Jusqu’ici connu seulement des retraités neurasthéniques fans de Thierry Beccaro, voici que déboule un groupe encore dans ses vertes années et pourtant déjà membré comme un mammouth(us). Après un album éponyme baigné à la source d’un stoner impétueux et granitique – et bien bon aussi – le second souffle de Mammatus rougeoie et calcine comme celui d’un dragon. Un dragon des profondeurs, au hasard, comme celui dont le groupe entonne les louanges dans le premier morceau, parachevant une trilogie entamée avec le susdit s/t, dans un malicieux sens de la continuité qui commande de posséder les deux opus. Ils le méritent.
The Coast Explodes, donc. Rien d’anormal, les cinq compères ont de la dynamite dans le ventre. Toujours arc-boutés sur leur fuzz des cavernes, ils l’envoient gambader au grand air, le soleil couchant dans les aigus et le vent marin dans les tuyaux. Les deux morceaux à plus de douze minutes qui encadrent l’album, “Dragon of the Deep part. III” et l’éponyme, sont de véritables monolithes de rythmiques allumées et de riffs virevoltants structurées en chevauchements de dynamiques et progressions imparables. Au plus fort de la houle, les frappes tombent drues comme des embruns jetés du haut de vagues déchaînées, et les guitares offrent une multitude de sonorités toutes plus vivantes et euphoriques les unes que les autres, de la ponctuation grinçante au ronflement granuleux en passant par le sludge phréatique. C’est d’ailleurs surtout lors des parties lentes et pâteuses que le chant sort de sa tanière pour faire profiter de ses syllabes androgynes en delay à rapprocher d’un Mike Scheidt (YOB).
Par ailleurs, l’attirance évidente du groupe pour le free-folk barré typé 70’s donne lieu à de sauvages hallucinations acoustiques, propices à la transe avec leurs flutes crépusculaires façon Morricone, et leurs percussions exotiques. Les six trop courtes minutes de “The Changing Wind” ont quelque chose de Comus prenant congé de ses druides et satyres pour s’inviter à une gigantesque orgie sur le sable chaud, saluée au petit matin par une compagnie de phoques en rut… D’ailleurs, exceptés les Scandinaves et leurs chouettes apprivoisées, combien de groupes seraient suffisamment décomplexés pour meubler leurs compos avec les archives sonores du National Geographic, et suffisamment vernis pour que ça rende foutrement bien ?
Bref, The Coast Explodes c’est avant tout l’appropriation totale d’un univers psychédélique et vagabond en perpétuelle extension. Mammatus se font plaisir vis-à-vis de leurs influences, et nous font (diablement) plaisir par la même occasion. La pochette ne trompe pas : on est en présence d’un album d’espaces, d’horizons et de liberté, dont les musiciens sont les sentinelles bienveillantes. C’est surtout un album qui, appartient à toutes les époques depuis que quelqu’un a eu l’heureuse inspiration de greffer un câble à sa guitare. A ce titre il est immunisé contre l’érosion. Avant de s’inscrire dans une scène, Mammatus s’adressent de facto à une communauté ouverte et non codifiée, celle de tous les individus parfois animés par le besoin instinctif de copuler sans partage avec leur son, de l’accueillir en osmose au delà du plaisir indivisible de l’écoute. Parce que le dépaysement n’est que plus généreux s’il commence à l’intérieur [/mode bifidus actif on].
- dragons of the deep – part iii
- pierce the darkness
- the changing wind
- the coast explodes
Etonnant et excellent album qui, tel un manège dont les nacelles seraient en forme de fleurs et de champis, entraîne l’auditeur tantôt au plus profond du Big, tantôt dans l’euphorie stratosphèrique du Bang.
Mammatus, et oui, elle va mourir la Mamma
Excellent album qui transporte loin, très loin… Un véritable trip musical, qu’il faut impérativement consommer même si les substances illicites ne sont pas necéssaires. Celà dit je prefère leur premier album :-)
Du même avis que Kollapse. C’est un très bon album mais je préfère la concision du premier album. S’il est vrai que l’on sent les embruns, le vent, qu’on voit l’horizon des Terres Australes au coeur de ce périple musicale, Le premier éponyme possède cette force sans avoir à en passer par des artifices de bande son et autres. Mais peut-être tout simplement que je ne suis pas très sensible au trip free-folk et préfère largement leur riffing stoner rappelant les meilleures heures de la créativité de certains groupes des 70’s (le tout sans singer qui que ce soit d’ailleurs). Bref un groupe à découvrir soit via le premier si vous êtes plus sensible au stoner, et le second si plus sensible au psyché /folk.
Du même avis que les deux dudes précédent . Ce groupe est une de mes grosse découvertes de l’année !
L’albums est bon mais ils se sont quand même pas cassés la raie. Le (énorme) premier (grand) album (qui déchire sa daronne) laissait espérer un sucesseur avec une durée digne de ce nom. Sauf que nos chères gaziers se sont précipités et au final nous pondent une rondelle de la même durée, moins la prod qui sentait la weed.
Je suis donc assez déçu, mais seulement en comparaison à son prédecesseur (!). Pour la prochaine fois. ;)