Y’a besoin de se justifier pour le choix de l’album ? Non parce qu’entre la production pathétique de Cruelty and the beast (quel gâchis bon dieu !) et le manque d’inspiration manifeste de la suite de la discographie (Thornography en tête !) il n’y avait guère que le trop peu connu premier album (The principle of evil made flesh) qui pouvait prétendre à la rivalité. Sa relative célébrité ne s’accordant pas vraiment à la rubrique Anthologik, nous nous concentrerons sur le 2ème album de l’un des plus mauvais groupes live de l’histoire du metal extrême.
J’avoue sans honte que c’est par le biais de ce dernier que j’ai commencé à m’aventurer sur le territoire du metal à voix de corbeau grillé. Alors, bien sûr, d’aucuns pourraient élever la voix (de renard « enfromagé » cette fois) et proclamer que nous n’avons pas affaire ici à du black, que c’est un groupe de vendus opportunistes (il n’y a qu’à constater le nombre de changements de line-up aussi incalculable que le merchandising gravitant autour de l’esthétique de la bande à Dani, etc) qui ne font pas honneur à un genre censé être pur et exempt de toutes considérations mercantiles. Débat inutile qui, selon moi, trouve ses conclusions dans des recoins insoupçonnés et qui ne fustigerait pas forcément ceux qu’on croit… mais brisons là.
Et n’y allons pas par quatre chemin, il s’agit ici – et tout simplement – du meilleur album d’un genre qu’il a lui-même initié : le black symphonique à tendance vampirico-gothique (ou gothico-vampirique, les experts n’ont pas encore tranché définitivement sur la question). Music for nations avait eu le nez creux à l’époque en leur permettant de bénéficier de gros moyens (toutes proportions gardées pour le genre pratiqué) aussi bien au niveau de la production que de la promotion. Rapidement, on assista à l’émergence d’un micro phénomène qui aboutit dans le top 10 des rédactions metalliques de l’année 1996. Et croyez bien que tous les classements de fin d’année ne sont pas injustifiés.
Deux séries de chocs, pour ce qui me concerne, et qui me paraissent suffire à légitimer la présence de cet album ici-même :
– le premier fut d’ordre esthétique : le livret est foutrement bien travaillé, l’artwork (qui doit, comme pour Hecate Enthroned, beaucoup à M. Marsden) colle parfaitement au propos et nous plonge on ne peut plus efficacement dans le séduisant cauchemar que les anglais souhaitent nous instiller perfidement. On pourrait croire que tout ceci est franchement kitsch, que cela frise le ridicule. COF prend donc les devants et n’hésite pas à poser, parmi les pages sombres et fatalement enivrantes, dans des postures volontairement poussives et qui plus est en couleur afin de souligner un contraste qui n’aura échapper qu’aux pucelles partisanes de la true attitude. Les brougres savent ce qu’ils font et ils le font bien. Cette intelligence, ce qui ne gâche rien, se retrouve dans l’écriture et il s’agit là, attention ça va aller vite, d’une transition.
– le deuxième choc concerna le travail d’écriture : le souci du détail et du travail peaufiné jusqu’à la lie trouve son point d’orgue dans la construction des textes. Une superbe langue au service de sujets chers au XIXè siècle romantique et qui, là encore, invitent à s’imprégner pleinement (à se prendre au jeu pourrait-on presque dire) des funèbres saveurs musicales. Car la qualité de composition est remarquable en tous points. Les claviers de Damien (qui, dans la série le saviez-vous, fait désormais partie de la rédaction de Terrorizer) savent se faire aussi bien orchestraux – sans être pompeux – que subtils et intimistes – sans être sirupeux – afin de mettre alternativement en place des ambiances lyriques, macabres ou grandiloquentes et insidieusement perverses (les 2 instrumentaux The graveyard by moonlight et l’introductif Humana inspired to nightmare).
Dans la série « soin et attention apporté à l’oeuvre » voyons maintenant du côté des vocaux. Ces vocaux tant décriés (et criés… ahem), à la limite de l’agacement pour certains (et je dois avouer avoir eu du mal à m’y faire) sont pourtant un atout majeur du groupe et particulièrement sur cet album. On a droit à tout : du hurlé strident, du déclamé, du régurgité, du chuchoté, du masculin, du féminin, du repoussant, du séduisant. Les substantifs pétris de beauté et de noirceur sont mis en scène, prennent vie de toute leur profondeur et, partant, nous transportent dans un souffle malsain mais ô combien ensorceleur.
Inutile de dire qu’aucun titre n’est à jeter (que foutrait un tel album dans cette rubrique sinon ?) même si je trouve, sur la version digipack, Nocturnal Supremacy ’96 (qui n’est autre qu’une version étoffée d’un titre déjà présent sur l’EP Vempire or Dark Faerytales in Phallustein apparu dans les bacs quelques mois plus tôt) un poil de loup possédé en-dessous du reste.
