On est quelques uns à avoir bien apprécié le premier album de Made Out of Babies, sorti sur Neurot Records l’année dernière, pas seulement parce que le groupe a été repéré par des gars de Neurosis d’où cette signature sur leur label, mais surtout car Trophy est un album des plus rafraîchissants, leur gros rock alternatif cradingue habité par le chant tour à tour criard ou haletant de la chanteuse du groupe a une vraie personnalité sur une scène rock où tous les groupes se copient les uns les autres.
On doit malheureusement n’être que quelques uns à avoir fait l’effort de connaître ce groupe car le Batofar était assez peu rempli quand nous entrons dans la salle alors que le groupe de 1ère partie, Cafeflesh, vient de commencer à jouer. Le groupe jouera donc devant un parterre épars à peine arrivé, plus disposé à aller commander une bière au bar qu’à se concentrer sur leur musique. Je n’ai pas retenu grand chose je dois avouer de leur prestation assez monotone, aucun morceau marquant ne ressortant vraiment du lot. Le groupe pratique un espèce de rock noisy façon début 90s, avec un bassiste boucher massacrant ses cordes à coup de médiator, obtenant un son organique bien punk qui couvrait assez les 2 guitares. De son côté le chanteur braillait dans un micro, façon rock n’roll hurlé, avec autour du cou un immense saxophone baryton qu’il utilisera de temps en temps pour ponctuer quelques passages instrumentaux mais qu’on entendra guère dans le mix. Pas à grand chose de marquant donc, le son approximatif n’aidant pas, la particularité du saxophone sur cette musique n’a pas été vraiment significative, je me doute que ça place doit avoir plus d’importance sur album. Chanteur et bassiste sauteront de la scène pour essayer de rameuter plus de gens devant, sans réel succès, mais on peut quand même souligner une bonne motivation du groupe.
Le public s’est quand même bien étoffé quand le quatuor américain Made Out Of Babies entre sur scène.
A peine arrivée, la petite chanteuse Julie Xmas est évidemment le centre de l’attention, et on peu dire que c’est un sacré bout de femme. Elle ne dira quasiment pas un mot du concert, soufflant doucement dans le micro entre les morceaux le temps que ses compères s’accordent puis repartant de plus belle dans son interprétation habitée des morceaux du groupe. Elle aura tapé dans l’oeil de plus d’une personne dans la salle, sa voix tour à tour chuchotée, lascive, ou dérangée, hurlée jusqu’à la folie, étant aussi attractive que son visage d’ange. Souvent comparée à Katie Jane Garside de Queen Adreena, son chant est de toutes façons personnel et on ne pourra en effet guère trouver plus proche, même si Julie Xmas est en fait beaucoup plus enragée, reproduisant la même hystérie vocale que sur l’album quoique tout en retenue sur scène.
Derrière, le groupe martèle un rock poisseux, assez inquiétant, joué par 3 bons gaillards tatoués, qui sait se faire violent par moments pour finir sur des touches plus apaisées mais d’autant plus malsaines. Ils bénéficieront d’un son tout à fait adapté, c’est limite si on avait l’impression d’entendre l’album par moment, et c’est d’autant plus compréhensible que l’album reproduit le côté dénudé et brut du groupe en concert à merveille.
Rien à redire sur leur prestation très pro tout en restant à fleur de peau et rock n’roll, Made Out Of Babies est vraiment un groupe de scène, leur son est prenant, la chanteuse est épatante de sincérité viscérale, on ne peut que leur souhaiter de garder cet esprit sur leur prochain album.
Une bonne partie du premier album du groupe sera joué, mais étant donné qu’ils n’en ont qu’un, le concert ne fût pas bien long. Dommage quand même, on aurait bien aimé l’entendre dans sa totalité, d’autant qu’à leur sortie de scène, après 40 min de concert, il était 21h30! L’occasion de se boire quelques binouzes jusqu’au dernier métro mais tout de même ça faisait un peu léger comme concert.
Merci à Francoise Massacre pour les photos (http://noakkatoi.free.fr)