Tout comme il y a deux ans, au même endroit, le public parisien est venu remplir à ras bord la Maroquinerie pour applaudir Dj Krush, meilleur représentant japonais de la scène rap / trip hop locale. La salle n’est pas encore totalement remplie pendant Sweetback mais le trio contrebasse, batterie et saxophone (augmenté de quelques effets) venu d’Anger reçoit un accueil de plus en plus enthousiaste à mesure que la salle se remplit. Leur mélange de jazz et de funk groove prend alors possession en douceur de l’espace sonore.
Les musiciens sont aguerris et interagissent très bien ensemble mais mettent la technique de côté pour construire des morceaux à la fois dansant et suffisamment profond pour maintenir mon attention et celle du public. En trois quart d’heure les musiciens convertiront une bonne partie de leur public. Les autres, comme moi, ne se plaindront pas pour autant de ce qui leur était offert. L’influence funk maintenu en place par un contrebassiste souriant et un batteur, efficace mais au jeu retenu, maintient le groove bien en place. Le saxophoniste reste dans la mélodie et n’en profite pas pour jouer en solo bien que les effets utilisés lui procure un peu plus de profondeur et fasse de son instrument le point d’orgue des compositions.
Le public aura donc du mal a laisser partir Sweetback sans une bonne dose d’applaudissement mais accueillera avec encore plus d’enthousiasme le petit japonais venu d’abord tester son équipement pendant cinq minutes. Début du concert un peu après 21H30. Le planning de l’entrée annonçait un couvre-feu à 22H30, il sera prolongé à 23H15 après un rappel obtenu à la force du poignet. Mais, avant cela, Krush nous aura offert un set tout ce qu’il y a de plus mémorable, voir meilleur que celui d’il y a deux ans. Débuté doucement, le magicien japonais actionne les sens de son public en douceur avec du pur trip hop dans la veine des débuts de Dj Shadow (Endtroducing, quand il était encore bon) en agrémentant le jeu des samples avec de subtiles manipulations rythmiques et quelques scratchs.
Sans tomber dans le déferlement technique, Krush joue avec son public et parsème ses interventions de petits moments de maitrise tout en actionnant subtilement à chaque instant ses instruments, pour que la musique continue toujours de rouler, et maintient l’attention de l’auditoire. Aucune pause mais des variations fréquentes. Le premier changement de ton majeur intervient avec l’introduction d’une boucle de flute dénué de beat sur laquelle le don de Krush pour manipuler un sample va s’exprimer.
Tenu en haleine pendant toute la procédure, je suis resté fasciné, cherchant à saisir le résultat de chaque mouvement pour percer le secret de ses instruments. Plus qu’un tour de passe passe ou une illusion, un travail d’artisan du son unique. Après cette respiration, la suite se fera plus lourde et aussi plus technique et leq beat se font de plus en plus présent. La première partie du set était basé sur un mix personnel, Krush passe aussi maintenant sur ses propres titres pour satisfaire son public. « Final home (vocal mix) », un extrait de Ki-oku, son album en compagnie du trompettiste Toshinori Kondo et l’enchainement désormais classique de « Organ donor » de Dj Shadow et « Kemuri », la chanson qui marqua les esprits sur le deuxième album mythique de Dj Krush, Strictly turntablized.
Cette dernière chanson sera d’ailleurs accompagné d’un incident mineur puisqu’un fan enthousiaste montera sur scène pour tenter de se prendre en photo avec le maître. Ses ardeurs seront très vite repoussés et il redescendra sans encombre dans le public. En dehors de cela, ce sont les têtes et les mains qui s’expriment entre et pendant les chansons. L’intégralité de la Maroquinerie est convertie et repartira avec le sourire mais pas avant un petit rappel. Krush revient donc après avoir conclu son set sur une explosion de breakbeat violent et jouissif pour deux titres de Ja-ku, « Still island » et « Pretense ».
De quoi satisfaire tout le monde après presque une heure quarante-cinq de musique non stop. On en redemanderait presque par gourmandise. D’autant plus que s’il persiste dans ce cycle, nous ne reverrons Krush qu’en 2011. Le temps pour lui de retourner en studio pour combler le vide discographique qu’il a laissé depuis 2004 après l’excellent Ja-ku. Pour autant, l’inquiétude n’est pas de mise avec des soirées comme celle-ci : Dj Krush reste le maître incontesté du trip hop internationale.
Je n’y étais pas, mais ce report me rappelle de bons souvenirs!
Dj Krush, un des dj’s avec lequel je me suis mis à l’electro!
Un personnage atypique et attachant avec une discographie exemplaire!
« Sweetback mais le trio contrebasse, batterie et saxophone (augmenté de quelques effets) venu d’Anger reçoit un accueil de plus en plus enthousiaste »
Je sais qu’ils sont venu d’Anger City mais quand même, rajoutons un « S » à Angers mes amis, ma ville n’a rien d’un fief de sauvage en colère ! Quoique !