Doodseskader – Year Two (Autoproduction) urban noise sludge/hardcore
La hype montait petit à petit depuis l’énorme Year One sorti il y a déjà deux ans, puis Doodseskader a fait son retour sans pression armé d’un Year Two en béton (armé lui aussi). Du béton en référence à l’aspect urbain transparaissant çà et là avec leur côté hip-hop parfaitement en phase avec les envies noise (très) appuyées des deux belges. Un album d’une implacable lourdeur nihiliste angoissante s’emboitant dans une sensation de souffrance émanant de chaque titre. Un groupe qui n’en finit plus de fasciner, à (re)voir sur scène en compagnie d’Alcest et Svalbard un peu plus tard cette année !
Leather Lung – Graveside Grin (Magnetic Eye Records) stoner
Tu cherche du fuzz ? Leather Lung va t’en donner, et plein ! Le groupe de Boston aimant affubler chacune de ses pochettes d’une sorte de pin-up maléfique officie dans un stoner grassouillet et accrocheur grâce à des riffs donnant envie d’un bon headbang des familles. Et là où le groupe tire son épingle du jeu, c’est grâce à sa voix « evil » qui croustille (alors qu’on aurait anticipé quelques vocalises mélodiques « traditionnelles ») et à ses redoutables leads de guitare. Solide !
Of Darkness – Missa Tridentina (Sentient Ruin Laboratories) funeral doom
Si tu as dans ton groupe des membres de Teitanblood, Graveyard ou Emanation, tu peux t’attendre à une musique rythmée et ensoleillée parfaite pour l’arrivée du printemps ! Fake News! Of Darkness porte tellement bien son nom que ces trois espagnols n’entendent pas du tout nous en faire sortir, de la noirceur ! Evoquant Evoken (oui) grâce à ses ralentissements extrêmes qu’ils aiment accompagner de sonorités religieuses voire néoclassiques (si si), on a ici l’impression de se noyer au ralenti dans des eaux noires, nous engloutissant pour mieux nous entraîner vers le fond. L’album parfait pour accompagner vos terreurs nocturnes.
Blanket – Ceremonia (Church Road Records) shoegaze/indie
Valeur montante de la scène britannique, Blanket s’est notamment fait remarquer l’année dernière en reprenant « I Fall Apart » de Post Malone. Sur Ceremonia, les quatre britons reviennent toutes guitares dehors tout en conservant l’envie de faire planer l’auditeur sous ses mélodies nostalgiques au delay envoûtant. En résultent des titres très immersifs aux accents de Cave In (l’introductif « Nuclear Boy Scout ») et aux influences grunge/shoegaze très marquées (« Kaleidoscope ») contrastées par quelques attaques hardcore bien placées (« Loom »). Un bon petit album sans prétention au goût de reviens-y.
Ulterror – Transcendent Origins (Inverse Records) blackened/technical death metal
Jeune pousse finlandaise débarquant chez le local Inverse Records, Ulterror signe avec ce Transcendent Origins son premier album suite à un EP (Pristine Ruin) en 2021. Le quintet y propose un son complètement en accord avec sa cover « galactico-fantasy », à savoir une fusion personnelle de death technique bien dans les tons mais avec une touche mélodico-épique provenant de la scène black mélodique (avec proéminence de soli de haute voltige, on est bien en Finlande !) et une dualité de vocaux (growlés/screamés) plutôt convaincante. A découvrir !
Violent Magic Orchestra – Death Rave (Never Sleep) electro/techno black metal
Apparus en 2016 avec l’ébouriffant Catastrophic Anonymous (sorti en collaboration avec Throatruiner Records), les japonais de Violent Magic Orchestra (VMO) se sont ensuite faits un peu plus discrets. Death Rave, le second long-format des natifs d’Osaka (qui sont pour certains chez Vampillia) débarque comme un film expérimental très perché de plus d’une heure, contenant pas mal de phases d’ambiances vaporwave, de BPM dans le rouge et agrémentés de vocaux arrachés (avec quelques invités de marque comme Dylan Walker de Full Of Hell pour la techno de l’enfer « Satanic Violence Device », Attila Csihar de Mayhem sur la trance spatiale « Song for the moon » ou encore Kaelan Mikla sur l’étrange « Abyss »). De l’ambient aérien à la gabber la plus agressive, il n’y a qu’un pas auquel VMO ajoute une bonne dose de violence black metal. Toujours un OVNI cet orchestre !
Mastiff – Deprecipice (MNRK Heavy) hardcore/sludge/metal
Attention, voilà des molosses bien hargneux ! Quatrième album pour Mastiff, groupe britannique pour qui l’agression est le dada principal. Le quartet s’arme ici de riffs bien mastocs qui évoquent autant End, Nasum version ralentie (« Everything Is Ending ») ou Burner (dont on retrouve le chanteur en featuring sur « Serrated ») ainsi qu’un featuring Ethan Lee McCarthy de Primitive Man histoire d’ajouter encore plus de poids. Bref, juste de la méchanceté sonore qui s’agrémente d’un groove constant et d’effets noisy apparaissant de temps à autres. Massif Mastiff !
