Gravenhurst est le projet d’un seul homme, Nick Talbot, songwriter anglais signé sur le célèbre label électro anglais Warp et connu pour construire une musique folk autour de sa voix et de guitares acoustiques. Il est entouré d’un bassiste et un batteur et, sur ce 4ème album, sa musique a pris une tournure définitivement plus rock, on est loin de la folk façon Dylan, on a plutôt affaire à un rock très sombre, lent et mélancolique, débordant parfois sur de courts accès plus énervés où les guitares saturent, s’agrémentent de sonorités noisy, pour s’éteindre en retombées léthargiques.
Ce contraste rappelle forcément toute la vague post-rock et ses lentes progressions lancinantes, d’autant que l’album comporte de longues montées instrumentales, comme sur l’excellent « Down The River » introductif. De ces premiers album plus folk, Gravenhurst n’a en fait gardé que quelques titres, sur lesquels Talbot s’accompagne à l’acoustique. Mais l’ambiance générale de l’album en garde la trace, rappelant ainsi un peu 16 Horsepower, en particulier sur leur album Secret South.
« Velvet Cell », un peu à part, s’inscrit plus dans le rock indé anglais actuel, à la manière feutrée d’Interpol, rock binaire bien cadencé et appuyée par une ligne de basse bien présente. Mais Gravenhurst emprunte majoritairement un rock lent et souvent minimaliste, mais aux arrangements complexes et hypnotiques, à la limite de la cold-wave, en tous cas influencé par le rock underground des années 80/90, les Smiths, My Bloody Valentine, – l’album se clôt même sur une reprise des Kinks (« See My Friends ») remaniée en un trip de plus de 10 minutes-, et souligné par des claviers discrets aux sonorités très 70s qui parsèment le tout et y rajoute une touche un peu désuète et désespérée.
Nick Talbot a vraiment le sens de la mélodie et du feeling, l’émotion est bien palpable tout au long d’un album définitivement sombre, limite glauque. Aucune trace de joie ici, les sonorités comme les tonalités employées appellent la tristesse et la mélancolie.
Gravenhurst arrive à créer un univers, des mélodies qui hantent longtemps après l’écoute. Je reprocherais seulement à la voix de ne pas toujours être d’une justesse parfaite, en particulier sur un « Animals » qui n’en reste pas moins excellent, car cela participe à l’atmosphère particulière de cet album, une sorte de laissé aller presque désespéré, mais définitivement attirant. Vivement recommandé.
- down river
- the velvet cell
- animals
- nicole
- the velvet cell reprise
- cities beneath the sea
- song from under the arches
- see my friends
Post folk-rock ! lol