Le mot « pop » a, dans le monde de la musique, une connotation marchande. On désigne comme pop les groupes qui font tout pour se vendre car ce qui est pop est populaire et ce qui est populaire forcement mauvais. N’est ce pas ? Pourtant il y a pas mal d’excellents groupes de pop et ce n’est pas parce qu’ils ont des mélodies dans tous les coins qu’ils vendent des milles et des cents. De même, on peut être underground et être un gros mauvais. Mike Patton, du fait de son statut d’ex Faith no More, est sûrement encore considéré comme une « célébrité » et ses nombreux fans ne le démentiront pas, sa personne attire l’attention dès qu’on le cite quelque part. Il ne fera pas la couverture de Voici mais vous suivez mon raisonnement. Donc Patton, Mike, multi récidiviste en matière d’expérimentations sonores, de mélanges en tout genre et d’explosions bruitistes nous offre son album de pop. Forcement l’oeil est attiré et l’oreille aussi. Comment un homme qui s’est spécialisé dans les musiques complexes et aventureuses peut-il faire un album de pop sans s’immoler par le feu ensuite ? Je ne sais pas trop mais j’imagine que cet album n’a pas été très facile à faire pour lui du fait de son obsession à maltraiter le format classique des chansons les plus banales.
La musique diffusée à la radio manque généralement cruellement de diversité et de profondeur. Patton est un artiste dont la musique, aussi courte soit-elle, est remplie de détails et ne déçoit jamais l’esprit à défaut de trouver grâce auprès des tympans les plus fragiles. Trouver un juste milieu n’est donc pas chose facile mais il a tout de même réussi à le faire. Dans le même ordre d’idée que l’album en collaboration avec les X-Cutionners où le deejaying était passé à la moulinette Ipecac, Peeping Tom extrait tout les clichés de la musique populaire actuels pour se les approprier, les tourner en ridicule, mais tout en gardant ce côté si sucré et si entêtant. Même en ayant écouté qu’une fois une chanson de Madonna ou de Britney Spears vous la retiendrez sans peine. Et bien, toutes les chansons de cet album vous feront exactement la même chose et c’est donc à vous de voir si cela vous plaît ou si vous préférez éviter cet album comme la peste. Afin de mener à bien son projet des plus excentriques, Mike Patton s’est adjoint, entre autres, les services des membres de Clouddead (Dose One, Odd Nosdam et Why ?), Dan the Automator, Kid Koala, Amon Tobin, Massive Attack ou encore Nora Jones. Chacun apporte son talent particulier a la chanson qui lui est dédiée mais n’allez pas croire que ceci est un album de collaboration car leur touche est toujours millimétré pour que Patton reste le seul maître a bord.
Du coup, alors qu’on peut attendre beaucoup de la rencontre entre Doseone et l’homme que j’ai déjà nommé trop de fois dans cette chronique, celle-ci se fait dans un format précis et n’est donc pas aussi folle qu’elle aurait pus l’être. Et au vu du résultat de celle ci tout comme de la rencontre avec Kid Koala (sur « Celebrity deathmatch ») ou avec Odd Nosdam (sur « Five seconds ») on est en droit de vouloir s’agenouiller devant ces hommes pour leur demander de ne pas attendre aussi longtemps pour collaborer ensemble une nouvelle fois. Bref, ceci dit, il n’y a que peu de chansons décevantes et malgré la rigueur du contexte vous n’aurez que peu d’occasions de faire se reposer vos lèvres tellement elles ont d’occasions de sourire. Peeping Tom est un album qui sort au bon moment. Intelligent mais mémorable et très accessible, les rythmes entraînants, les références au soleil, à la fête et au sexe sont là pour rendre votre été des plus agréables. Ce n’est pas vraiment le genre d’accroche auquel on pourrait s’attendre pour vendre un album sorti chez Ipecac mais c’est bien là la stricte vérité. Peeping Tom assassine la pop actuelle mais la porte en étendard en l’auscultant sur toutes les coutures. Pas mal de scratchs, beaucoup de battements et de petits effets que ne renierait pas Timbaland (le producteur de Aaliyah et de Missy Elliot entre autres) ainsi que des lignes mélodiques que Justin Timberlake aurait bien aimé trouver avant ce cher Mr P.
