Votre nouvel album, Black Days, vient tout juste de sortir. Vous êtes plutôt confiants quant aux réactions et retours qu’il va susciter ?
Yann : Oui, nous sommes très confiants! Nous avons beaucoup travaillé sur cet album, avec beaucoup d’énergie et une bonne force créatrice. Nous avons tout donné pour que cet album soit comme vous l’écoutez aujourd’hui. Nous sommes très fiers de Black Days, je pense que les gens vont découvrir et apprécier cette nouvelle facette de Klone.
Guillaume : On a pris plus d’assurance et nous savons vraiment où nous voulons aller, pour l’instant les retours presses sont excellent, c’est vraiment encourageant et ça nous donne envie d’aller encore plus de l’avant pour la suite. Nous avons comme l’impression d’un nouveau départ et sommes impatients déjà de nous remettre à composer !
Peux-tu nous parler de la méthode de souscription choisie pour financer le disque? Comment s’est-elle articulée avec le fait que vous soyiez signés chez Season of Mist et du coup en quoi était-elle nécessaire pour le financer?
Guillaume : Season of Mist se charge du pressage du skeud et de la promotion . Nous n’avons pas eu d’avance pour financer l’album et une prod de disque comme Black Days coûte assez cher, donc on a pas eu vraiment le choix pour les souscriptions. Nous avons des fans qui nous soutiennent et qui nous font confiance, ça nous permet en plus de discuter avec eux . Je me suis chargé du suivi et de la mise en place de ce système . Ils ont eu beaucoup d’avant-première et de goodies, des titres live, de l’inédit, etc … Le retour des souscripteurs est très bon, ils ont apprécié la démarche qui va beaucoup plus loin qu’une simple relation pour du commerce. Ce système nous permet d’être autonome et on espère développer cette relation avec le public. Si tous ceux qui achètent nos disques passaient directement par nous, nous aurions les moyens de faire plus de choses. Nous sommes dans une période de transition par rapport au marché du disque et il est important aujourd’hui de tout remettre en question et de s’organiser autrement. Nous avons tous les outils pour ça !
Parle-nous de ce nouvel album si tu veux bien. Comment décrirais-tu l’évolution du groupe depuis l’excellent All Seeing Eye? J’ai plutôt l’impression d’une progression qui s’inscrit dans la continuité…
Yann : Nous avons accentué ce que nous effleurions sur All Seeing Eye, c’est-à-dire quelque chose de plus sombre, de plus ancré. Avec Black Days nous avons voulu une musique plus homogène, avec une atmosphère dominante et des ambiances fortes. Les morceaux sont tous différents mais se lient parfaitement pour colorer l’album d’une unique teinte.
Guillaume : On a beaucoup plus bossé que pour All Seeing Eye, je précise qu’on a répété et mis en place les morceaux sur une période de 3 mois… quasiment enfermés tous les jours dans notre box. On a maquetté les morceaux 3 fois avant l’enregistrement et on a vraiment été au bout de ce qu’on pouvait faire et tout le monde s’est beaucoup investi. Un vrai travail de groupe et au final nous sommes tous très fiers !
Peux-tu nous parler des instruments « atypiques » qui figurent encore sur cet album? Comment s’est faite l’intégration durable de Matthieu et de son sax ?
Yann : Matthieu utilise bien sûr son saxophone sopranino, son déclencheur MIDI à vent, et beaucoup d’autres instruments virtuels ou pas. Chez lui c’est un vrai laboratoire d’expérimentation sonore. Il bidouille toutes sortes d’objets, les détourne pour leur donner une seconde vie. Il crée également ses propres effets, « Systole Device ». Sa station de travail est très élaborée. Matthieu intervient pendant la phase finale de l’enregistrement, c’est-à-dire après les voix. Il fait ça chez lui, au studio des résistants.
Guillaume : Les séances de travail avec Matthieu sont vraiment intéressantes, ça donne une autre couleur aux morceaux. On a vraiment de la chance de l’avoir dans le groupe , il va toujours de l’avant et il nous surprendra toujours !
Tu me disais il y a peu que les paroles de vos morceaux étaient souvent bien sombres. Peux-tu nous dire dans les grandes lignes quelles sont les thématiques abordées, et qu’est ce qui est à l’origine du pessimisme ambiant au sein du groupe ?
