Avec déjà quatre albums derrière eux, on peut considérer les Black Lips comme un des plus grands groupes injustement méconnus, au monde. La faute à quoi ? Outre le fait que le groupe a toujours officié sur des labels indépendants (mais pas les moindres :Bomp !, In The Red, et maintenant Vice), il faut surtout reconnaître que ces quatre punks d’Atlanta sont d’authentiques sales gosses (les « Bad Kids » qu’ils célébraient justement sur leur précédent disque, Good Bad Not Evil). On ne connaît pas la gloire avec une attitude comme la leur, aussi bonne enfant soit-elle. Pour preuve du quotient de punkitude du groupe : lors de leur récente première tournée en Inde, les Black Lips ont été obligé de fuir le pays avec les flics au cul ! Pour indécence en public. Un des guitaristes du groupe ayant souvent l’habitude de se foutre à poil sur scène.
Cette attitude, plus potache qu’agressive, se retrouve évidemment dans le flower-punk qu’ils pratiquent sur disques. 200 Million Thousand, comme leurs précédents albums, est un régal de morceaux garage rock foutraques aux textes souvent dignes d’ados américains nerdy (« Drugs », « Again & Again »). Mais également de fantastiques chansons psychédéliques aux arrangements délibérément boiteux, comme sur « Starting Over » (qui ne fait plus aucun doute sur leur amitié et les influences partagées avec King Khan), « Let It Grow » (qui doit autant s’adresser aux cheveux qu’à une certaine forme d’herbe) ou encore « Old Man ». On pense aux Seeds et aux 13th Floor Elevators, joués par une bande de morveux. On trouve surtout des tubes totalement imparables. Outre les morceaux précités, dans un monde idéal « Short Fuse » passerait en rotation lourde sur toutes les radios de la planète.
Mais comme les Black Lips sont turbulents, ils se permettent également des choses que l’on n’attend pas forcément. Comme ce faux hip-hop foncedé et je m’en foutiste, « The Drop I Hold », qui sonne comme si Dr Dre trouvait ses samples dans la musique psyché des 60’s plutôt que dans le funk. Après cette amusante (et réussie) surprise le groupe revient au garage rock pur et dur avec « Body Combat », qui dégaine un riff digne des Sonics. Sur « I Saw God », les Black Lips jouent avec les codes de la censure, en parsemant la chanson de bips et autres bandes passées à l’envers. Aucun respect.
Alors oui, les Black Lips méritent largement plus de succès que, au hasard, Razorlight. Mais c’est aussi parce qu’on sait que ça n’arrivera pas qu’on les aime. Au mieux, on peut leur prédire d’être redécouvert d’ici une quarantaine d’années (comme la majorité des garage band 60’s). Les Black Lips sont déjà là, le futur n’a qu’à bien se tenir.
- take my heart
- drugs
- starting over
- let it grow
- trapped in a basement
- short fuse
- i’ll be with you
- big black baby jesus of today
- again & again
- old man
- the drop i hold
- body combat
- elijah
- i saw god
- meltdown (hidden track)