Harvey Milk – Life… the Best Game in Town

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Style: sludge rockAnnee de sortie: 2008Label: Hydrahead

Oui moi aussi je l’ai eu cette gueule déconfite, la première fois où j’ai rencontré Harvey Milk. J’ai même dû avoir les yeux exorbités en prime. Parce que croiser Harvey Milk c’est un choc. Violent et imprévisible. Capital aussi. Je parle bien évidemment de Harvey Milk le groupe d’Athens – Georgie, pas du sénateur gay de San Francisco assassiné en 1978. Harvey Milk s’est juste emparé du nom histoire d’annoncer la couleur : arrogance et irrévérence.

Issu de la fameuse scène d’Athens (B 52’s, REM et touti quanti), on ne peut pas dire que le groupe ait surfé sur la vague indie. Créé en 1991 alors que la dite scène s’endort copieusement, splitté en 1996 pour un retour enfin gagnant en 2006, Harvey Milk est de ces groupes de branleurs qui postulent au panthéon des groupes cultes. Accro à la crasse, au chaos, au sludge mais aussi à l’hédonisme expérimental, Harvey Milk est un ovni insolent et jouissif. Mais je ne vais pas me la jouer. J’ai fait comme tout le monde aux premières écoutes. J’avais cette réaction violente et épidermique. Je ne comprenais pas pourquoi ces mecs s’échinaient à saboter une musique aussi lente et lourde. Pourquoi ils développaient autant d’impertinence suicidaire pour tenter de donner un sens à la musique heavy rock. Un album comme Courtesy and good will toward men me laisse d’ailleurs encore dubitatif aujourd’hui. Trop de silence, trop d’anti- musique, trop d’intransigeance, trop… trop de liberté ! Et merde, oui il m’aura fallu deux longues années avant d’accepter la totale liberté de ces mecs ne revendiquant rien d’autre que de jouer du rock tel qu’ils l’entendent, eux. Ces bouseux de rednecks auront réussi à me prouver que ce vieux con de Platon et son mythe de la caverne était toujours aussi puissant et malaisé. Enfoirés !

A ma décharge je plaiderai tout de même la déroute. S’avaler deux monstres tels que Special Wishes sorti en 2006, quasiment en même temps que la réédition chez Relapse de Courtesy and good will toward men, relève de la folie. Ou de l’impudence.

Toujours est-il que 2008 voit la sortie du nouvel album, Life… The Best Game In Town et que la sainte trinité m’inonde enfin. Car soyons honnête, c’est au regard de cet album plus rock, plus heavy, plus straight in your face, que j’apprécie enfin pleinement Special Wishes, ces morceaux sludge, son americana anti-nationaliste Old Glory et ces slows (Once In A While, The End, Mothers Day). Oui, vous avez bien lu « ces slows ». Façon Harvey Milk, soit d’autant plus mielleux et rocailleux qu’ils en sont imparables. Un régal pour les loosers du quart d’heure américain !

D’ailleurs ici, les quatre – Joe Preston (guitare), Creston Spiers (guitare chant), Stephen Tanner (basse), Paul Trudeau (batterie) – nous refont le coup avec Motown et quelques furtifs accents de balade intimiste sur Death goes to the winner ou Roses. Mais ici le leitmotiv est « On joue du rock mec ! » Alors les morceaux s’enchaînent, plus rock, plus heavy, plus sludge, toujours aussi lourds, mais plus puissants, un rien plus catchy, mais d’une efficacité qui ne sacrifie rien à la simplicité. Certes hier ce sont les silences qui m’accablaient, le rock de bûcheron se faisait mettre par la musique atonale, un comble ! Aujourd’hui, cette conception de la composition s’éclaire totalement. Harvey Milk c’est une capacité à composer une musique emphatique sans jamais sombrer dans le parfait petit Black Sabbath illustré. C’est un doom crasseux qui fait groover la colère (Decades – After All I’ve Done For You, This Is How You Repay Me ?). C’est un sludge rock physique parlant autant à l’intellect qu’aux émotions (A Maelstrom of Bad Decisions – Goodbye blues). Un tabassage en règle (We destroy the family). Un rock’n’roll au milieu du bayou (Barnburner). Et Creston Spiers d’enfoncer le clou de sa voix burinée façon proto Buzz Osborne meet Matt Pike.

Alors oui Harvey Milk est revenu sur le devant de la scène en 2006, avec un album majeur tel que Special Wishes et oui Harvey Milk revient en 2008 avec un nouvel album une fois encore majeur. Mais avec une discographie atypique, une influence cruciale et un groupe hors-norme, vous vous attendiez à quoi? That’s all Folks !

  1. death goes to the winner
  2. decades
  3. after all i’ve done for you, this is how you repay me?
  4. skull sock and rope shoes
  5. we destroy the family
  6. motown
  7. a maelstrom of bad decisions
  8. roses
  9. barnburner
  10. goodbye blues
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Commentaire

  1. kollapse says:

    Excellente kro neurotool, tu résumes…Euh ben tu résumes tout. Tout le cas Harvey Milk, ce groupe d’exception clairement pas pour tout le monde. Atypique, libre, dingue, le groupe se pose ici un peu plus et donc déroute moins, mais gagne en concision, en groove, c’est bien sur plus accessible. Mais accessible ne veut pas dire moins bon (hein les puristes?) mais rime plus avec jouissif. Life…The best game in town est épatant, un must de 2008. Harvey Milk, un groupe (très) rare.

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