Un Heaven torn asunder vicieux au possible avec sa basse ronflante et hypnotique, un Funeral in Carpathia (mon préféré) qui manie à la perfection l’art des mélodies belles et torturées, la grâce dépravée du bien nommé A gothic romance ou de Malice Through the looking class, le très dark heavy Dusk and her embrace laissant à Barker le soin de montrer ses talents de cogneur… bref, je pourrais continuer d’associer à chaque morceau un superlatif jusqu’à la saint glin glin.
Petite cerise sur le gâteau et dont personne n’a à foutre sauf un Dani fier comme Artaban : les déclamations qui viennent ponctuer le dernier titre Haunted Shores sont l’oeuvre d’un certain Cronos de Venom. Impressionnant n’est-il pas ?
- humania inspired to nightmare
- heaven torn asunder
- funeral in carpathia
- a gothic romance (red roses for the devil’s whore)
- nocturnal supremacy ’96
- malice through the looking class
- dusk and her embrace
- the graveyard by moonlight
- beauty slept in sodom
- haunted shores
Jsuis d’accord pour le choix du disque evidemment mais le fait est que si les EP avait eu leur place dans cette rubrique ben j’aurais bien remplacé ce Dusk par Vempyre moa. Mais sinon oui, il s’agit là du chef-d’oeuvre de Cradle (avec le Ep qui lui est encore mieux selon moi). Un des mes groupes préférés… sur disque cela s’entend… Je suis du genre à aimer TOUTE la discographie de C.o.F. (sisi). Bon je connais pas les live, Bitter Suites et From the Cradle mais sinon je trouve tout très bon sur le reste de la disco, en particulier Midian et Damnation.
Sinon j’ai jamais considéré Cradle comme étant vraiment un groupe de black metal, plutot un melange de style : gothic, heavy, thrash, black, etc.. qui donne le style Cradle, un genre de Gothic Metal Extrême, avec des influences Mercyful Fate, Maiden, Slayer, du death, Samhain, etc…
Je constate que beaucoup de monde sont entré dans le black metal en decouvrant Cradle (ce qui n’est pas mon cas étant donné que je connaissais déjà Immortal, Emperor ou Darkthrone avant d’ecouter C.O.F.).
L’artwork est magnifique certes mais bon toutes les pochettes de Cradle sont superbes !
Mince, Cronos sur ce disque, je savais po.
Excellent album, par contre tu vois je préfère « cruelty » qui est à mon goût parfait de a à z même au niveau de la production. Pour le reste de la disco j’ai malheuresement décroché mais tout en suivant d’un oeil curieux toutes les sorties des Britanniques !!!
Magnifique album de COF,leur meilleur avec le « Vempire ».Une ambiance hors du commun,envoutante.Des claviers très bien utilisés,romantiques,sombres,sobres en général mais indispensables.Et puis il y a la voix,bon là c’est vraiment on adore ou on déteste je pense,tellement elle est particulière,très criarde,il n’aurait plus jamais autant de coffre sur les efforts suivants.Et surtout il est grandiose le dany sur ce dusk! Puis les riffs maideniens,la classe.Enfin bref indispensable! Un bon 18/20 pour moi.
De même que heavydevy, le meilleur album avec Vempire (qui serait pour moi LE meilleur si c’était vraiment un album). Comme beaucoup j’ai décroché juste après Cruelty et c’est pas le fait de les avoir vu en concert au Hellfest qui va me donner envie de m’y remettre :-s
Funeral in Carpathia est aussi mon titre préféré de cet album, voire de CoF jusqu’à Midian (puisque je n’ai pas écouté la suite). Je suis d’accord, on ne peut que difficilement passer à côté des compos, et les textes ont l’air soignés (mais alors, je serais infoutue d’en savourer le nectar malheureusement). J’avais 17 ans quand j’ai découvert CoF, ce fût le premier album de musique sombre que j’écoutai, et comme toute jeunette qui se respecte j’ai aussi pris du temps avant d’apprécier les vocaux. Mais c’est tellement bien emballé dans un joli paquet qu’on cède et se le passe en boucle.
Je suis complètement d’accord avec absolument tout de ce qui est dit dans cette chronique au sujet de ce disque, qui reste quand même à part dans la discographie du groupe, qui a embrayé lentement vers d’autres cieux avec plus (Cruelty & Midian !!) ou moins (les deux derniers méfaits) de réussite.
Dusk… reste finalement le seul à posséder une âme, une personalité marquée. Il est riche d’ambiances incroyables, galvanisées par ce chant tantôt strident, hurlé, suraigü, guttural, mais toujours dans le ton (et effectivement impossible pour son auteur à reproduire dans de bonnes conditions hors des studios).