’n’punk obscène se fait connaître à nos oreilles émerveillées. King Khan, donc.
D’origine Indo Québécoise, celui qui se fait à ses débuts appeler Black Snake, joue de la basse dans le groupe garage punk The Spaceshits. C’est lors d’une tournée Européenne en 1999, qu’il décide de s’installer à Berlin. Là, il se renomme (et se sacre) King Khan [...]

Coldworld – Melancholie²

La sortie du premier EP de Coldworld (en 2006) avait suscité un vif engouement dans le milieu du black dépressif au point que la galette était rapidement devenue sold out malgré une réédition. Bon évidemment on n’a pas affaire à des tirages pléthoriques mais le petit buzz provoqué par These stars are dead now était bien réel. Et, en plus, largement mérité. J’avais moi-même placé pas mal d’espoir dans ce one man band allemand, c’est vous dire.
On ne pouvait déjà pas dire que Coldworld était le groupe le plus black du monde. Alors imaginez maintenant… (je laisse 3 [...]

My Sleeping Karma – Satya

Je ne vais pas essayer d’installer de faux suspense : le nouveau My Sleeping Karma ne confirme pas les espérances nées du premier My Sleeping Karma (chroniqué ici). Fondamentalement le groupe n’a pas jugé nécessaire de relooker sa formule, ce qu’il serait bien déplacé de condamner. On navigue toujours en plein trip stationnaire où fusionnent socle stoner à basse dominante et saillies méditatives alimentées par l’utilisation constante de synthés new age que n’aurait pas reniés Popol Vuh. Jusque là je souscris.
Mais mes bonnes dispositions tournent court, où plutôt restent lettre morte lorsque je me réveille au bout de [...]

Infestus – Chroniken des Ablebens

Bouh le black metal, c’est mort, c’est plus comme avant, y’a plus l’esprit machin tout ça. « Ah l’esprit, je le hais dans l’amour » faisait dire E. Rostand à Cyrano. Eh bien, à son instar, l’esprit, on l’emmerde dans le black metal. Nous on veut des bons groupes qui font de la bonne musique, pis c’est tout. Et ce genre de groupes y’en a presque à la pelle.
La preuve : je n’avais jamais entendu parler des Allemands d’Infestus alors qu’il s’agit ici de leur 2ème album et que je pense suivre plutôt correctement l’actualité de ce style. [...]

Puppetmastaz – The Takeover

Pour être franc, le concept de ce disque m’échappe un peu. Je sais qu’il s’agit d’une prise de pouvoir. Que les marionnettes tentent définitivement de dominer le monde. On y parle de se lancer dans l’espace (« Puppet on the moon ») et de passer à l’offensive (« Boots on the ground ») et même de faire des cours d’aérobic pour se préparer (« Exercize »). Il faut donc excuser mon manque de précision à ce sujet mais The takeover n’est pas un récit structuré. C’est tout centré autour du même thème de la domination du monde par le rap des marionnettes du crew.

Bohren Und Der Club Of Gore – Dolores

On a beau connaître le chemin…
… c’est tellement plus cool de se laisser guider par la main, encore une fois. Depuis Geisterfaust, qui semblait marquer le bout du fond en matière de désossement de la musique organique, Bohren & der Club of Gore sont toujours allemands, toujours quatre, et effectivement ce nouvel album semble vouloir amorcer le long et prudent retour vers la lumière. Il lui fallait bien un prénom de femme pour cela. Dolores. Mais Dolores c’est aussi les douleurs. Parce que ça fait bobo aux yeux de regarder trop longtemps vers la lumière quand on a [...]

Klaus Schulze – Timewind

S’il fallait garder quelques albums essentiels de l’école Krautrock, Timewind en ferait certainement partie, l’aventure cosmique de Schulze sur cet album atteint des sphères jusqu’alors inconnues, ce disque parle à votre subconscient comme s’il était en étroite relation avec le champs du domaine du possible, rien ne vient entraver cette marche aussi fluide que la mécanique la plus parfaite, le minimalisme dans son caractère le plus complexe vient décrire des formes de processus, de cheminements à la fois matériels et psychiques, de ces états en perpétuelles modifications se dégage une idée d’absolutisme totale,loin,par delà le bien et le mal [...]