Yann : Black Days est en effet plus sombre que nos albums précédents. Ça reflète aussi une sorte d’état d’esprit durant une période de notre parcours. Nous voulions partir sur quelque chose de plus « brutal » et de plus « haineux », mais au final ce qui en est sorti est quelque chose de plus sombre, dépressif… L’ambiance générale repose sur des atmosphères shaman (« rite of passage »), sur des légendes (« rain bird »), sur l’autodestruction (« spiral down »), l’introspection, la révolte, les danses macabres…
Et cette pochette très noire, très « métal », qu’est ce qu’elle symbolise pour Klone?
Guillaume : La pochette a été réalisé par Sandra une graphiste Canadienne (http://agardnas.com). Nous avons cherché sur internet pour trouver quelque chose qui nous correspondait, avec notre thématique, et l’ambiance qui se dégageait déjà des compositions. Nous sommes tombés sur l’œuvre de Sandra qui nous a plu à tous. Ça correspondait parfaitement au côté mystique et shaman qui commençait à se faire sentir dans la musique. Le visuel est assez mystérieux, et laisse beaucoup de place à l’imaginaire…c’est une sorte de force tranquille.
Vous avez à mon avis réussi à vous façonner un style assez personnel. Il est évident que vous avez été influencé à un moment donné par Gojira (entre autres), mais vous avez largement dépassé le poids de cette influence, pour enrichir votre musique, et on trouve maintenant une sorte de mélange entre du métal, du prog, mais aussi du rock alternatif (je pense particulièrement à « Empire of Shame » sur All Seeing Eye, qui me fait toujours penser – par le refrain en particulier – à du Stone Temple Pilots!). Est-ce une démarche consciente de votre part, ou juste l’expression de la somme de vos influences?
Yann : Nous avons fait ce que nous avons senti, sans vraiment y mettre de frontières ou de limites. Nous avons bien sûr structuré le travail, avec plus ou moins des angles d’attaques, c’est-à-dire la couleur général de l’album, ce qui s’en dégagerait globalement. On a beaucoup répété pour que les morceaux prennent tout de suite une allure et une stature pour le live. Mais tout ça est l’expression de la somme de nos personnalités, de nos influences, aussi diverses soient elles.
Guillaume : Je précise qu’on a jamais trop écouté Stone Temple Pilots , personnellement je préfère largement des groupes comme Pearl Jam, Alice in Chains, Soundgarden et Life Of Agony !
Il faut pas trop se poser de questions quand on compose , c’est surtout une question de feeling ! De mon côté, j’ai mis beaucoup de plans de côté pour notre autre projet plus soft qui s’appelle Helium pour l’instant . Un projet Rock Spatial et encore plus ambiant . A suivre … :)
Outre le fait que ce soit du coup une tannée pour les chroniqueurs de décrire votre musique ;), est-ce que tu ne crois pas que cela peut vous empêcher de percer ? Une musique pas assez métal pour les metalleux, trop métal pour les amateurs de rock alternatif… Le syndrome cul entre 2 chaises quoi…
Yann : Nous sommes sincères avec ce que nous faisons, nous ne trichons pas, nous n’avons pas en tête d’appartenir à tel ou tel courant musical. Comme dit au-dessus, c’est l’expression de la somme de nos influences. Nous écoutons des choses différentes, nous jouons des choses différentes, nous sommes tous différents avec nos personnalités assumées. La force est là, on réussit à canaliser tout ça. C’est à l’écoute et au feeling que l’auditeur s’en apercevra.
Guillaume : Oui chacun son boulot , heureusement qu’on ne compose pas en fonction de ce qu’attend le public, on cherche avant tout à se faire plaisir, à créer une musique qu’on aimera écouter . Il me semble que sur cet album nous avons moins le cul entre 2 chaises car nous assumons plus le coté Rock . Il n’y a quasiment pas de double pedale sur l’album , on nevoyait pas l’utilité d’en mettre … Il y a tellement de groupes qui font ça bien mieux que nous !
All Seeing Eye s’est-il bien vendu ?
Guillaume : Nous avons vendu autour de 2000 copies de All Seeing Eye … il paraît que c’est déjà pas mal par rapport à la crise du disque .
Qu’est ce que tu crois qu’il vous manque encore pour atteindre le statut d’un Gojira, et enfin réussir à percer à l’international? Peut-être de tourner davantage?