Lesser Care – Heel Turn (Saro2 Prod.) post-punk/shoegaze
Avec sa cover exagérément blingbling, on peut être en droit de se demander à quoi s’attendre avant de se lancer cet album. De la trap ? De la drill ? Du bon vieux gangsta rap des familles ? Raté, Lesser Care officie dans une mixture de post-punk et de shoegaze, lorgnant pas mal sur le son de Soft Kill (influence d’ailleurs concrètement matérialisée puisque Tobias Grave, sa tête pensante, est invité sur « Even After Everything Changed »). Comme chez ces derniers, le duo texan dégage ici une sorte de nonchalance désabusée derrière des rythmiques hypnotico-nostalgiques. De quoi aller de pair avec une bonne déprime printanière.
Prisoner – Putrid/Obsolete (Autoproduction) blackened death/indus/punk/sludge
Enfin l’on retrouve Prisoner, ce groupe de Virginie dont on attendait des nouvelles depuis son excellent premier album (Beyond The Infinite) sorti il y a déjà sept ans ! Le quintet aime prendre son temps pour composer et nous gratifie à nouveau d’un tableau (noir) sacrément éprouvant garni d’une atmosphère poisseuse et bien angoissante. Le groupe installe donc ce climat entre dévastation post-apo, bruits d’usine sidérurgique (« Leaden Tomb ») et déluge tellurique, ce en sonnant encore plus gras que leur précédent album. Belle confirmation, bien qu’un peu longue à venir !
Leaving – Liminal (Protagonist Music) doom/shoegaze
Composé par des membres de Lycus et Graves At Sea, Leaving livre avec ce Liminal un album au son plutôt à part dans cette scène « doomgaze ». De ce chant aérien empreint de fragilité relevé par des mélodies mélancolique tirant vers le céleste, l’alliance basse/batterie vient en contrepartie nous faire revenir vers la terre ferme. Les mélodies sont délicates sous les multiples couches de sons au voile plein de douceur. Peut-être un peu trop ? On pourra en effet y trouver un certain manque de relief, heureusement comblé par quelques passages aux mélodies plus lumineuses (le morceau-titre, somptueuse conclusion au final plus tempétueux) pour espérer une suite un peu moins sage.
Beenkerver – De Rode Weduwe (Vendetta Records) black metal
Projet solo néerlandais signant ici son second album, Beenkerver balance ici un black metal aussi glacial que mélodique, fortement inspiré de la seconde vague du black metal des 90’s. Commençant par un cri de « La Veuve Rouge » (traduction littérale du titre), le gaillard (passé chez Heidelvolk) alterne sa frénésie (le morceau-titre) avec du mid-tempo atmosphérique (« Breng Mij Haar Hoofd » ou « Vergane Rozen » où l’on a droit à un peu de chant féminin). Restant plutôt traditionnel malgré toutes ces variations, il y a là de quoi se faire embarquer si vous aimez votre black metal enneigé et épique.
Incinerated – Lobotomise (Dawnbreed Records) brutal death/grind
Composé de membres de Disentomb, Internal Rot ou encore Contaminated, Incinerated fait partie de la crème (sanglante) du brutal death australien actuel. Lobotomise, second album du groupe de Melbourne, est sorti en 2017 mais ressort cette année via Dawnbreed Records, l’occasion de se prendre dans la trogne un énorme ou plutôt ENORME mur de dégueulasserie. Le son est exagérément épais et dégoulinant (et pas mal compressé) tandis que les vocaux sont parmi les plus gutturaux qui soient. Et malgré l’aspect neuneu binaire du bousin, on se laisse porter par ces grooves bas du front tournant autour de la minute. Pas bien finaud mais les fans de Mortician peuvent venir se prendre leur lobotomie avec un grand plaisir !
Divided – Light Will Shine (dunk!records) post-hardcore/post-metal
Jeune rejeton de la scène belge apparu en 2022 avec l’EP Riser, Divided débarque avec un premier long-format aux influences marquées du côté de quelques compatriotes comme Stake ou Brutus. En effet, le quartet de Kortrijk mélange sa fougue criarde (l’entame de « The Vicious Loop ») à des mélodies sur la brèche parfois appuyées d’un piano (le somptueux « Days Undone (So Long) »), avec un complément de folie semblant inspirée de Chat Pile. Une très chouette révélation en provenance du plat pays !
Worst Doubt – Immortal Pain (BDHW Records/Daze) hardcore/metal
Ayant rejoint leurs potes d’Headbussa sur Daze, Worst Doubt célèbre sa signature sur l’emblématique label US avec cet Immortal Pain, court EP (treize minutes) in your face typiquement dans le style des parisiens. Soit un hardcore métallisé aux influences 90’s (Merauder en tête) qui vaut surtout pour son agressivité (le chanteur Hugo Zerrad personnalisant cette rage via des aboiements féroces) coulée dans une froideur clinique donnant paradoxalement un bon coup de chaud. (Petite) bagarre !