The Phantom Carriage – Falls

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Style: blackened post-hardcoreAnnee de sortie: 2013Label: Throatruiner Records, Braincrushing Records, Theatre RecordsProducteur: Franck Hueso

Il y a deux ans, le groupe poitevin The Phantom Carriage, au nom inspiré par un des chefs-d’oeuvre du cinéma en noir et blanc, me faisait frissonner avec un premier album « New Thing » mêlant hardcore, black-metal et ambiances post-romantiques à mi-chemin entre Neurosis et Danny Elfman. Ils reviennent en ce début d’année avec « Falls« , un deuxième album dans lequel ils affirment leur style, plus cohérent et plus sombre, plus sale et plus rentre-dedans.

Loin de moi l’idée de faire de cette chronique une éloge aussi courte que celle qu’un des rédacteurs de Fier Panda a adressé à cet opus, et pourtant, ce n’est pas l’envie qui me manque. « Falls » est clairement un album qui ne laisse pas indemne, puisant à la fois dans l’énergie crue du hardcore et la noirceur dévorante du black-metal, et forgeant à partir de ces métaux purs un golem sombre et dangereux.

Les éléments piochés dans le hardcore sont bruts, y compris la voix du chanteur du groupe, très directe et sans artifices, presque dérangeante à la première écoute, notamment lors des passages en voix claire distillés ça et là dès le premier titre « Today We Stand » et renouvelés sur, par exemple, « The Time », des chansons qui sentent le Comity à plein nez. Ceux empruntés au black-metal, lourds et dissonants (« About Being a Father » est torturée comme peu d’albums de black parviennent à l’être), rappellent des albums ou projets à consonances très post-black : « Dreamers Will Never Stop Dreaming » et « Rejuvenation », entre autres, contiennent des riffs qui font penser à l’excellent « Rebel Extravaganza » de Satyricon, incartade détonante entre leurs albums de black mélodique des années 1990 et leur dérive, assumée et tout aussi jouissive à mon goût, vers une sorte de black-rock qui s’affirme dès l’album « Volcano » en 2002.

Pour souder le tout, un esprit très postcore ajoute à chacune des compositions des consonances amères, introspectives et nostalgiques qui, pour le compte, se rapprochent beaucoup de la démarche jusqu’au-boutiste de groupes comme Amenra (écoutez donc l’introduction de « The Time« , et osez affirmer que ça ne sent pas le postcore à plein nez). Les incartades un peu plus ouvertement poétiques qu’on trouvait dans le premier album (je pense à la très surprenante « Les Fantômes se Cachent pour Pleurer » qui offrait un break superbe mais déstabilisant au milieu de « New Thing ») disparaissent complètement ici : « Falls » est dense et ininterrompu. Les quarante minutes de l’opus forment une masse mouvante, intense et très lourde (« The Heaviest Matter of the Universe« , comme disent les autres), sans grande chance de rémission.

En un mot comme en cent, The Phantom Carriage, après un premier album prometteur mais un peu fouillis, a trouvé un point d’équilibre innovant entre ses différentes influences, et nous offre avec « Falls » une galette des plus originales, ouvrant en beauté une année 2013 qui s’annonce riche pour les amateurs de musique de tordus. Le pari, probablement ambitieux, est relevé avec brio : « Falls » est sombre mais jamais opaque, et chaque écoute est une nouvelle noyade, de celles qui ne nous donnent pas envie de ressortir la tête de l’eau.

Pour écouter, acheter ou télécharger l’abum, c’est ici que ça se passe.

Chroniqueur

Mathias

Chroniqueur des heures perdues, amant déraisonné de la zeuhl et de toutes ses expressions musicales, auditeur assidu de metal, d'industriel, de mathrock, et j'en oublie.

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3 Commentaires

  1. krakoukass krakoukass says:

    M O N S T R U E U X album pas moins. Pour le moment c’est mon album de l’année. Tellement supérieur au premier que c’en est incroyable, je ne m’attendais pas à une telle évolution. A noter que l’album, pour l’instant seulement disponible en vinyle et digital, devrait sortir en CD prochainement!

  2. Sydz says:

    Y’a que moi qui ai l’impression d’entendre du sous-DSO (dernière période) à la sauce hardcore?

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