Yann : Oui c’est sur, nous avons besoin de tourner en France et à l’étranger. Nous sommes très déterminés et motivés. Black Days a été aussi pensé pour le live, nous allons le défendre avec beaucoup de ferveur. Nous sommes tous impatient de prendre la route.
Guillaume : J’ajouterais aussi que si il n’y a pas d’investissement financier sur le groupe pour du Tour Support et plus de promotion , nous risquons vite de rester coincés. Il n’y pas pas de secret , un groupe c’est comme une sorte d’entreprise et il faut investir pour le développer. La bonne musique ne suffit pas ! C’est un milieu de requin …
A quand un passage par Paris, pour nous faire une petite date en tête d’affiche?
Guillaume : Romain notre nouveau tourneur travail sur la tournée pour la rentrée de Septembre , nous avons déjà une dizaine de dates confirmées, dont des plans en cours pour Paris … Cette fois ci nous viendrons bien jouer dans la capitale et en plus, nous avons une super équipe qui nous entoure pour le son et les lumières, ça sera un joli spectacle :)
Votre chanteur, Yann, me scotche toujours davantage à chaque sortie d’album. Outre le fait qu’il ait un anglais impeccable (qui change de l’anglais chanté avec un horrible accent français de certains groupes, je ne cite pas de noms…), il a vraiment quelque chose de particulier et un timbre bien personnel. Est-ce qu’il bosse beaucoup pour arriver à ce niveau ? Quel est son secret? Un bol de benco tous les matins?
Yann : Ça fait pas mal d’années maintenant que je chante. Ma voix s’est forgée au fil du temps, avec du travail en effet. Mais le fait de fredonner un air en marchant ou sous sa douche est en soi une forme de travail, c’est ce que je fais inconsciemment tous les jours. La voix est le seul instrument que l’on peut « emmener » partout, autant en profiter ! La pratique d’autres instruments aide énormément, pour ma part je joue aussi de la guitare et de la batterie. Mais l’un des points essentiels est surtout l’écoute, l’écoute de soi, des autres, de son corps. C’est un facteur fondamental à mes yeux pour pouvoir progresser. J’étais autodidacte jusqu’à l’année dernière mais depuis septembre 2009 je prends des cours de chant. Aujourd’hui ça m’apporte énormément.
Que peut-on vous souhaiter?
Yann : Que Black Days résonne dans vos têtes, que Klone tourne plus que jamais, en France et hors des frontières. Merci Clotaire et à bientôt.
Guillaume : Que le groupe tienne le coup le plus longtemps possible et j’espère aussi que nous pourrons sortir un maximum d’albums ! Merci pour ton soutien et à bientôt sur une date Parisienne !!
Je suis ce groupe depuis un bon moment maintenant. J’ai toujours ete tres agreablement surprit par leur originalite de son. Dans ce style de musique, je suis plus du gros lourd qui fait mal, mais Klone apporte un son super et une touche differente tout en gardant les riffs necessaire pour headbanger !
Cet album est tout particulierement genial, toutes les parties sonnent bien differents de ce dont on a l’habitude d’entendre. En tant que gratteux j’ai surtout vu le changement sur les guitares, mais tout est bon dans ce cochon ! La batterie est super propre et « aere ». La voix du Yanno est incroyable, il a un grain que personne n’a ! La basse a ete vraiment bien geree pour mettre de l’ampleur a la musique.
Et pour finir, maitre Metzger est un killer ! ses sons qui jaillissent d’une autre dimension donnent toute l’ambiance de cet album ( pour les curieux de musique en generale, de metal particulierment et de Meshuggah, il a redige sa these qui est un plaisir a lire et jouer avec ses fichiers midi : c’est dispo sur son site : matthieu_metzger-work_on_meshuggah.zip)
Pour finir ce commentaire, je rejoins Guillaume sur le fait que la musique est un milieu de requin. C’est bien dommage car ces gars ont telement de talent et j’aimerais comme pas mal de monde que ce groupe comme beaucoup d’autres soient reconnus a leur juste valeur.
Cette tournee qu’il vont avoir prochainement fait bien plaisir, je leur souhaite bien le meilleur meme si je ne pourrais pas y assister car je bosse de l’autre cote de la Manche. Mais j’espere bien qu’ils vont percer les frontieres dans le proche future, la bonne musique est faire pour etre partagee et nos amis a l’exterieur de notre beau pays sont j’en suis certains curieux d’entendre le son Klone.
Venez soutenir le groupe en concert le 7 octobre à Paris, à la Boule Noire!