Tout ceci pourrait même arriver en haut des ventes de disques avec des titres ultra efficaces comme le précédemment nommé « Celebrity deathmatch », « Mojo » avec Rahzel de the Roots et Dan the Automator, un autre homme aux milles projets)) ou l’irrésistible « Sucker » en duo avec Norah Jones. Avec ce disque, Mike Patton réussit son pari à peu près sur toute la ligne et même si toutes les chansons ne font pas l’unanimité il n’y a pas non plus de raisons de se boucher les oreilles à un moment ou un autre. On passe du très écoutable, au passable jusqu’à l’excellent et il n’y a finalement pas de raison logique de s’écarter de la route de ce rouleau compresseur sonore pour lui préférer quelque chose de plus avant-gardiste. Comme quoi on n’a pas forcement besoin de faire marcher son cerveau a bride abattue pour apprécier un album de Mr Patton.
- five seconds (feat. odd nosdam)
- mojo (feat. rahzel et dan the automator)
- don’t even trip (feat. amon tobin)
- getaway (feat. kool keith)
- your neighbourhood spacemen (feat. jel et odd nosdam)
- kill the dj (feat. massive attack)
- caipirinha (feat. bebel gilberto)
- celebrity death match (feat. kid koala)
- how u feelin? (feat. doseone)
- sucker (feat. norah jones)
- we’re not alone (remix) (feat. dub trio)
J’aime beaucoup une bonne partie des titres de l’album. Par contre, je trouve que l’appelation pop est un peu usurpée à l’écoute de l’album, j’appelerai plutôt ça du trip-hop aventureux, c’est pas ce que j’appelle de la musique radio-friendly. C’est marrant, ça me fait penser à mes tentatives de faire du hip hop (toutes proportions gardées, c’était naze mes trucs), j’ai jamais réussi à restreindre le rythme à des beats et faire simple et au final ça sonnait pas du tout hip hop. ;)
Un album sympathique mais je ne m’attendais pas du tout à ce style de morceaux pour un projet « pop »… je m’attendais plutôt à des morceaux aux structures bien classiques (couplet/refrain) et sa voix de crooner à fond, D’où la surprise!
Tout n’est pas excellent (de toutes façons on attend toujours trop de ce mec…) mais un album recommandable.
Ouaih voilà il a déjà fait 50 fois plus pop avec Faith No More en fait.
Bon album en effet, bien que je m’attendais à mieux et un peu plus de surprises, il a pas mal de bons titres, d’autres dispensables, mais pour les chaleurs torrides de l’été il fera largement l’affaire :-). J’attends le prochain Tomahawk, voilà un de ses projets qui ne m’a pas déçu pour l’instant.
Tiens, a l’inverse de kollapse, c’est les Tomahawk qui m’ont deçu… par contre je suis un grand fan des Mr Bungle, que je trouve plus aventureux..
J’ai pas encore bien ecouté Peeping Tom, mais ça a l’air sympa, cela dit je ne classerai pas ça dans pop.rock.folk, mais plutot trip-rock :D
jonben: je me rappelle de tes essais hiphop :D que tu faisais avec FruityLoops, je les ai peut etre encore quelque part (haha)
Faut arreter de dire des c…. bétises. Peeping Tom n’est pas pop, il est plus abordable que les autres productions de Patton, c’est tout. On peut juste dire que les titres ont un format pop dans le sens ou leur construction se rapproche du couplet-refrain-couplet-refrain-pont (c’est juste un exemple). Faut donc pas s’attendre à du beatles mais à un excellent disque qui ( c’est mon avis) voyage plus dans les sphères trip hop que, encore une fois, pop!
Si on met « pop selon Paton » comme style de cet album, c’est bien que c’est Patton lui-même qui a déclaré vouloir faire un album de pop constitué de morceaux passables à la radio. Je suis d’accord qu’il n’a pas réussi, cet album est trop bien et même Mojo n’est pas franchement un single de base.
En tant qu’inconditionnel de Patton, j’ai attendu cet album avec impatience et j’avoue qu’il m’a un peu déçu. C’est certainement un album à écouter en priorité si l’on souhaite s’immerger en douceur dans la discographie du maître, mais davantage pour l’éclectisme et l’aspect pop que pour sa qualité…