Ils ne rendent décidément pas la tâche du chroniqueur facile ces belges… et c’était d’ailleurs déjà le cas avec leur précédent album Propaganda. Un album que j’avais trouvé assez intéressant, mais qui m’avait au final quelque peu perdu dans ce mélange de genres que je n’arrivais jamais à cerner exactement. Et c’est encore le cas sur ce 5ème album, Vanta, à la différence près que j’ai cette fois particulièrement accroché à la proposition du groupe, ce qui me motive aujourd’hui à trouver quelques mots à poser dessus. Autant être clair, le groupe a beau parler de « Progressive Hardcore » pour décrire sa musique, désolé, mais je trouve cette définition réductrice et elle ne permet pas à mon sens de ne serait-ce qu’entrevoir toute la panoplie et le mélange que le groupe nous assène 44 minutes durant.
Vanta s’ouvre en tout cas avec un « Atone » qui nous met dans le bain en… nous démontant immédiatement la gueule (justifiant immédiatement le nom du groupe). Le son de l’album est énorme, et c’est probablement ce qui frappe dès le début : clairement s’il est des groupes qui se ramollisent avec le temps, Bear n’est pas de ceux-là et ne perd pas de temps pour nous le faire savoir. Voilà certainement ce qui amène certains collègues chroniqueurs à qualifier le genre pratiqué par Bear de groove metal (ce qualificatif inventé pour désigner les groupes misant sur l’efficacité et le gros son, à l’image de Machine Head ou avant eux Pantera au sujet desquels on parlait de power metal dans les 90’s, mais cela entretenait une certaine confusion avec le genre proche du heavy) mais même s’il y a du vrai, c’est encore une fois insuffisant pour bien désigner ce à quoi on a à faire sur Vanta.
Vocalement notre hurleur évoque il est vrai le hardcore (de même que le look du groupe, casquettes et sweat-shirts étant souvent de mise) quand il gueule à plein poumons (ce qu’il fait souvent) mais il brouille les pistes en injectant en effet régulièrement des passages en voix claire assez étonnants (comme sur « Serpents », seul morceau sur lequel ces vocaux clairs sont quasiment majoritaires), qui m’ont étonnamment rappelé ceux de Page Hamilton (Helmet) et je n’ai pas encore parlé de certaines trames de guitare qui m’évoquent parfois le djent, ou de certaines sonorités futuristes (comme sur « Vanta »), confirmées par l’imagerie du clip de « Piece ». Résumons-nous : un mélange de power, hardcore, djent, noise même? Bref un joyeux bordel, mais… et c’est bien là le principal, qui s’avère assez excellent et étonnamment satisfaisant à vrai dire, pourvu d’accepter tout du moins ces vocaux clairs surprenants et soyons honnêtes, pas toujours parfaitement maîtrisés (comme ceux d’Hamilton d’ailleurs… n’en déplaise aux amateurs d’Helmet).
Au final le groupe se distingue de la masse même si cela le rend difficilement catégorisable et pose question quant à sa capacité à trouver son public. Qu’à cela ne tienne, on se contentera de prendre notre pied en écoutant ce Vanta que je recommande chaudement.
Tracklist :
01 – Atone
02 – Cisplatin
03 – Defeatist
04 – Repose Beyond Fate
05 – Vanta
06 – Earthgrinder
07 – ArmMe
08 – Cells
09 – Piece
10 – Serpents
11 – Andram