1988. Le thrash arrive au bout d’un cycle, et commence à s’essouffler. Les ténors du genre ont déjà tout dit, ou presque. Le death, style encore marginal, commence à pointer de plus en plus le bout de son nez dans le paysage métallique de l’époque. Petit à petit commencent à éclore une foultitude de groupes qui s’essayent à une musique plus couillue. Pestilence fait partie de ceux-là.
En guise de mise en bouche, nous sommes accueillis par une lente et lourde intro qui pose les jalons de ce premier album. Ca ne va pas être la fête du slip, et le groupe tient à nous le faire savoir. Une petite minute plus tard , « Anthropomorphia » déboule et confirme cette première impression. La couleur est annoncée. Le groupe joue pied au plancher. Pour ne quasiment jamais le relever. Ca speede, ça avoine, on s’en prend plein la gueule. Lorsque nos bouffeurs de mimolette calment le jeu c’est pour nous coller un petit interlude acoustique et sombre (« Osculum Infame »), ou pour mieux nous punir (l’intro de « Commandments »).
Le thrash/death proposé ici par Pestilence fait mouche, mais on peut lui reprocher de manquer un tout petit peu d’originalité. On peut y trouver un peu de Kreator par ci, un peu de Slayer par là (« Extreme Unction »), mais sans que ce soit cependant du plagiat éhonté. Parfois, sur certains titres, il faut admettre que l’on a l’impression d’entendre « Pleasure to kill » avec un meilleur son et un zombie tuberculeux au chant (« Cycle of existence », « Systematic Instruction »). On pourra aussi rétorquer qu’il y a pire comme référence, et que tous les titres sont excellents, et on aura raison.
On sent cependant un savoir-faire évident pour faire sonner ses titres de manière particulière. Rien que la voix de Martin Van Drunen (qui fera dans le futur le bonheur d’Asphyx, et bien plus tard encore Hail of Bullets) marque les esprits avec son timbre de voix unique. Son phrasé haché/speed, typique du thrash de l’époque, se combine à une voix façonnée au papier de verre et au goudron. De son coté, la paire de guitaristes, formée de Patrick Mameli et Randy Meinhard, montre un niveau technique plus qu’appréciable, et nous pondent des riffs de bucheron, ainsi que quelques solos assez savoureux. De cet album, sont restés des titres mémorables tels que « Parricide » « Subordinate to the domination », « Chemo therapy » qui sont, comme par hasard, les titres les plus personnels du groupe. Mais ce serait réducteur que de limiter Malleus Maleficarum à ces excellents titres. Tous valent la peine d’être écoutés. Notamment, ne passez pas à coté de « Bacterial surgery », petite pépite de thrash qui tue tout. Au niveau production, c’est plus que correct. Daté certes, mais pour un premier album, on a entendu bien pire. La batterie paraît un peu anémique comparée aux productions d’aujourd’hui, mais ça reste très acceptable.
Pour sa première offrande, Pestilence sort un album de fort belle facture. Malleus Maleficarum s’avère être un album bien torché, varié, et dans lequel il est ma foi bien agréable de se replonger. Une bonne introduction à la discographie de ce groupe, qui permet de se préparer à la suite, qui s’avérera encore supérieure…
http://www.youtube.com/watch?v=I0HGJ6DZAf8
Tracklist