Qu’est ce que le brutal death si ce n’est la forme la plus extrême du death ? Celle qui témoigne avec une force toute bestiale de la barbarie des élans des psychopathes du mouvement. Le genre d’usine à fabriquer de la peur par tonneaux, la plâtrée pour les gorets. Le but ou la motivation esthétique est simple : aller chercher toujours plus loin les derniers sillons sur lesquels l’air est encore respirable, et y distiller son gaz jusqu’à la Suffocation.
Asphyxie, oppression et béton armé. Chaque espace libre, celui là même qui pourrait servir de break ou de plage reposante pour l’esprit, est flanqué de matière vivante grasse et visqueuse pour en saturer le rendu. La densité, la force tellurique, cette force terrienne, qui capte le poids par l’amoncellement de séquences compilées à la hâte se découvre des vertus mécaniques où la force brute, dénuée de la moindre intention intelligible sinon un rendu tiré au couteau, se révèle sans artifice.
Putridity a fait ses classes dans les écoles du vice de l’underground, jamais avares en raclées à promulguer. Les italiens nous étaient revenus bien puants avec ce Degenerating Anthropophagical Euphoria l’année dernière après quelques Regurgitation tout ce qu’il y a de recommandable pour les amateurs d’abats en tout genre. Avec ce dernier méfait les italiens passaient le mur du son à coup de masse d’armes. Degenerating Anthropophagical Euphoria est un album supersonique, du genre à coller des suées porcines aux plus lisses des caractères.
Horrible, voilà ce qu’est cet album.Tout y est moche, de cette sensation de trigs qui flinguent à tout va, aux riffs tarabiscotés d’Aimone, ça respire le morne quand les murs de grattes s’érigent en de pataudes vagues qui se secouent mollement à la surface du disque. Ces torrents de boue qui dévorent le paysage, l’engloutissent comme le plus gras des prédateurs. Degenerating Anthropophagical Euphoria transpire l’obésité morbide, sa vélocité carnassière a beau se déployer dans la mitraille, il y a quelque chose de pathétique dans la psychologie de cette galette, elle qui jubile de ses saillies et sodomies qu’elle chante comme un remède légitime à ses déviances tristes.
Horrible. Ce plastique et ces sonorités qui transpirent le pétrole, l’industrie et ses machines. Comme si les drones avaient pris les commandes de la destinée de l’humanité. Cette pourriture c’est Skynet, et elle projette de temps à autre sa matière dans les protubérances de ses riffs pleins de rejets syntaxiques. Ça dégouline, et en plus ça a le culot de venir jouer les parties slam avec ces grooves orduriers qui viennent pourrir les derniers muscles sains de ce corps malade. Billia argumente au gravity blast quelques derniers mollards bien compacts, histoire de mettre un coup de pied au cul des plus tendres et dire que cette école est aussi la leur. Horrible disque, quelle réussite !
Avec Degenerating Anthropophagical Euphoria Putridity se réinvente dans sa formule et place un petit exocet sur les traces des barons du genre. Avec son approche contemporaine, sa flétrissure synthétique et son langage attardé, le disque des italiens s’avère être un bulldozer, sorte de croisement moderne entre Last Days of Humanity et Devourment . Un album représentatif de la scène, de ses intentions destructrices et perverses, une traversée assez fun et jubilatoire du macabre finalement.
http://www.youtube.com/watch?v=1roUAiIB-Go